Tome 2-Ch 16-Elisa

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Il est là, dans mon appartement, contre moi, dans mes bras. J'ai l'impression qu'il y a une éternité que nous n'avions pas été aussi proches.

J'ai la satisfaction qu'il m'ait parlé, qu'il ait essayé de me faire comprendre le pourquoi de son comportement, cependant, j'ai conscience que rien n'est joué. Il faut que nous discutions encore, qu'il me laisse intervenir dans sa vie quand il a besoin, qu'il me laisse revenir. Même si ce sera difficile, j'ai besoin de lui auprès de moi, j'ai besoin de savoir que je peux l'aider, comme toute femme le ferait pour l'homme qu'elle aime. Je ne veux plus de cette tension, de ces silences chargés de non-dits.

Avec difficulté, je m'écarte de lui en essuyant encore une fois mes yeux. Damien détourne rapidement les siens et je souris faiblement tandis qu'il sèche ses joues mouillées.

Il souffre tellement...

—Viens par ici, murmuré-je en prenant ses doigts entre les miens.

Je l'attire vers le canapé, sur lequel nous prenons place, côte à côte. La gêne s'installe peu à peu, alors je prends la parole pour ne pas qu'elle perdure ou pire, s'accentue.

—Tu veux rester vivre ici ?

Damien toussote et rit directement après. Merde, c'est vrai que j'aurais dû dire autre-chose pour commencer. Je l'imite, le feu aux joues.

—Pardon, rigolé-je, je ne sais pas pourquoi cette question en premier.

Son sourire en coin fait battre mon cœur à toute allure. Il est vraiment beau, encore plus comme ça, le sourire aux lèvres et les yeux rougis.

—Non, ce n'est rien, j'ai été saisi, rien de méchant.

—Je...
Je suis mal à l'aise parce que ma bourde pourrait lui faire prendre peur. Mais Damien me regarde avec intérêt, et quelque-chose d'autre aussi.

—Je vais un peu rester chez ma mère... Mais... Je passerais souvent ici... Histoire que je retrouve mes repères, que je tente de me rapprocher d'Eden. Puis, annonce-t-il en montrant le salon, c'est...Étroit ?

—Oui, c'est petit.

Il a raison, c'est ridiculement petit. Autant c'était bien assez pour moi seule, mais je ne peux contester qu'un bébé prend énormément de place. Donc, on a le temps avant qu'il vienne avec nous, si je comprends bien. Même si rien n'est blanc ou noir et même si je hoche la tête, une pointe de déception m'envahit.

—Ce n'est que provisoire, souffle-t-il en reprenant ma main, on verra bien où on en sera, tous les deux.

Je souris, me relève pour cacher mon trouble. Où en sera-t-on ? C'est une bonne question. J'aimerais le savoir, moi aussi. Je tire l'élastique autour de mon poignet en me dirigeant du côté cuisine et grimace quand il mord ma peau. Faut que j'arrête ce truc. Puis, il a raison, c'est moi qui prends la mouche, qui voudrais que tout soit comme avant alors qu'au fond de moi, je sais bien que c'est impossible que ça aille d'un claquement de doigts.

—Ok, nous irions à ton rythme, concédé-je en prenant deux verres dans l'armoire au-dessus de l'évier.
C'est le mieux à faire, qu'il sache, que je sache aussi sans lui mettre pour autant une pression de dingue. Surtout s'il passe souvent nous voir. Tout en attrapant une bouteille d'eau fraîche dans le frigidaire, j'imagine déjà nos soirées devant un film, ou encore quand nous coucherions Eden et que nous serions seuls ici, en tête à tête, à nous retrouver. Et lui et Eden... Le bonheur... Rien que le bonheur.
Quand je me retourne, Damien est derrière moi.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant