Episode 3: Départ

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Le lendemain matin, à l'aurore, elles marchèrent encore dix ou douze kilomètres avant de parvenir au lotissement où vivait le fameux ex-petit copain de Ginny.

- C'est là, indiqua cette dernière. La maison où il y a du lilas.

Léna la repéra : une voiture était garée juste devant.

- Il y a l'air d'y avoir du monde, commenta-t-elle, soucieuse.

- Relax, c'est sa bagnole, dit Ginny. Allez, on y va.

Elles traversèrent la route en courant et se retrouvèrent devant la maison aux lilas. Léna avait du mal à croire que le cauchemar allait se terminer, que l'ex de Ginny allait les mener à l'ambassade, et que là-bas elles seraient en sécurité... En relative sécurité, rectifia-t-elle, puisque les clones seraient toujours dans la nature. Ginny sonna, tandis que Léna et Ava restaient un peu en retrait. Un bruit de pas retentit et la porte s'ouvrit sur un jeune homme de haute taille au teint mat.

- Ginny, sourit-il.

- Ça fait du bien de te revoir, s'écria la rousse en se jetant dans ses bras. On peut entrer? On a marché depuis hier...

- Évidemment, dit le jeune homme en s'effaçant pour les laisser rentrer.

Léna suivit Ginny dans l'entrée, Ava sur ses talons. Devant elle, Ginny parcourut les murs nus du regard. Léna remarqua alors que des tâches plus claires apparaissaient sur le mur, comme si des photos s'y étaient trouvées et qu'elles avaient disparu...

- Ethan... murmura Ginny. Qu'est-ce que tu as fait des photos de ta famille ?

Léna songea que quelque chose la dérangeait ... Le jeune homme avait beau sourire, ses yeux avaient l'air ... Vides. A cet instant, Ginny sursauta et poussa un hurlement :

- C'est un clone !

Elle tenta de se dégager, mais le clone la saisit à la gorge. Léna sortit son pistolet en tremblant, alors que Ginny et son agresseur tombaient au sol.

- Tire pas! cria Ava. Tu pourrais la blesser !

- Merci du conseil, mais je fais quoi, moi, du coup ?! répondit Léna sur le même mode.

Entre-temps, Ginny avait réussi à se dégager et tentait à présent de se relever. Léna vit avec horreur le clone sortir un couteau et poignarder sa nouvelle amie dans la jambe. Celle-ci hurla de nouveau. Léna aperçut alors une ombre passer devant elle qui se précipita sur le clone avec une dague. Dague qui s'enfonça jusqu'à la garde dans la poitrine du clone le faisant s'effondrer avec un cri étouffé. 

- Merci, Ava, hoqueta Ginny.

Celle-ci ne répondit pas. Elle contemplait ses mains couvertes de sang avec horreur. Léna courut alors vers la blessée :

- Il faut qu'on dégage ! Il faut qu'on quitte cette maison! s'écria-t-elle. Tu peux marcher?

- Il faudra bien, soupira Ginny en se relevant avec un gémissement de douleur. Cependant, je ne peux pas vous promettre qu'on ira bien loin...

- On peut t'aider à marcher, assura Léna. Ava, viens m'aider !

L'intéressée regarda une dernière fois ses mains sanglantes avec incrédulité, puis les essuya sur son jean.

- J'arrive, déclara-t-elle.

Au début, Ginny garda les dents serrés pour éviter de hurler de douleur à chaque pas, mais bientôt, elle fit signe à Ava et Léna de s'arrêter :

- Je vais pas pouvoir continuer comme ça, soupira-t-elle. Il nous faut une voiture, surtout pour aller jusqu'à l'ambassade.

Elles se trouvaient au beau milieu d'un lotissement, plutôt huppé, visiblement déserté par ses habitants après les premières attaques des clones.

- Très bien, déclara Ava. On va prendre une voiture.

- Tu veux voler une voiture ? s'étrangla Léna.

- Vu que c'est la fin du monde, marmonna son amie, je ne vois pas qui va venir nous en empêcher... Et on en a besoin.

- C'est une bonne idée, déclara Ginny en hochant la tête.

- On va essayer cette maison, conclut Ava en pointant du doigt un pavillon.

Ginny se laissa tomber sur un banc du jardin avec un soupir, mais garda son pistolet à la main. Léna se pencha aussitôt sur sa jambe, tandis qu'Ava s'exclamait :

- Violation du domicile, première partie.

Avant de briser une vitre et d'actionner la poignée de la fenêtre de l'intérieur.

- C'est pas très beau, hein ? grogna Ginny, reportant l'attention de Léna sur sa jambe blessée.

La blessure dans la jambe de Ginny avait quasiment  cessé de saigner et ne semblait donc pas avoir touché une artère importante, mais les bords de la plaie paraissaient étrangement gonflés.

- Je crois que ça s'infecte, avoua Léna. En tout cas, je vais nettoyer ça et après, je suis sûre qu'on trouvera de l'antiseptique dans cette maison.

A ces mots, Ginny sortit de son sac une gourde et arracha un morceau de sa veste qu'elle tendit à son nouveau médecin improvisé.

- J'espère que je ne vais pas te faire trop mal... murmura Léna, avant d'appliquer l'étoffe humide sur la plaie.

La rousse serra les dents mais sa douleur se lisait sur son visage. Léna se força à continuer jusqu'à ce qu'elle soit relativement contente de la propreté de son travail.

- Bon sang, qu'est-ce que fout Ava ?! grogna Ginny lorsque Léna eut terminé. C'est moi ou elle prend tout son temps ?

- Peut-être qu'elle ne trouve pas les clés de la voiture ? proposa Léna.

Depuis qu'Ava avait tué ce clone, même embroché cet individu, elle paraissait... Différente. En tuer un par erreur était déjà un choc, alors le faire volontairement devait être abominable. Et voir Ava perdue de la sorte, cela l'inquiétait.

La porte du garage de la maison coulissa à cet instant, dévoilant Ava, qui en avait profité pour changer de vêtements, ses anciens étant couverts de sang. Et derrière elle était un Land Rover noir. Ava exhiba les clefs du véhicule, triomphante :

- Il a le plein, j'ai vérifié, et j'en ai profité pour charger deux ou trois trucs utiles dans le coffre. J'ai récupéré des provisions, de l'eau et des médocs pour toi, Ginny, ou au cas où. On est parées, on peut partir maintenant.

- Là, tu m'épates, avoua Ginny.

- Mais attendez, intervint Léna, ça fait du bruit ce genre d'engin, on risque de se faire repérer, non?

- Peut-être, mais comment de misérables clones à pied pourraient-ils nous rattraper?

- Ils doivent savoir conduire!

- Allez, monte. Ce que je sais, c'est qu'on n'arrivera jamais à l'ambassade de Denver, qui est la grande ville la plus proche d'ici, sans véhicule.

C'est avec regret que Léna dût reconnaître qu'elle avait raison...

- C'est moi qui conduis, dit Ava en s'installant à la place du conducteur, tandis que Ginny s'effondrait a l'arrière avec l'aide de Léna qui prenait place à ses côtés.

- Évite l'autoroute et prends les départementales, ordonna aussitôt Ginny. Tous les fugitifs vont probablement prendre l'autoroute... Je serais clone, c'est là que je les attendrais pour les massacrer..

Ava acquiesça, parfaitement convaincue par la pertinence de l'argument, et appuya sur l'accélérateur.


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