Tome 2-Epilogue partie 2-Damien

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Je coupe le moteur dans l'allée de la maison, et soupire longuement. Si je suis heureux dans ma vie quotidienne, et si j'aime retrouver ma femme et mon fils chaque soir, après le boulot, je dois bien avouer que de partir en mission me manque terriblement. Cela va faire un an maintenant, que je travaille à terre, et même si faire la connaissance de nouvelles recrues et leur mettre à disposition mon savoir, la proposition que le Capitaine Franck m'a donnée il y a quelques jours, ne m'a pas laissé de marbre.

« Faut que tu remontes sur un pont, gamin. T'es fait pour ça ».
Je suis fait pour ça, oh oui ! J'en ai pleinement conscience, et d'ailleurs je ressens le manque chaque jour un peu plus, mais pour moi, être un héros de la Navy ne consiste pas à former d'autre en restant les bras croisés devant une lignée d'homme. J'aime la flotte et naviguer, j'aime les risques qu'est le quotidien d'un Seals.

Je regarde mon alliance, me remémore les vœux que l'on s'est échangés le jour de notre mariage, me rappelle les promesses que j'ai faites à Elisa.

Je n'aurais plus peur que mon frère lui fasse du mal, puisqu'il a été condamné à quinze années de prison ferme. Evidemment, il pourra demander une liberté conditionnelle dans sept ans, mais je ne doute pas de l'efficacité de mon avocat. Si je pars, j'aurai ce problème en moins à gérer. De toute façon j'ai cinq ans encore au grand max de carrière, ce qui est long mais tellement court à la fois.
La porte qui grince et s'ouvre devant moi me fait relever la tête et je souris en apercevant Eden, dans les bras de sa mère. Notre fils grandit à vitesse grand V. Avec ses cheveux noirs et ses grands yeux verts, il n'y a pas à dire : ce gosse est mon portrait craché, un Playboy dans l'âme, comme depuis toujours.

J'attrape le bouquet de roses rouges posé sur le siège passager, et sors de la voiture. J'embrasse mon fils, qui me tend les bras et que je prends dans les miens.

— Salut Playboy.

— Papa !
— Salut sexy commandant.

Je frémis quand je pose ma bouche sur la sienne, et plonge mes yeux dans les siens si bleus. J'aime encore ressentir tous ses frissons et cette chaleur après autant de temps. Je ne pensais pas cela possible, pas pour moi en tout cas, mais si, l'amour et la passion sont toujours bien présents entre nous deux, et je compte bien ne jamais m'arrêter de ressentir tout ça.

— Salut jolie dame, lui susurré-je en lui tendant les fleurs.

— Merci, elles sont magnifiques, dit-elle en sentant le bouquet. Elles sentent bons.
Elle recule et me laisse entrer dans notre maison. À l'intérieur flotte une délicieuse odeur de poulet rôti, et je m'en lèche déjà les babines. Elisa est un véritable cordon bleu, même si elle assure le contraire.

— Attends Playboy, je vais enlever ces enclumes de mes pieds, puis après on pourra aller jouer.

Je le dépose sur le sol et il part déjà dans le salon, vers son bac de jeux, tandis que j'enlève mes rangers.
Je rejoins Elisa dans la cuisine, dans laquelle elle s'active autour de la cafetière.

— Laisse, je vais le faire, lui dis-je en prenant le sachet de grains de ses mains, occupe-toi de tes fleurs.
Je l'embrasse sur la tempe et elle me donne une tape sur les fesses, ce qui me fait sourire.

— Toujours aussi insatiable, madame Burn.

— Normal, tu m'offres des fleurs.

— Ouais, ma mère m'a toujours dit d'être sympa avec les femmes, alors avec la mienne...

Elle glousse, et croise ses bras sur sa poitrine, en ne me lâchant pas des yeux.

— Quoi ?

— Je crois plutôt que ces fleurs, dit-elle en les pointant du doigt, c'est ta manière de m'annoncer quelque-chose.

— Non, absolument pas.

Je verse les grains de café dans le récipient pour les moudre, alors qu'elle insiste du regard.

— Damien, je te connais comme si je t'avais pondu. Sérieusement, je vois bien que tu me caches quelque-chose, et que tu veux m'en parler. Ça fait trois jours que t'es ailleurs. Tu m'as trompée ?

Je fronce les sourcils en lui lançant un regard noir.
— Preuve que non, tu ne me connais pas comme si tu m'avais pondu si tu oses penser ça, réponds-je.
Je ne sais pas si je dois être énervé, ou blessé qu'elle puisse s'imaginer une chose pareille, mais ça ne me plaît pas.

— Ok, excuse-moi, dit-elle doucement, mais craches parle-moi alors.

— Je veux repartir.
Voilà, c'est dit. Il y a plus qu'à justifier mon envie et tenter de la convaincre maintenant. Elle inspire brusquement, mais garde le silence.

— Franck me l'a proposé, il m'en parle chaque jour et tu sais que Connor y retourne aussi. Merde... J'essaie de me dire que non, que ce n'est pas une bonne idée mais plus j'y pense, et plus je me convaincs que ma place est sur un navire, à vivre pleins de choses qui me feront sentir vivant, qui me donneront une raison d'être fier. Là... Je t'ai toi, le p'tit, mais au boulot je m'emmerde. Royalement.

— Alors vas-y, soupire-t-elle.

— Tu es déçue, hein ?

Je la sonde, je ne veux pas la décevoir et tant pis si mon job passe en dernière position. Elle s'approche de moi, et pose ses mains, à plat sur mes pectoraux. Elle fixe son alliance, tout en répondant :

— Je ne suis pas déçue, Dam. Pas du tout même. Je savais que tu repartirais en mission un jour. Avant moi, l'armée était toute ta vie, le centre de ton univers. Je t'ai quand-même épousé, et je t'aime. Alors évidemment que l'angoisse qu'il t'arrive quelque-chose m'assaille... Mais je veux ton bonheur, que tu sois heureux dans tous les domaines. Et si ça passe par tes missions, ça me va.

Mes mains glissent de ses hanches à ses fesses, et je resserre ma prise autour de son corps.

— Tu sais que ce que tu fais là, n'a pas de prix pour moi.

— Je sais.
— Et tu sais que mon bonheur passe aussi par le tien ?

— Je sais, oui...

Nos lèvres se frôlent, et je respire son parfum fleuri enivrant.

— Tu m'attendras ?

— Toujours, Dam. Je t'ai toujours attendu et ça ne changera pas.

— Tu m'aimeras moins ?

Elle rit en passant ses mains sur ma tête, avant de les nouer dans ma nuque.

— Il est impossible que je t'aime moins, Burn.

— Tu sais bien que je pourrais revenir au moindre souci.

— Si déjà tu penses à ça, tu ne partiras jamais.

Je dépose un léger baiser sur ses lèvres. Elle a raison.

— Tu sais que je t'aime.

— Alors arrête de te faire du tracas, Damien, et vis ta vie de Marine comme il se doit, profite de chaque instant sur ton pont, à donner des ordres et à t'entraîner. Eden et moi t'attendrons comme le Messie.
C'est à mon tour de rire, et j'enfouis mon nez dans le creux de son cou.

— J'ai de la chance de t'avoir, murmure-t-elle. Et je suis fière de toi. 

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant