Jules avait raison, le manoir où se trouvait apparemment Laura était vraiment très proche du QG de JC puisqu'ils y parvinrent en quelques dix minutes d'une conduite assez désagréable, mais il ne fallait sans doute pas trop en demander à quelqu'un venant de consommer une quantité d'alcool non négligeable, comme Jules.
Un instant, Léna se dit qu'ils avaient même été complètement stupides de l'avoir laissé conduire, mais finalement, ils parvinrent sans encombre devant les grilles ouvertes d'un petit manoir à la façade couverte de lierre.
Le ciel s'était couvert et une fine neige s'était mise à tomber. Le toit du manoir était partiellement blanc, d'une blancheur presque féérique...
Sauf que leur mission était tout sauf féérique.
Une voiture à l'immatriculation française était garée devant l'entrée, sans doute celle que Laura avait utilisée pour venir, songea Léna.
- Elle est bel et bien là, murmura Ava.
Et elle allait payer, se promit Léna.
Ils descendirent de voiture dans un silence irréel, et lorsque Mathieu claqua la portière, le bruit parut résonner comme un coup de tonnerre assourdissant dans l'air où la tension était quasiment palpable. Les branches des arbres se balançaient dans le vent, et les feuilles au sol bruissaient, produisant une sorte de chuchotis inaudible.
Le froid glaça Léna lorsqu'elle sortit à son tour. Elle n'avait pas vraiment pris d'habits assez chauds...
Elle commençait à se sentir mal à l'aise lorsqu'Oliver déclara:
- Il vaudrait mieux faire des groupes pour fouiller plus efficacement... Ava, attends!
Celle-ci marchait déjà vers la porte, revolver à la main.
- Plus on attend, plus il y a de risques qu'Angelo... commença l'intéressée.
- Je sais, rétorqua Oliver le plus calmement possible.
Dans sa voix, Léna sentit bien qu'il était aussi angoissé qu'Ava. Elle avait bien vu à quel point il tenait à Angelo. Et à Ava aussi, bien sûr, rectifia-t-elle en son for intérieur.
- Crois-moi, je sais. Mais si on veut être sûrs de le libérer, il faut qu'on se soit un minimum organisés... Inutile de foncer tête baissée. Rhett, tu resteras ici pour vérifier que Laura ne tente pas de s'enfuir avec Angelo.
- Euh...
- C'est important.
- D'accord.
- Il y a trois étages, indiqua Jules. C'est super simple. Violet et moi allons inspecter le troisième étage, la petite et la rousse (il indiqua Zaïa et Katherine du menton) le deuxième, et les autres, bah démerdez-vous avec le rez-de-chaussée. Ça vous va?
- Hum, oui, marmonna Violet, les joues devenues uveau écarlates.
- OK, on va faire ça, acquiesça Oliver en échangeant un regard avec Ava.
Un bref instant, Léna eut l'impression qu'Oliver était devenu la personne en qui Ava avait la plus confiance, à présent. La plus proche. En même temps, Ava avait perdu la mémoire, et elle ne l'avait pas revue depuis cinq ans... Elle ne pouvait lui reprocher de s'être reconstruit une vie...
C'est l'arme à la main qu'ils s'approchèrent de la porte d'entrée, qui n'était même pas verrouillée. Mais, à vrai dire, cela devait être normal, si Laura les attendait...
Jules, Violet, Zaïa et Katherine empruntèrent aussitôt l'imposant escalier de pierre taillée pour rejoindre les étages supérieurs. Léna se trouvait donc à présent dans la pièce principale, un salon au sol couvert de tapis persans et meublé de plusieurs canapés installés autour d'une cheminée. De nombreuses portes s'ouvraient dans chacundes murs de la pièce. Derrière chacune d'elle pouvait se trouver Laura... Cette pensée mit Léna particulièrement mal à l'aise, et elle se réjouit de la présence de Mathieu, Ava et Oliver à ses côtés.
- Regardez, là-bas, dit Ava en indiquant un couloir en face d'eux avec le canon de son pistolet. Ce couloir a l'air de traverser le manoir. On pourrait commencer par là...
- Oui, approuva Mathieu. Il faut bien débuter par quelque part, et en plus la nuit ne va pas tarder à tomber. Autant chercher tant qu'il fait encore jour...
Ils se dirigèrent donc vers le couloir, Ava en tête, suivie par Oliver et Léna, Mathieu fermant la marche. Ils ouvrirent plusieurs portes, mais chacune des pièces où elles menaient se révélèrent vides.
Finalement, ils aboutirent à celle qui se trouvait à la fin du couloir. Prise d'un soudain pressentiment, Léna sentit son cœur s'accélérer:
- Mathieu... chuchota-t-elle, angoissée.
Mais Ava avait déjà ouvert la porte.
- Bonjour, Ava, dit Laura d'une voix terriblement calme. Je savais que tu viendrais. Et Oliver... J'aurais dû m'en douter, mais ça tombe très bien que tu sois là toi aussi. C'est parfait, même. Nous n'avons plus qu'à négocier, maintenant.
Léna avait la silhouette d'Ava devant elle, qui lui coupait partiellement le champ de vision, mais elle vit à la manière dont son amie se raidissait tout d'un coup que quelque chose n'allait pas.
Se décalant sur le côté pour mieux voir, elle comprit. Laura tenait fermement Angelo devant elle.
Et elle avait pressé un poignard sur sa gorge.
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COALITION
Ciencia FicciónLéna et Ava, dix-huit ans, habitent à Jackson, Wyoming, Etats-Unis. Elles se préparent à rentrer à la fac lorsqu'une catastrophe sans précédent s'abat sur leur pays. Des clones de la population apparaissent subitement, avec pour seul but de retrouve...