Tome 2-Ch 27-Damien

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J'ai roulé deux longues heures, pour parvenir dans la maison familiale qu'occupent Connor et les siens pendant les vacances. Le trajet m'a paru interminable tant j'étais paumé dans mes pensées. 

J'ai garé la voiture de ma mère dans l'allée en gravillons, puis, après avoir pris ma valise, je suis entré dans la maison. Elle est tout ce que j'aimerais pour le futur : spacieuse, avec une cuisine ouverte sur la vaste pièce de séjour et dans les tons clairs. Cette maison est reposante, baignée de lumière naturelle grâce à sa longue baie vitrée et les meubles anciens apportent un charme certain à l'ensemble. Mais surtout, elle est à vendre, et ça, ça m'intéresse. Je grimpe à l'étage, pose ma valise sur le lit avant d'aérer. Puis, je me déshabille et me laisse tomber sur le matelas.

L'impression d'avoir encore tout foutu en l'air ne me quitte pas et me donne mal au crâne. Son regard blessé hante le mien, me ronge, me détruit. Quand suis-je devenu ce connard d'égoïste ? Je ne voulais pas lui faire de peine, juste être franc, pour qu'elle comprenne ce qui clochait chez moi, pour qu'elle arrête de s'imaginer que je voie une autre.

Mais j'ai merdé. Encore. Je ne fais que ça depuis que je suis rentré, et pour finir, à force de foirer, elle me haïra. Est-ce que c'est ce que je recherche, dans le fond ? Qu'elle tourne la page, qu'elle n'espère plus rien de moi ? Et moi, suis-je capable de ne plus penser à elle, à vivre sans elle ?

Je finis par m'endormir, l'esprit complétement enhardi. Je dors mal, je bouge, je sue, je serre des poings. Ce sommeil sans rêve m'avait fait miroité. Mais pas de la sorte. Pas en pensant à Elisa en train de pleurer.


Dès mon levé, je prends une douche, descends et grimace en constatant le frigo vide. Evidemment, qu'il est vide, personne ne vit ici durant l'année. Pourtant, je meurs de faim. C'est à pieds que je me rends à l'épicerie du coin. L'air marin des Hamptons me fait du bien, et marcher après avoir végété dans ce lit me redonne du tonus. Je ne m'encombre pas inutilement, j'attrape un paquet de pâtes, un pot de sauce et des œufs, avant de filer à la caisse. Sur le retour, je décide de lui envoyer un sms, même si son « va te faire foutre » me reste en travers de la gorge.

Moi : Bien arrivés ?

Je range mon portable, parce que je sais qu'elle va mettre du temps avant de me répondre. Elle est en colère, et je la comprends sans pouvoir lui en vouloir. Si je me mets à sa place, je serais vert de rage.
Sur le chemin, j'aperçois un de ces vieux bars, comme je les aime. Je devrais rentrer à la villa et me changer, essayer de me remettre à courir, encore et encore jusqu'à épuisement, mais tant pis. Je préfère le sucre de l'alcool et pousse la porte dont la vitre tremblote, de toute façon, ne suis-je pas là pour décompresser, et réfléchir ? Si, et un bar est l'endroit idéal. L'odeur de tabac m'agresse, l'atmosphère y est embuée et la musique basse.

Un groupe d'hommes est assis à une table, et je souris quand je remarque la table de billard au fond la pièce. Génial. Je m'avance vers le bar, prends place sur un des tabourets, aux côtés d'un vieillard et commande une chope au serveur qui est pris dans une discussion avec un client sur les soi-disant bienfaits que la marijuana lui apporte.

— Un touriste ?

J'avale une gorgée de ma bière, la pose sur le bar devant moi avant de lui répondre dans un hochement de tête :

— Juste pour un week-end.

— Oh, pas longtemps, me dit-il d'une voix chevrotante, mais juste ce qu'il faut pour ne plus avoir envie de repartir.

Je ris. Merde... Je n'avais pas prévu de taper la discute avec un vieil homme, sûrement pas ici.
—Il paraît, oui. Mais je n'ai pas le choix.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant