Chapitre 51 : Un nouveau don pour un nouveau départ

19 2 0
                                    


Rose :

Ma tête me faisait souffrir, et être à l'extérieur de cette pièce n'avait pas arrangé les choses. Nathan m'avait entrainé dehors pour observer un peu plus cette neige. Il m'avait poussé jusqu'au milieu d'une place où de petits enfants jouaient avec la matière blanche. J'avais eu tellement de mal à le suivre que Nathan avait due me guider jusqu'à un banc de pierre.

« Montre moi ce que tu entends » fit la voix de Nathan. Je voulais profondément luter contre cette voix, celle qui allait lui ouvrir mon cerveau, celle qui me rendait vulnérable. Mais ma tête... C'était de pire en pire et la foule autour de moi n'arrangeait pas vraiment les choses. Et cette petite voix dans ma tête avait l'air si sûre d'elle même, chose que je n'étais en aucun cas.

Durant quelque seconde, je lui fis entendre le tumulte incessant qui résonnait dans ma tête. Il serra les dents et me jeta un regard emprunt de pitié. Puis, il me glissa quelques mots qui sonnèrent plus clair que jamais dans ma tête.

« Concentre toi sur une de ses voix, n'apporte laquelle, et dit moi ce qu'elle raconte ». J'essayai de discerner une de ces choses à cause desquelles j'étais sur le bord de l'évanouissement. Je n'en trouvai qu'une, mais les mots ne sonnaient pas bien.

Je fermai les yeux. C'était une voix d'enfant. Elle était joyeuse et riait d'un rire mélodieux, insouciant, tout en se demandant comment former une boule avec cette chose qu'elle ne connaissait pas. Je l'expliquai à Nathan, autant que je le pouvais. Il hocha la tête et m'entraina à l'écart. Nous étions sortis du village et nous étions allés sur ce vieux tronc d'arbre avachit à coté de la rivière.

Bizarrement, il ne restait plus que cette petite voix dans ma tête. Celle qui me soufflait de me fier totalement à Nathan.

- Je voudrait vraiment t'aider tu sais ?

Je le regardai et le vis deviner ce combat intérieur dans mes yeux. Il fouilla dans ma tête jusqu'à détourner le regard. On aurait dit qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait.

Tout à coup, la forêt disparut autour de moi et j'atterri dans ma chambre à l'académie. J'étais seule. Même cet autre moi avait arrêté de parler dans ma tête. Sentant ma panique euphorique, Nathan expliqua :

- Je ne sais pas où tu es, mais tu es dans un endroit auquel tu tiens, un endroit qui t'apaise et qui te réconforte. Ce qu'il faut que tu comprennes Rose, c'est que toute ces voix n'étaient pas là par Hasard. Il faut que tu apprennes à contrôler ce nouveau don, et nous n'avons pas beaucoup de temps pour cela.

De quoi voulait-il parler ? De toute évidence, il avait créé une illusion dans mon cerveau, comme il l'avait fait avec ces flèches hier.

- Il faut que tu apprennes à t'accepter telle que tu es, avec tes faiblesses et tes nouveaux dons. S'ils se manifestent par eux-mêmes sans que tu puisses les contrôler, c'est tout simplement parce que tu nies leur existence, leur présence. Tu ne dois pas les prendre comme une fatalité, mais comme une bénédiction, m'expliqua-t-il.

- Je ne comprends pas...

- Je vais ramener cette forêt autour de toi et tu va te concentrer sur ce qui se passe dans ta tête, me dit-il. Aussi calmement que comme tu l'es maintenant, ajouta-t-il après une courte pause.

Je me retrouvai de nouveau sur ce petit tronc d'arbre et alors une voix parvint dans mon cerveau. C'était celle de Nathan. Ce qui était étrange c'est que ce n'était pas comme d'habitude. Il ne me parlait pas comme d'habitude, je ressentais ses émotion : l'inquiétude et autre chose, quelque chose de beaucoup plus fort, de beaucoup plus puissant que je n'arrivais pas à identifier.

Je me rendis soudainement compte que je l'entendais réfléchir. Mais ses pensées se confondirent avec les miennes et elles résonnèrent dans ma tête. « Souviens-toi de ce que je t'ai dit » dit-il alors. J'essayai de me calmer, de prendre conscience de ma vraie nature... Mais je n'y arrivais pas. Me concentrer sur ce qui se passait dans ma tête me faisait souffrir de l'intérieur.

Je n'avais aucune envie d'être cette arme dont tout le monde parlait en évoquant mon nom. Toutes ces choses que je faisais sans m'en rendre compte m'effrayaient. J'avais détruit un lieu de guérison et blessé des malades. J'avais statufié des gardes sans même que je ne sache comment faire. Et cette neige...

Je semais la douleur autour de moi. Dans mon corps tout était beaucoup plus dangereux, que simple de vie. Comment réussir à l'accepter.

Ce que je pensais se confondait avec ce que pensait Nathan. Et je me faisais aspirer dans sa tête. Il avait de l'espoir. Et cette voix dans ma tête cherchait à prendre de plus en plus de place. Cette voix... cette sonorité... C'était ma voix. C'était elle qui avait fait apparaître cette neige.

Je sentais au plus profond de moi que si je me concentrais trop sur ce qui se passait dans ma tête, j'oublierais ma vraie identité. Mais ne l'avais-je pas déjà oublié ? Je n'étais pas cette fille sûre d'elle et sans aucunes peurs. Ce n'était qu'une carapace pour me protéger des autres, et j'avais oublié tout ça...

En réalité, j'étais cette petite voix qui me soufflait de lui laisser de la place dans mon esprit. Celle qui voulait me donner la force d'accepter mes pouvoirs et ma nature. Celle sans laquelle je m'oubliais pour m'échouer dans la tête des autres, à la recherche de ma véritable identité.

- Rose, appela la voix inquiète de Nathan.

Je me rendis compte que j'avais fermé les yeux malgré moi, mon vrai moi. Je me sentais respirer. C'était moi qui contrôlais mon corps à présent. Je respirais en accord avec le rythme instable de mon cœur. Un souffle tremblant, haletant.

Toutes ses voix s'étaient échappées de mon esprit. J'étais libre de réfléchir, libre de faire ce que j'ordonnais à mon corps. J'étais moi.

Je clignai des yeux en essayant de reprendre conscience de la vie autour de moi. Nathan me jeta un regard anxieux. Je crus que c'était car il n'était pas sûr d'avoir réussis à m'aider, mais il regardait sur le coté de mon visage.

- Tu vas bien, demanda-t-il toujours aussi crispé.

Je souris, me baissai et pris une petite poignée de neige. J'étais attiré par cette matière froide. Pourquoi l'avais-je niée ? Dans mes mains les petits flocons fondirent immédiatement. Déçues, j'essayai d'en prendre une autre poignée et de contrôler la chaleur de mon corps, mais la neige gela instantannément. 

ValandilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant