CONJONCTION: Episode 2: La météorite

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AVA:

Il y avait quelque chose, droit devant eux. Comme un grand rocher noir, posé au fond de la vallée. Sa surface était bosselée, comme criblée de minuscules et innombrables impacts. 

- Ça, c'est notre météorite, devina Mathieu. 

Ava avait l'impression que celle-ci rayonnait, comme des pulsations de lumière ou... d'autre chose. Mais la météorite n'était pas inerte.
Brusquement, elle ressentit une violente douleur dans son ventre, qui la fit se plier en deux. Affolée, elle vit que Mathieu et Oliver grimaçaient eux aussi. Visiblement, ils ressentaient la même chose qu'elle. Puis, aussi vite que la douleur était apparue, elle cessa, remplacée par cette sensation de picotement dans tout son corps, le même que quand HG l'avait"réparée"... Comme si HG la réparait à nouveau... Comme si quelque chose n'allait pas...

- Ça...Ça va? demanda Mathieu à ses deux camarades d'une voix mal assurée. 

Ils opinèrent, puis Oliver ajouta:

- Bon, il faut nous rapprocher de cette météorite. Voir si on peut en ramener un morceau...

Au même moment, une détonation retentit dans l'espace étroit de la vallée, suivie d'un écho interminable. Et une fusée de détresse fut projetée vers le ciel.
Mathieu blêmit:

- Je crois que Jules et Léna ont des ennuis...

- Il faut y retourner! approuva Ava. 

- C'est clair, dit Oliver. La météorite peut attendre, je le demande bien ce qui leur arrive...


LÉNA:

L'hélicoptère semblait avoir bel et bien disparu.

- Et merde, marmonna Jules. Loupé. 

Quelques dizaines de minutes plus tard, ils virent débouler Mathieu, Ava et Oliver:

- Mais qu'est-ce que c'était que ça? demanda Mathieu, hors d'haleine.

- Un hélico est passé, mais il a disparu...

- C'est pas vrai, jura Ava. Nous, on a trouvé un truc bizarre, la météorite, eh bien... c'était comme si elle nous affectait physiquement. 

Au même instant, Oliver fut secoué d'une quinte de toux. Lorsqu'il retira sa main de sa bouche, ses doigts étaient tâchés de sang. 

Léna se figea.

- Bordel, Oliver, c'est quoi ça? s'écria Jules. 

- Je ne sais pas... chuchota l'intéressé. Je me sens très mal depuis que nous avons approché la météorite...

La voix de Lizzy Whitman résonna soudainement dans l'esprit de Léna:"la maladie se trouve écrite dans l'ADN humain. C'est elle qui a motivé la création des clones. Nul ne sait quand elle se déclenchera..."

- Oh, bon sang, lâcha-t-elle.

- Quoi, Léna! fit Jules. Si tu as un truc à dire, dis-le!

- C'est une maladie. Lizzy m'avait dit qu'elle arriverait, mais on ne pensait pas que ça aurait lieu si vite. C'est la météorite qui l'a apportée sur Terre. 

- Y a-t-il un remède, Léna? demanda Ava d'une voix blanche. 

Léna était horrifiée par ce qu'elle devait dire, mais elle n'avait pas le choix:

- Il y avait un projet, mais il n'a jamais abouti: notre technologie n'est tout simplement pas assez avancée. Et ce projet, vous le connaissez aussi bien que moi. C'était celui des clones, celui que coordonnait HG.

- OK, lâcha Oliver. OK. Je vais rester dans le cockpit, et vous n'approchez pas, entendu? Qui sait si ce n'est pas contagieux? 

Il recula et Ava tenta de le retenir, mais Jules l'en empêcha:

- Il a raison, c'est la seule décision raisonnable qu'on peut prendre, en attendant devoir comment ça va évoluer...

Ava se mit à sangloter:

- Mais je l'ai senti, moi aussi! Sauf qu'après, ça a cessé! HG fait partie de moi et... HG l'a arrêté! Quoi qui ait pu commencer...

- Parce qu'HG était parfait, dit Léna. Pas les clones, mais HG,oui.

Alors, une pensée terrifiante traversa son esprit. Mathieu.En tant que clone, il avait été immunisé contre toutes les maladies, mais...

Elle se précipita vers lui et jeta un coup d'oeil à sa nuque. Le compte à rebours, jadis figé, s'était remis en marche. Bien plus lentement qu'auparavant, certes, mais il s'était remis en marche. Léna hoqueta.

- Je m'en doutais, avoua Mathieu. Désolé, Léna. Je ne suis pas malade, mais... voilà. 

Elle avait l'impression qu'on la poussait dans un gouffre sans fond.
Elle entendit à peine Jules, qui disait:

- Bon, on est bloqués ici, destinés à tous choper cette maladie et en mourir. J'adore ce plan.On n'a qu'à espérer que l'hélico qu'on a vu tout à l'heure nous retrouve... et on ferait bien de se reposer un petit peu. Après tout ce qui s'est passé aujourd'hui... qui sait ce qui peut arriver demain?


OLIVER

Il se réveilla en sursaut, sans même se souvenir de s'être endormi dans le cockpit. Ça devait être un mauvais rêve... 

Mais tout lui revint quand il vit qu'Ava était assise en face de lui, les yeux grands ouverts.

- Va-t-en, supplia-t-il. Si tu tombais malade...

- Non, répliqua Ava. De toute façon, je ne tomberai pas malade. A cause d'HG. A cause de ce que je suis.

- Grâce à HG, et tout le reste, rectifia Oliver. 

- Non, dit Ava. Léna nous a dit pas mal de choses, et j'en ai beaucoup discuté avec Jules. Tôt ou tard, tout le monde tombera malade, sauf moi. Même...

Sa voix s'étrangla:

- Angelo et Eleanor. 

Oliver vit bien qu'elle prenait son courage à deux mains pour poursuivre d 'un ton aussi assuré:

- Sauf que, visiblement, ce n'est pas contagieux, pas comme... la grippe, par exemple. 

Elle éclata d'un petit rire incrédule. 

- Désolée pour cet exemple particulièrement pourri. Mais... c'est plus lié aux radiations,comme si elles entraient en résonance avec nous: tu l'as senti toi aussi, non?

- Je l'ai senti, confirma Oliver. Et c'est insupportable, mais tant qu'on est ici, on ne peut rien faire. 

- Il faudrait peut-être envisager de partir à pied...

Mais son ton manquait de conviction. 

- Ava, tu es exténuée. Il faut te reposer, il faut...

Il s'interrompit en sentant un brusque goût de sang dans sa bouche. Ça recommençait.

- Oliver, dit Ava. Je ne peux pas, je ne veux pas voir nos enfants mourir sous mes yeux. Soit il y a une solution, et on la trouvera, soit il n'y en a pas, et je préfère mourir ici avec toi, dans ce cas. 

- Chut. Arrête. On ne va pas mourir ici.

Il tendit le bras pour effleurer son poignet, à elle qui ne risquait rien. 

Il s'imagina à sa place. Cela devait être terrifiant. 

- Ne t'en fais pas, Ava. On va trouver une solution.





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