Tome 2-Ch 32-Elisa

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Je regarde le salon et la cuisine, et soupire longuement. Il nous aura fallu deux jours pour remettre l'appartement plus ou moins en état, si ce ne sont les canapés, éventrés. J'ai récuré, agenouillée sur le sol, pendant que Damien frottait vigoureusement les armoires, avant d'y ranger les affaires qui n'avaient pas été détruites. 

Ce moment qui se devait d'être pénible, ne l'a finalement pas été tant que ça. Il nous a permis, à Damien et moi d'encore plus parler, de son passé d'enfant, de ses souvenirs d'adolescent et des miens, qui étaient quand-même bien moins délirants que les siens. Lui et Connor ont fait les quatre-cent coups, comme quand ils ont piqué la Porsche du père de Connor et l'ont crashé dès la sortie du parking. Tandis que Mélanie et moi, rêvions déjà de romances à dévorer à la chaîne.

Si Alexandro pensait nous déstabiliser un temps-soit peu, il s'est trompé. Il nous en faut bien plus que ça. La police a décidé de ne pas donner suite, et je suis résignée à déménager. Si ma future vie dans les Hamptons m'effraie un peu – puisque je n'ai jamais quitté la ville de la pomme, je n'ai plus qu'une hâte : y foncer.

Ranger a permis à Damien de se sentir un peu plus chez lui, en sachant dorénavant où chaque chose avait sa place, et puis, nous avons ri, dans ce foutu bordel. D'abord il s'agissait de rires nerveux, parce qu'on a la sale impression de ne jamais être tranquilles. Mais quand à la radio un morceau de Seals est passé, et que Damien m'a tendu une main gantée de caoutchouc jaune, pour me faire danser contre lui, ce moment s'est transformé en quelque chose de fort, d'un tantinet romantique. Mon homme était bel et bien revenu. Il se tenait fort et fier devant moi, me serrant contre son torse. Alors cette intrusion chez moi m'avait d'un coup, semblée futile.

Quand Damien était présent, l'impression que jamais rien ne m'arriverait m'envahissait. Je voulais prendre exemple sur sa force, sur sa détermination. Je voulais profiter de chaque instant que Dieu m'offrait en sa présence.

Ce soir, nous sommes en train de manger un repas chinois sur le tapis, autour de la table basse et j'allaite Eden, tout en tentant de saisir le beignet de poulet. Tous les trois, nous reprenons nos marques, je découvre certains traits de caractère que je lui ignorais comme son humour décapant à la Connor et j'en suis encore plus éperdument amoureuse.

Mon commandant est de retour.

— Allez viens Playboy, laissons manger maman.
Il tend les bras à notre fils et ce dernier babille. Lui aussi s'habitue à la présence de son père et c'est un magnifique sourire qu'ils s'échangent.

— Demain, je t'amène voir la maison.

— Demain, je travaille, lui rappelé-je.

— Je laisserai le p'tit chez ma mère, et je passerai te prendre. Si on l'achète, j'aimerais que tu me donnes ton avis.

J'acquiesce, mais à l'intérieur de ma tête, je ne peux m'empêcher de me demander si nous n'allons pas trop vite, puis envoie valser mes idées noires : entre nous, tout a toujours été trop vite.

— Hey, interrompt-il comme s'il lisait dans mes pensées, ne doutes pas, Elisa. Toi et moi, c'est pour toujours, non ?

— Si, confirmé-je. Je t'aime, Dam.
Son clin d'œil me fait comprendre que lui aussi, il m'aime. Puis, comment pourrais-je remettre en question son amour pour moi après tout ce que nous avons vécu ?

Il est treize heures lorsque Mélanie sort de son bureau, le teint pâle et les yeux cernés.

— Ça ne va pas ?
D'une main, elle tire la chaise devant mon bureau, et s'y laisse tomber.

— La grossesse, c'est nul.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant