Episode 4: En route

647 94 82
                                    

Après avoir quitté la route principale pour s'engager à l'intérieur de sentiers plus étroits, Léna tira de leur sac le matériel adéquat pour bander la jambe de Ginny.

- Tu n'aurais jamais dû approcher cet homme, autant et aussi rapidement, commença Léna d'une voix qu'elle voulut ferme mais qui trahissait sa peur palpable.

- N'importe quoi. Si on avait été trop longues, il aurait eu le temps d'appeler ses camarades ! ricana l'intéressée, ce qui agaça Léna. Et j'ai cru que c'était mon ex, pas son clone...

- Comment tu peux être aussi irresponsable ! Il aurait pu te faire tuer, Ginny !

- Pardon ? s'offusqua cette dernière. Si tu lui avais tiré dessus, rien de tout ça ne serait arrivé, je te signale, déclara t elle d'un ton sonnant comme un reproche.

Léna s'apprêtait à répondre mais Ava la devança :

- C'est moi qui lui ai dit de ne pas le faire. Elle t'aurait touchée, de toute évidence, dit-elle d'une voix qui ne traduisait aucune émotion.

- Regarde ce que tu as fait à Ava, à cause de ton imprudence ! cria Léna,  hors d'elle.

- Tu t'affoles pour rien, gamine, cracha Ginny. Tu me sermonnes, alors que sans moi vous seriez déjà mortes. Et en plus, tu m'accuses de choses inutiles.

Entendant ces mots, Léna serra le bandage de Ginny d'un coup sec, lui arrachant un léger grognement. Léna aurait voulu répondre quelque chose mais rien ne lui vint. Alors, elle se rassit au fond de son siège et se mit à bouder. Cette réaction, si normale en temps habituel, saisit Ginny qui se radoucit pour ajouter :

- Je connaissais bien mon ex... Et c'était un bad-ass. Jamais je n'aurais pensé que les clones réussiraient à le tuer.

- Excuse-moi... renchérit sa cadette.

Elle aurait voulu être forte, mais les larmes montèrent trop vite. Elle détourna son regard de ces yeux dorés et se focalisa sur le paysage, pensive. Malheureusement les paroles de son père lui revinrent en mémoire : "tu vois ma chérie, être bête comme moi peut parfois t'être utile. Je ne me pose pas de question et j'avance". Sa famille lui manquait. Jusqu'à présent elle s'efforçait de ne pas y prêter attention. Ava et elle avaient tenté de les appeler la première nuit, mais rien... Une sonnerie infinie sur les multiples mobiles qu'elles avaient essayé. Depuis, elles s'étaient jurées de ne plus en parler pour ne pas imaginer d'horribles scénarios. Dans certains cas, il ne valait mieux pas se poser trop de questions.

- Hey, intervint alors Ginny. Qui veut une pomme ?

- Moi, dit Ava sans quitter la route qui défilait sous ses yeux. Léna ?

- Moi aussi ! s'exclama l'intéressée. J'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis... Une éternité! Tu veux t'arrêter pour manger ? demanda Léna en lui tendant le fruit.

- T'inquiète, je gère, la rassura Ava en entamant sa pomme tout en tenant le volant de son autre main.

- Dites, fit Ginny qui guettait le ciel par la fenêtre, vous pensez que les clones ont réussi à récupérer des avions ?

- Parle pas de malheur,  marmonna Ava.

- En tout cas, j'aimerais qu'on s'arrête pour la nuit...

- Pourquoi ? demanda Léna perplexe.

- En fait, il me semble avoir entendu dire que les clones ont des sens largement supérieurs à nous, êtres humains. De nuit, le bruit du moteur nous ferait repérer à coup sûr...

- Et mince, soupira Ava.

- Bah, on s'arrête pour la nuit, c'est pas grave, dit Léna en haussant les épaules, et puis ça fera une coupure dans ce road trip.

Elles roulèrent quelques heures de plus, puis arrêtèrent le Land Rover dans un petit bois. Au moins, pensa Léna, si les clones avaient des avions, ils ne pourraient pas les voir sous le couvert des arbres... Elles mangèrent, puis Léna prit le premier tour de garde, tandis que Ginny et Ava s'endormaient dans leur siège. L'obscurité était quasi complète, et les bruits de la nuit amplifiés, ce qui mettait Léna très mal à l'aise, même à l'intérieur du véhicule. Elle faillit pousser un cri lorsqu'une main lui saisit l'épaule, presque trois heures plus tard.

- Hé, dit Ava, du calme c'est moi.

- Ah, oui ! Je suis un peu stressée... bégaya Léna.

- Je prends mon tour, va dormir.

Exténuée, Léna ne se le fit pas dire deux fois.



COALITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant