Tome 2-Ch 23-Damien

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Elisa est repartie avec Eden, et je lui ai dit qu'on se reverrait dans les jours suivants. Du temps, c'est exactement ce qu'il me faut. J'ai conscience que je lui en demande de plus en plus, mais les blessures que j'ai n'arrivent pas à se refermer, même si je l'aime. 

Je fume une clope dans le jardin de ma mère, traversant les parcelles de pelouses garnies de diverses variétés de fleurs et rumine. Que suis-je censé faire pour être sensé avec ce que je suis devenu ? Fuir, ou foncer dans le tas, quitte à encore y perdre des plumes ? Entre Elisa et moi, tout me paraît compliqué. Puis... Il y a lui, mon Playboy. Suis-je capable de partir, sans le revoir ? Et si à force de lui demander trop de patience, elle partait, elle ? Ou si elle se mettait avec un autre ? Un qui ne l'emmerdera pas avec ses souffrances, ni avec ses angoisses... Un qui pourra lui offrir une super belle vie, de superbes vacances, et des fleurs chaque jour ? 


Merde !
Je ne veux pas de ça ! Je veux être celui-là pour elle, je veux être celui qui la fera rire, rougir, ou pleurer de joie. Je veux que ses mots doux me soient destinés, rien qu'à moi, que ses doigts caressent ma peau, pas une autre.
Je deviens cinglé. Je sais ce que je veux, puis je change d'avis en me disant que ce sera mieux pour elle si elle m'oublie, puis je rage en imaginant ce que serait sa vie sans moi.

—Damien ?

La voix de ma mère me tire de ma léthargie et je relève la tête, vers elle.

— Connor a déjà klaxonné deux fois sur le devant !

Ah oui, j'avais oublié qu'on devait aller voir quelqu'un, et ça me saoule, en ne sachant pas de qui il s'agit.

—J'arrive.

Je tire une dernière taffe sur ma cigarette, avant de l'écraser dans le cendrier puis je pars.

— Alors, insisté-je pour la vingtième fois, toujours pas décidé à me dire quelle est la personne qui a l'honneur de recevoir ma visite ?

Connor éclate de rire, mais secoue la tête par la négative.

—Oh que non, je n'ai pas envie que tu sautes de la bagnole pour fuir.

Je grimace face à ses paroles et je crains vraiment qu'il me traîne jusqu'à chez un psy.

— T'as le don pour rassurer les gens, le taquiné-je.
Il est plus de vingt heures et je regarde à travers le parebrise les chemins de campagne qui commencent à paraître devant nous. Déjà, ce n'est pas dans la ville, ce qui réduit énormément de possibilités.

— Déstresse, Dam, ça ne peut que t'être bénéfique.

— J'en doute.

Connor reste impassible, concentré sur sa conduite alors qu'il répond :

— Franck. C'est lui que je t'emmène voir.

Je ferme les yeux, mal à l'aise.

— Je... Non, pourquoi ?

— C'est ton capitaine.

— Je ne veux pas le voir.
— Vous avez vécu la même galère, mec ! Alors tu vas porter tes couilles comme il se doit et tu vas aller prendre de ses nouvelles.
Je m'enfonce dans mon siège, nerveux.

Je ne peux pas. Je ne peux pas le revoir, ni faire comme si tout allait bien. D'ailleurs en quoi le revoir ne peut que m'être bénéfique ? Je patauge déjà dans la merde que je fous autour de moi, et le voir dans la sienne ne me fera faire qu'un sale retour en arrière !

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant