Chapitre 10

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Je poussai lentement la porte de ma chambre pour y entrer. Elle se situait à l'étage, à quelques pas de l'escalier en colimaçon d'où il était possible d'admirer une bonne partie du rez-de-chaussée. En poussant lentement la porte, je redécouvris ma chambre de l'époque, du bureau en verre jusqu'à mon ordinateur en bout de lit situé derrière la porte.

Rien n'avait bougé. Tout était à sa place, comme à l'époque. Mon drapeau américain, l'un des rares "cadeaux" que m'avait offert mon père, était fixé aux combles, surplombant mon lit. La chambre en elle même était inhabituellement rangée, laissant pas mal de place pour circuler librement. J'avais tout bonnement l'impression d'être entré dans un musée. Comme si quelqu'un, quelque part, pour n'importe quelle raison, avait reconstruit de toute pièce mon ancienne maison.

Et s'il n'y avait pas que ma maison du Lotissement Tout Neuf qui avait été reproduite ? Et si je n'étais qu'un vulgaire cobaye pour une expérience de voyage dans le temps, dans le but d'étudier les comportements et les prises de décisions dans de telles situations ? Peut-être avais-je été drogué ce fameux soir de vingt-huit juin deux mille seize, que ce quelqu'un m'avait transporté dans ce monde expérimental qu'est le passé, avec son lot de personnes montées de toutes pièces, ses décors plus vrais que nature, une reproduction parfaite de l'époque bien que je n'en ai gardé que quarante pourcent de souvenirs.

Je devenais paranoïaque et commençais à avoir peur. Je sentais une crise d'angoisse pointer le bout de son nez, me rappelant celles que je faisais après le départ de Sonia dans le Post-Inhumaine.
Tu es entrain de devenir fou ! pensai-je, affolé.

Je pris l'initiative de me calmer, en commençant par diminuer ma fréquence respiratoire. Je m'assis sur mon lit avant de m'écrouler sur le sol. L'heure était à l'apaisement.
Une telle entreprise serait extrêmement coûteuse à mettre en place. Des décors à taille réelle, des personnes plus vraies que natures, des situations aussi authentiques, il n'y a que dans Westworld que ça existe.

Et si c'était pas des vrais décors et que tout ceci n'était qu'une hallucination ? pensai-je subitement.

Je pris du temps pour réussir à me calmer et me convaincre que tout ceci était bien réel. Pour la première fois, revivre le passé me provoquait une crise d'angoisse au point d'échafauder tout et n'importe quoi qui puisse expliquer ma présence dans ce monde bizarre et si fidèle à l'original.

Je repris mes esprits et allumai mon ordinateur, avant de descendre à la cuisine chercher quelque chose à boire. Ma mère m'interpella alors que je me servais une tasse de soda.

"Aufait, tu as eu quelque chose de ton père pour tes dix-huit ans ?

Je pris un petit temps à me le remémorer.

—Ouais il m'a viré de l'argent sur mon compte, répondis-je.
—Ah bon ? s'étonna-t-elle. Beaucoup ?
—Ouais quand même, rétorquai-je en laissant deviner qu'il s'agissait tout de même d'une coquette somme. Mais c'est pas ça qui va combler son absence des douze dernières années.
—C'est déjà pas mal qu'il ai pensé à ton anniversaire, répliqua-t-elle voyant les choses du bon côté.
—Ben encore heureux qu'il y ai pensé ! M'exclamai-je. Il aurait oublié l'anniversaire de son fils, ça aurait chié cinq minutes."

Je remontai dans ma chambre, tasse à la main. Une chose que j'avais remarqué depuis la Transportation, c'est que certains détails de ma vie n'avaient pas changés. Ma vie sentimentale avait eu bien des rebondissements, au point de profondément me changer. Sur le plan familiale en revanche,certaines choses ne changeaient pas : Ma relation compliquée avec mon paternel. 

Mes amis proches savaient pertinemment qu'elle n'était pas rose. Des problèmes qui remontent à mon enfance et qui ne se sont atténués que sur certains aspects seulement. Ma mère connaissait l'histoire mieux que personne, et pour cause.

Back & Beyond - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant