Chapitre 4.1

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Les choses étaient ambiguës, c'est le mot. Elles laissaient présager qu'il puisse y avoir quelque chose, un jour, tant l'issue du rapprochement entre Gaby et moi pouvait sembler évidente. L'un des points culminants de l'ambiguïté fut lors de notre balade qui suivit.
Nous avions marché un peu plus loin, à quelques rues de Porte Jeune, jusqu'à la Fnac, où nous allâmes poursuivre notre virée touristique. 

L'entrée du magasin donnait sur un petit hall, lequel débouchait sur des escalators. Je regardai Gaby, ne pouvant m'empêcher d'esquisser un sourire légèrement -beaucoup- moqueur. Elle ne comprît pas tout de suite, et me lança d'ailleurs un regard d'incompréhension aussi rigolo que craquant. Je m'avançai vers l'escalator puis, à hauteur du tapis roulant, je m'arrêtai pour la laisser passer. Elle passa devant moi sans trop broncher. J'attendis qu'elle ai monté deux marches roulantes pour grimper sur l'escalator. Elle comprît alors la raison de mon sourire à la vue de l'escalator.

Forcément, deux marches plus hautes, elle faisait à présent la même taille que moi. Elle ronchonna en rigolant, mais se ravisa rapidement pour profiter pleinement de sa nouvelle taille temporaire. C'est à ce moment-là que nos têtes étaient à bonne distance, à même hauteur.
Quelque chose en moi désirait par dessus tout m'avancer et poser mes lèvres sur les siennes, comme un déclic soudain, une idée qui germe soudainement dans le cerveau et qui se fait désirer. Malgré tout, je me sentis incapable de faire une telle chose, et pourtant, sur le coup, ce n'était pas l'envie qui m'en manquait.
Durant toute la montée, nos regards se croisèrent, et je pus une fois de plus admirer ses yeux étincelants et me plonger dedans. Puis je regardai sa bouche, son petit sourire qui embellissait son visage.
La situation devenant à ce point ambiguë, je décidai de casser la petite bulle dans laquelle nous étions.

"Dans approximativement dix secondes tu vas redevenir un petit être, lui dis-je, en plaisantant.
—Je vais profiter de ces dix secondes alors, répondit-elle, résolument fière d'être à taille égale bien que postée deux marches au dessus de moi.

Je l'observai redevenir petite, tandis que nous arrivâmes en haut de l'escalator.

—Tu viens officiellement de perdre huit ans, mes félicitations", rigolai-je.

Elle me mit une petite tape dans le bras tout en ronchonnant, sans une seule once de crédibilité. Je la taquinais et elle en rigolait.
La visite à la Fnac me permit d'en apprendre plus sur ses goûts musicaux, que je pris aisément pour du troll au premier abord. Il y avait clairement une grande disparité entre ses goûts musicaux et les miens. Un fossé même. Alors que je l'emmenai dans le rayon Rock Alternatif avec moi, dans l'espoir d'y voir un album de Thirty Seconds to Mars, j'en profitai pour lui demander quel genre de musique elle écoutait.

"Bon, moi tu sais ce que j'écoute à peu près, lui dis-je. Mais toi je sais toujours pas!
—J'écoute pas vraiment la même chose que toi, me répondit-elle en rigolant.

Elle m'emmena dans le rayon des hits du moment. A la vue des albums étalés dans les rayons, j'avais une idée de ce qu'elle écoutait.

—Kendji Girac ? Sérieusement ? Lui dis-je, d'un air faussement exaspéré. Tu écoutes autre chose que du bruit sinon ? Rajoutai-je, en rigolant.
—Mais je trouve ça bien moi, se défendit-elle. En plus il est beau, argumenta-t-elle, tout en imitant un air séduite.
—Tu baisses dans mon estime là", répondis-je, faussement déçu et rigolant à moitié.

Après une bonne demie-heure à tourner en rond dans le magasin, nous regagniâmes la sortie, répétant le désormais rituel de l'escalator, qu'elle avait définitivement adopté, après s'être amusée de faire ma taille le temps d'un instant, comme une enfant.

La soirée avait commencé et le soleil se couchait. L'heure de rentrer se rapprochait de plus en plus, malgré que nous ne voulions pas partir. Nous traversions les rues marchandes et l'une des grandes rues qui menaient à la gare, d'un pas lent, comme si la destination nous serait funeste. A l'approche de la gare, l'idée de se quitter devenait de plus en plus rédhibitoire, pour elle comme pour moi.
Soudainement, je m'arrêtai. Gaby s'arrêta aussitôt, me demandant ce qu'il se passait.

Back & Beyond - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant