Back & Beyond - Tome 1

Chapitre 7

Janvier 2014, Ancien Monde, Dimension Modifiée.

Assis sur le lit, figé devant l'écran de mon portable, je ne pouvais décrocher mon regard de la date du jour et l'heure qui défilait.

11 Janvier 2014. 2014 ! Mais qu'est ce qu'il s'est passé ?
Dans l'incompréhension la plus totale, je tentais tant bien que mal de me calmer. Je ne tenais pas à réveiller Charlye, qui dormait paisiblement juste à côté de moi. J'avais du mal à croire ce qu'il m'arrivait. Avais-je vraiment fait un bond dans le temps ? Était-ce une mauvaise blague ? Qui aurait pu me faire une blague aussi élaborée ? Impossible que ça en soit une. L'hypothèse du rêve trop réel était la seule plausible. Dans l'optique d'en avoir le cœur net, j'entrepris de me faire mal volontairement, dans l'espoir de ne pas ressentir la douleur, ou tout du moins, me réveiller.

Après moulte pincements et claques dans la figure, je me résignais à arrêter d'avoir l'air con. Je sentais la douleur. Je ressentais tout. L'odeur du parfum de Charlye qui ambiançait sa chambre, comme au bon vieux temps.

Et si tout ce que j'avais vécu du onze janvier deux mille quatorze à fin juin deux mille seize n'était plus qu'un vague souvenir ? En tout cas, ça en avait tout l'air désormais. Mille questions me trottaient dans la tête et quasiment aucune réponses pour m'en soulager. La meilleur solution que je trouvais était de me recoucher, en me convaincant qu'il s'agissait d'un rêve et rien de plus.

Malheureusement, à mon réveil, rien n'avait changé. Mis à part peut-être le fait que Charlye n'était plus dans le lit. Dans mes souvenirs, elle avait l'habitude de se lever avant moi et venir me réveiller plus tard. Elle n'aimait pas spécialement flâner au lit ne serait-ce que pour faire des câlins, choses extrêmement rares. Je vérifiais à nouveau l'heure sur mon portable, pour me confirmer que j'étais toujours perdu dans le passé, un samedi matin de janvier deux mille quatorze. Je ne pouvais pas continuer à penser qu'il s'agissait d'un rêve. Je décidai alors de me lever.
Tu vas pas rester dans cette piaule indéfiniment en attendant que quelque chose se passe, pensais-je.

Je m'habillai donc, dans l'optique de sortir de la pièce pour explorer ce monde bizarre. Parmi les innombrables affaires posées pèle-mêle par-terre tout autour du lit, je retrouvai mon gilet bleu foncé que je portais hier encore, en deux milles seize. Au moins une chose qui me ramenait un peu à l'époque où j'étais avant cette nuit. Chose qui contrastait grandement avec le Post-Inhumaine, je dormais vêtu d'un jogging et d'un t-shirt.

J'ouvrai lentement la porte, avec précaution pour ne pas faire ébruiter ma sortie. La maison était plongée dans un calme habituel, un calme que je ne connaissais que chez Charlye. Il était environ onze heures et demi, et tout le monde semblait s'occuper dans leurs coins. Sortant de la chambre, je me retrouvai devant les escaliers. La chambre de Charlye était située au dernier étage de la maison. En bas des premiers escaliers, au premier étage,se trouvaient entre autre la salle de bain et les chambres des autres occupants. En descendant les marches, je m'attendais chaque seconde à ce qu'il y ai quelqu'un qui sorte de l'une ou l'autre pièce. Simple crainte, vu la situation, de ne pas savoir comment réagir. Il n'en fut rien. Je traversai le premier étage pour m'engager dans l'escalier menant au rez-de-chaussée, là où, assurément, je ferais la rencontre des autres.

Descendant calmement et du plus discrètement possible les escaliers, j'arrivais au rez-de-chaussée donnant directement sur la salle à manger et la cuisine. J'aperçu instantanément Charlye lorsque ma tête passa sous le niveau du plafond. Elle était dans la cuisine, de dos, entrain de faire à manger. Je compris tout de suite qu'il n'était ni question de sa mère, ni de sa sœur. Sa chevelure à moitié rose et à moitié émeraude ne laissait nullement place au doute. Je m'approchai d'elle avec une discrétion digne d'une mission d'infiltration pour arriver à sa hauteur, derrière elle.