27. Elisa/Damien

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Je n'ai pas su fermer l'œil de la nuit. Je me suis retournée un bon nombre de fois, j'ai regardé Damien dormir paisiblement, je me suis levée à plusieurs reprises, bref, je n'ai pas dormi. J'angoisse. Parce que aujourd'hui, à midi, Damien part. Je ferme les yeux, tente de repenser à ces trois derniers jours avec lui. Idéal, parfait, voilà comment je le vois.

Durant ces trois jours, nous avions rangé son appartement, nettoyer tout le bordel qu'il avait mis. Ensuite Damien m'a prise dans ses bras, m'a fait danser sur une musique douce qui passait à la télévision. Je peux encore revoir ses yeux taquins quand je riais, tournant au bout de son bras avant qu'il ne m'attire contre lui. Je voudrais que ce soit comme ça tous les jours, qu'on reste ici à profiter de l'un l'autre. Je voudrais qu'il ne parte pas, qu'il décide de rester ici, avec moi. Parce que j'ai peur de me retrouver sans lui, enceinte avec son frère dans les parages. Surtout que cette fois-ci, je n'ai même pas Connor puisqu'il part avec Damien. 

Je finis par me lever, encore une fois. La vue de son sac dans le salon me tord le ventre. J'ai envie de l'ouvrir, d'enlever toutes ses affaires et de me planquer dedans.

Je me laisse tomber dans le canapé, me recouvre du plaide qui y traine. Je ferme les yeux en inspirant l'odeur de Damien qui est dessus. J'adore son odeur, elle me réconforte, m'enveloppe. J'entends la porte de la chambre qui s'ouvre puis vois Damien entrer dans le salon plongé dans l'obscurité.

—Ca ne va pas ?

—Je n'arrive pas à dormir, lui dis-je en souriant.
Damien avance vers moi, se glisse sous le plaid à mes côtés. Sa chaleur m'enveloppe telle une douce couverture, ses bras m'entourent, m'attirent contre son corps presque nu.

—Dis-moi, souffle-t-il en caressant mes cheveux. T'es tracassée ?

Je pourrais lui dire que non, que tout va bien comme je pourrais lui dire que oui, que j'ai peur qu'il retourne en mission, dans ce pays dangereux où la guerre est les actes terroristes sèment la terreur. Mais je ne veux pas qu'il se sente mal, je ne veux pas qu'il culpabilise en laissant sa pauvre nana en cloque ici.

—Je vais bien Dam, c'est juste des insomnies.

—D'accord.
Ses yeux se ferment et je souris en le regardant tomber de sommeil. Cet homme regroupe tout ce que j'aime chez la gent masculine. Il est beau, gentil, rit énormément et prend soin de moi. Je me sens plus que bien quand nous sommes ensemble, et je voudrai que ce soit comme ça chaque jour.  Je crois que c'est pour ça que j'en suis aussi bleue.

Je pose ma tête sur son cœur, ferme les yeux et tente de caler ma respiration à la sienne. J'ai besoin de le sentir encore près de moi, parce qu'après je serais seule pendant sept semaines. Sept semaines c'est énorme. C'est exactement mille cent septante-six heures, septante mille cinq cent soixante minutes.

 Je ne veux pas qu'il aille, je veux qu'il reste là, près de moi. Sauf que l'homme que j'aime est un Seals. Et je l'aime un peu pour ça aussi, dans le fond. Je me love un peu contre lui, me laisse bercer par les battements puissants et réguliers de son cœur et finis par m'endormir.

*****

Damien

Après avoir longuement observer Elisa dormir, je me suis décidé à aller dire au revoir à ma mère. Je n'aime pas qu'on soit en froid elle et moi. Elle a toujours été mon soutien premier, mon pilier et je me doute qu'elle doit autant souffrir que moi.
Alors c'est avec une tarte meringuée au citron que j'entre chez elle. La maison est toujours baignée dans l'obscurité, parce qu'il est encore tôt. Six heures trente. Mais je n'ai pas le temps de trainer, je dois être à la caserne pour midi pile. Seule la lumière de la cuisine est allumée, et je la trouve attablée, en train de boire son café.
—Salut, dis-je doucement.
Le sourire qui fend son visage me fait de la peine. Je n'aurais pas dû lui faire la tête durant ces trois semaines, même si nous ne nous comprenons pas sur mes choix de coeur.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant