COALITION

Episode 5: Rencontres

Au matin, Ginny, qui avait pris le troisième et dernier tour de garde, les secoua.

- Allez, s'exclama-t-elle. Le soleil est levé, il faut repartir !

Léna prit le volant, alors qu'elles entraient dans une zone de vallées escarpées et de hautes pinèdes.

- Ça va, ta jambe ? demanda Ava à Ginny.

- On va dire que ce n'est pas pire, convint la rousse, mais il n'y a pas vraiment d'améliorations non plus...

- Ça va venir, promit Léna, pleine d'espoir.

Elles firent une pause à midi pour manger, et Ava en profita pour prendre le volant. Ginny était plongée dans l'étude d'une carte qu'elles avaient trouvée dans le coffre.

- On sera bientôt à moins de 200 kilomètres de Denver, indiqua-t-elle. Et on a plus de la moitié du plein, ça devrait le faire.

- On n'a rencontré aucun clone, nota Léna. Je trouve ça un peu bizarre, pas vous?

- Je te signale qu'on a fait des détours par le fin fond du bout du monde pour les éviter, répliqua Ava. Jusqu'ici ça marche, et ça me va comme ça. Donc, ne parle pas de malheur, s'il te plaît Léna !

Lorsqu'elles s'arrêtèrent à nouveau le soir venu, elles étaient toujours au cœur de la pinède. Léna détacha sa ceinture et sauta dehors, pistolet à la main, tandis qu'Ava aidait Ginny à monter sur le toit du Land Rover, d'où elle pourrait surveiller leurs arrières pendant que Léna et Ava feraient un rapide repérage des environs. Tout ça histoire de vérifier qu'aucun clone ne rôdait dans un rayon de cinquante mètres autour d'elles.

Cependant, Ava et Léna n'avaient pas fait plus de dix pas, que des coups de feu retentirent. Toutes deux se figèrent, le cœur battant à tout rompre. C'est alors qu'un jeune homme émergea de la pinède, leur tournant le dos. Un revolver dans chaque main, il tirait sans s'arrêter sur quelque chose dans la forêt que ni Léna, ni Ava ne pouvaient distinguer. Malgré sa panique, Léna nota qu'il semblait exténué, les traits tirés lui aussi, bien qu'il ne cesse de tirer un seul instant. Son t-shirt était également tâché de sang. Mais sur quoi pouvait-il bien vider ainsi son chargeur?

Une autre personne, voilà sur quoi il tirait, comprit-elle lorsque celle-ci déboucha hors du couvert des arbres. Une personne qui lui ressemblait trait pour trait. Et qui tenait une mitraillette dans ses mains. Mais le jeune homme aux revolvers semblait si fatigué que chacun de ses tirs ratait sa cible. Son clone visa à son tour et Léna comprit que lui, ne se raterait pas. Elle était encore figée, tout comme Ava, lorsque le coup de feu retentit.

La balle de Ginny atteignit l'homme à la mitrailleuse en pleine tête. Alors qu'il tombait, Léna eut un haut le cœur, mais elle se força à le contenir pour aller récupérer l'arme de celui-ci. Cela pouvait toujours servir. Ava quant à elle, était à genoux au près du jeune homme aux pistolets qui venait de s'effondrer, visiblement au bout du rouleau.

- Il s'est évanoui ! lança-t-elle a Léna, avant de soulever ses cheveux bruns pour examiner sa nuque, et d'ajouter : ce n'est pas un clone. Il faut l'amener avec nous, aide-moi!

À toutes les deux, elles parvinrent à le traîner jusqu'à la voiture et à l'installer sur l'un des sièges arrière.

- Beau réflexe ! dit Ava à Ginny, qui se laissa glisser du toit pour les rejoindre.

- Euh, les filles... Je crois qu'il est blessé, hésita Léna.

- Quoi ? s'enquit Ava.

- Oh merde, oui ! confirma Ginny.

En effet, le jeune homme perdait beaucoup de sang. Une balle avait atteint son flanc gauche, et une estafilade infectée barrait son épaule... Mais la blessure par balle était de loin la plus inquiétante, pour le moment . 

- Il faut retirer la balle, si elle est toujours à l'intérieur, commença Ginny.

- Tu veux un scalpel ? proposa Ava en tendant la trousse de secours qu'elle avait ramené de la maison.

- Si on retire la balle, il va falloir faire vite pour stopper l'hémorragie parce qu'il pisse le sang, là ! s'inquiéta Léna.

- Euh... Il y a des pansements et des bandages, essaya Ava.

- Ça ne servira pas à grand chose, commenta Ginny, livide.

- Ava, tu crois qu'il y a de quoi le recoudre dans ta trousse ? tenta Léna.

- Oui! répondit l'intéressée en brandissant une aiguille et du fil.

Léna préférait ne pas regarder : elle avait horreur des aiguilles.

Finalement, Ginny leur fit signe qu'elle avait terminé.

- Bien joué, Ginny, lui lança Ava.

- Hé, sourit la rousse, c'est pas demain la veille que je laisserai mourir un beau gosse sans rien faire ! C'est bien mal me connaître !

Léna reporta son attention sur le jeune homme évanoui : il fallait avouer qu'il était plutôt pas mal, en effet... maintenant que Ginny le lui faisait remarquer.... Mais ce n'était pas le moment !

- Je vais le surveiller tout en montant la garde, déclara Ava. Allez dormir, toutes les deux.

Connaissant Ava, Léna sut que ce garçon lui plaisait. Elle sourit discrètement.