Tome 2-Ch 20-Elisa

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Le sommeil ne vient pas. Je ne cesse de relever la tête, à l'affut du moindre bruit, de la moindre lumière qui s'allumerait chez moi, ou au moindre des mouvements de Damien. Puis, je repose la tête sur mon oreiller et l'observe dans la pénombre de ma chambre. Il dort, à poings fermés et je souris : nous avons fait l'amour, et c'était sensationnel, brut et doux à la fois, magique.
L'espace de cet instant, j'ai eu l'impression de le retrouver comme avant. C'est-à-dire, fougueux, passionné et passionnant, amoureux. Mais je sais que ces quelques minutes volées ne sont qu'une infime partie de lui qu'il m'a laissée prendre. Je suis consciente que demain, il regrettera et cherchera une excuse pour fuir loin d'ici, au plus vite. Mais je ne lui permettrais pas ce retour en arrière. Je veux faire partie de sa vie, je voudrais l'aider, du mieux que je peux du moins, même si rien ne sera évident. Il se retourne sur le ventre, entraînant les draps avec lui et je me blottis contre son dos ferme et musclé. Sous mes doigts, les cicatrices qui lui marquent la peau. Je voudrais les embrassée, comme on embrasserait les bobos d'un enfant et faire partir la douleur de ces simples baisers magiques. Mais les blessures de Damien sont intérieures, le reste n'est que superficiel dans le fond. Une larme roule sur ma joue quand je pense aux sévices qu'il a dû subir. Les balafres sont toujours boursouflées pour certaines, les griffures ne s'effacent pas avec le temps, et... Que dire de son état moral ? Sur la plage, il avait l'air... Perdu. Dans un autre monde, différent. Il n'était plus avec moi et son regard fou évitait soigneusement le mien. Si je pouvais être dans ses pensées, je saurais tout. Je pourrais être efficace pour lui, et cesser de lui poser vingt mille questions, mais non, Damien refuse d'aborder le sujet avec moi.

Il fait encore sombre dans la chambre quand je me réveille. Pourtant, les draps sont froids, et lorsque je me lève, l'appartement est vide de la présence de Damien. Je grogne et m'évite de gueuler pour ne pas réveiller mon fils qui dort toujours dans son lit.
Il est parti. Sans me dire quoique ce soit. Même pas un mot, rien.
Mon humeur oscille entre la colère, ou la tristesse. Je suis énervée qu'il se soit barré ainsi, avant même que je n'émerge, tel un voleur. Mais la peine que je ressens est bien plus forte encore. L'imaginer en train de regretter cette nuit passée avec moi est pire qu'une balle tirée en plein cœur. Ça me broie le ventre, m'oppresse, même si je le savais. Je fais chauffer l'eau sur la gazinière tout en ruminant après cet homme. Je ne vais pas laisser passer ça, hors de question qu'il me prenne pour une conne encore une fois.

Lorsque j'arrive chez Danielle, c'est à la bourre. Je suis de plus en plus en retard, chaque jour et je doute fort que cela plaise à Mélanie qui est débordée de boulot. En effet, nous sommes en septembre, le mois où les sorties littéraires sont énormes. The Writter's est une petite maison d'édition, certes, mais le boulot que l'on gère à nous deux est colossal tant le nombre d'auteurs augmente considérablement. La lecture des manuscrits reçus et certaines corrections sont pour moi, le plus gros de mon boulot. Mélanie fait le reste et, des fois, je me demande quand arrive-t-elle à fermer l'œil de la nuit.
Eden babille dans mes bras, et je l'embrasse en attendant que Danielle vienne m'ouvrir. À ma grande surprise, c'est Damien qui nous accueille. Son regard étonné me ravit. Il ne connaît pas les jours où je dépose Eden ici, et là, ça m'arrange bien. J'entre sans attendre qu'il prononce un seul mot, en lui mettant son fils dans les bras.

—Coucou ma chérie !
Danielle est dans la cuisine, et je vais l'embrasser pour prendre mon habituel café, comme à chaque fois.

—Bonjour ! Comment allez-vous ?

—Bien, bien. Je te sers un café ?

J'acquiesce, et porte mon attention sur Damien, qui galère à enlever le manteau d'Eden.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant