CONJONCTION: Episode 1: Perdus

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AVA

Lorsqu'Ava reprit connaissance, elle découvrit que, si elle était toujours sur le siège du copilote, retenue par sa ceinture, ce qui l'entourait était nettement plus chaotique. À commencer par les vitres de l'avion, fissurées par le choc et la pression de la neige recouvrant le sol.
Celle-ci avait dû tout de même amortir leur chute...
Elle tourna la tête vers Oliver, et son coeur rata un battement: il était affalé sur le tableau de contrôle, inanimé. 

- Oliver! 

Aucune réponse.
Paniquée, elle referma ses doigts sur le harnais qui la maintenait attachée siège et tira dessus, en vain. Se forçant à réfléchir,  elle parvint enfin à débloquer sa ceinture pour se rapprocher de lui. Alors, elle remarqua avec un soulagement immense qu'il respirait. Il était vivant.
Elle s'efforçait de le redresser de son mieux lorsqu'elle entendit la voix de Mathieu:

- Oliver? Ava? Vous m'entendez?

- Oliver a perdu connaissance! répliqua-t-elle. Moi... ça va, en gros. De ton côté, vous vous en sortez?

- Tous en un seul morceau! Léna est juste encore évanouie, et Jules c'est dur à dire, il a l'air d'avoir pris un sacré coup sur la tête, il n'arrête pas de répéter "Violet","Malia" et "météorite à la con".

- J'arrive, décida Ava. Juste le temps de détacher Oliver, et j'arrive. 

L'avion était légèrement incliné vers la droite, mais il demeurait relativement à l'horizontale, tout compte fait.
Ava s' apprêtait à agripper Oliver pour l'extraire de son siège lorsqu'il ouvrit péniblement les yeux. 

- Hé... On est encore vivants, mo álainn? 

- Oui... Et on va le rester encore un peu parce que je te signale qu'Angelo et Eleanor nous attendent aux États-Unis. 

- Ça m'a l'air d'un plan parfait... Aïe! 

Il grimaça en se levant, mais Ava se dit que s'il y arrivait, c'était qu'il ne devait avoir aucune fracture. Tous deux finirent par rejoindre Mathieu, Jules et Léna, qui reprenait tout juste ses esprits. 

- Bon sang, on est où? marmonna cette dernière. 

- Sans doute au milieu des Andes, répliqua Oliver. Difficile d'être plus précis... Les outils de navigation nous ont lâchés, pour la même raison qui nous a fait nous crasher: le magnétisme émis parla météorite, qui doit être très proche, est tout bonnement titanesque. 

- Oliver, est-ce qu'on peut repartir d'ici? demanda Mathieu d'un ton qu'il tentait de garder le plus calme possible. 

- Pas avec cet avion, grimaça l'intéressé, à contrecoeur. Même s'il n'était pas endommagé, on est trop près de la source de magnétisme. 

- Alors, excusez-moi de demander, mais comment est-ce qu'on repart? articula Jules. 

Ava savait déjà ce qu'Oliver allait répondre:

- Il faut que quelqu'un vienne nous chercher. Pas de souci, on a de quoi tenir une semaine. Maintenant, pour passer un quelconque appel, il faut qu'on localise la cause de la distorsion magnétique, voir si on peut y remédier ou pas. Ici, les ondes radio ne passent pas. Au pire des cas, on pourra toujours essayer de s'éloigner d'ici... Mais on n'a quand même qu'une semaine. Il ne va pas falloir traîner.

- On peut déjà partir en repérage, proposa Mathieu. C'est la fin de l'été, il y a de la neige, mais rien d'insurmontable si on met nos parkas... On a de la chance...

- La chance inouïe d'être tombés dans les Andes, souffla Jules. Merci, Mathieu. On se souviendra de ton optimisme. 

Mathieu l'ignora:

- Léna, tu peux te lever? 

- Oui...

Ava attrapa son manteau et l'enfila. Elle remarqua alors que la tête lui tournait. Forcément, l'oxygène devait être plus rare à cette altitude...
Oliver déverrouilla la porte et l'ouvrit. Un vent froid gifla violemment le visage d'Ava. De tous côtés, des pics l'environnaient.

- Par où on va, maintenant?

Ils se trouvaient dans une longue vallée aride balayée par le vent glacial. Jules les rejoignit et lâcha:

- Il y a deux options: droite ou gauche. Et une certitude: pas de temps à perdre. Il faut se séparer en deux groupes.

- D'accord, approuva Ava. On n'a qu'à partir, et se retrouver ici dans une heure.

- Vous ne sentez pas quelque chose, sur notre droite? demanda alors Mathieu. 

- Comme quoi? déclara Ava, perplexe. 

- La vibration, répliqua Oliver. Tu ne la sens pas? Comme si tout tremblait légèrement...

- Non...

- Moi non plus, dit Léna. 

- C'est bien, vous n'avez qu'à partir à droite, dit Jules. Moi, je vais à gauche. Léna, Ava, vous venez avec moi?

- Euuuh... d'accord, fit Léna. 

Ava n'était pas du même avis:

- Je ne sais pas ce qu'est ce délire de vibrations, mais ça ne m'inspire pas confiance. Je vais avec Mathieu et Oliver. De toute façon, plus vite partis...

- ...plus vite revenus, conclut Jules. Allez, viens, Léna. 


LÉNA:

Elle n'avait pas trop réfléchi avant de suivre Jules. Elle n'y arrivait tout simplement pas. Le choc. Tout s'était passé si vite...
Ses bottes commençaient à être trempées par la neige et ils n'avaient rien repéré de spécial lorsque Jules s'exclama:

- Hé, Léna, t'as vu ça?!

Elle releva la tête juste à temps pour voir un hélicoptère survoler les pics, à sans doute une demi-douzaine de kilomètres devant eux.

- Meeerde! siffla-t-elle. On n'a pas pensé à prendre les fusées de détresse! Il faut retourner les chercher! 

Ils firent donc demi-tour et s'empressèrent de regagner l'avion, mais le temps qu'ils y arrivent, l'hélicoptère avait disparu. 

- Tires-en une quand même, dit Léna à Jules.

Peut-être quelqu'un l'apercevrait-il... C'était ce que Léna souhaitait de toutes ses forces en voyant la fusée flamboyante s'envoler vers le ciel.



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