Back & Beyond - Tome 1

Chapitre 17

Au rythme de ma playlist, j'arpentai le long trajet qui me séparait de ma maison. En fin d'après-midi voire début de soirée, le trafic était relativement dense sur la nationale qui traversait Castiney, cette même route que je longeais chaque jour pour rentrer chez moi.

Je ne vous apprend rien sur ce trajet, que j'effectuais quotidiennement à l'époque dans la Dimension Réelle, et surtout depuis ma Transportation. Les petites habitudes ne se perdent jamais vraiment.

Arrivé chez moi, je constatai la présence de ma sœur, ce qui était plutôt inhabituel en pleine semaine. Cela dit, c'était toujours un plaisir de la voir à la maison. Dans la Dimension Réelle, elle n'habitait plus avec nous depuis une bonne grosse année, et nous ne nous voyions plus tellement.

Je montai dans ma chambre pour y déposer mes affaires. Machinalement, j'allumai mon ordinateur dans la foulée. Ma soeur toqua à la porte.

"Hey salut hein ! Lança-t-elle énergiquement en faisant un grand signe de la main.
— Salut hein ! Renvoyai-je de la même manière.

C'était notre rituel de salutations.

— Comment ça se passe ton stage ? Poursuivit-elle.
— C'est un peu galère, admis-je, mais je m'en sors bien. C'est un sacré boulot de revoir toute la sécurité incendie dans un hôpital.
— J'imagine oui, répondit-elle.

Elle entra dans ma chambre. Instantanément, je sus qu'elle avait autre chose à me dire. Ce n'était pas son genre de venir squatter ma chambre sans raison valable.

— J'ai eu des nouvelles du père aujourd'hui, lança-t-elle.

Mon cerveau ne fit qu'un tour. Je n'avais pas eu de nouvelles de mon père depuis un bon moment. Une habitude de la Dimension Réelle, évidemment. D'un infime effort de remémorisation, je compris de quoi elle allait me parler.

— Ils montent en Alsace, répondis-je en feintant un certain talent de médium.
— Comment tu le sais ? Demanda-t-elle surprise. Il te l'a dit ?

J'eu un rictus. A ma réaction, elle devina que la réponse était non.

— Ils projetaient de venir la dernière fois que j'ai parlé avec lui, répondis-je naturellement. C'est prévu pour quand ?
— Normalement fin mai, rétorqua-t-elle, sûrement entre le vingt et le trente-et-un. Pour le moment, ils n'ont pas fixé le nombre de jours mais ce sera minimum un week-end.

Comme la dernière fois, me dis-je en repensant au deux mille quatorze de la Dimension Réelle. Il va être fou de joie -ou plutôt d'indifférence- en voyant ma petite copine.

— Génial ! M'exclamai-je en montrant un certain enthousiasme. Quoique ça devrait aller mieux vu nos dernières discussions."

Ma soeur quitta la chambre. Je me postai à la fenêtre, observant le panorama sur le lotissement. Au loin luisait le soleil qui se couchait derrière une légère couche de nuage. Un dernier regard sur la rue et j'appuyai sur l'interrupteur de la fermeture électrique de mon volet roulant.

L'heure du dîner arrivée, toute la petite famille se retrouvait autour de la table du salon avec la télévision en fond sonore. Tandis que ma soeur pipelettait avec ma mère, j'écoutai vaguement les informations.

Les recherches s'intensifient dans l'Océan Indien après la disparition du vol 370 de la compagnie Malaysia Airlines ce week-end..

"C'est quand même incroyable ça, lança soudainement ma mère. L'avion disparaît comme ça et impossible de le localiser, t'imagines les proches des personnes qui étaient à bord ?
— Ils les retrouveront jamais, répondis-je d'un air glacial et en me basant sur mon expérience du futur. Je sais pas ce qu'il s'est produit avec cet avion mais ils le retrouveront jamais, c'est une énigme.
— Je trouve ça flippant, ajouta ma sœur. Ça donne encore moins envie de prendre l'avion."