68 - A MOI DE JOUER

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J'ouvre les yeux. Un bruit me tire de mes cauchemards et la lumière de la télé m'agraisse. Mon portable vibre sur la table. 6 Appels en Absence : Jonathan.

Il est 23h56. Je bloque son numéro sans prendre le temps de réfléchir. Je veux reprendre ma vie en main et je vais commencer par y faire un grand ménage.

J'éteins la télé et me rendors sans trop de difficulté.

Lundi.

Mon père ne sait pas que je suis en arrêt alors je me lève vers 8h et me rend chez Sanah et Kamel. Je lui rends ses affaires que je n'ai pas eu le temps de laver.

On passe la matinée dans sa chambre, elle me raconte comment Kamel s'est engagé à s'investir dans leur couple, comment il s'est excusé pour tout ce qu'il a pu faire. Je suis heureuse pour eux, j'espère que ce sera un vrai couple maintenant. Quoi que Sanah ait pu dire par le passé, elle est très amoureuse de lui.

On déjeune ensemble puis je quitte son appartement pour me rendre à l'hôpital.

13h14 - Je me gare dans le parking bondé. Je marche jusqu'aux ascenseurs pour regagner la chambre où est hospitalisé Yacine.

Je respire un grand coup avant d'ouvrir la porte. Je prie pour qu'il soit mieux et qu'il puisse enfin me parler.

Il est toujours allongé sur le dos, les yeux fermés, des tuyaux et des fils un peu partout. Je m'approche de lui et lui caresse l'avant bras. A mon contact, ses poils se dressent et des petits points courent tout le long de sa peau. Il réagit au touché.

-"Bonjour Yacine, c'est moi. Tu m'entends ?"

Ses paupières bougent mais ne s'ouvrent pas. 

Je passe l'après midi à lui parler comme s'il m'entendait. Je lui dis que je tiens à lui, que je suis là pour lui, que je suis heureuse malgré tout de l'avoir rencontré mais que quand il ira mieux chacun fera son chemin de son coté. Je lui dis que je ne veux pas ce genre de vie, que j'ai lu les messages dans son portable et que mon coeur est malade par sa faute mais que je ne lui en veux pas. Je lui dis que je ne veux pas être sa femme.

Avant de partir, je lui carresse le visage, lui fais des bisous et lui dis que je l'aimerai toujours...

*     *    *

Mardi.

Hier, Kamel et Sanah m'ont demandé de venir les aidé à remettre de l'ordre dans l'appartement de Yacine. Ils ont encore des choses à eux à récupérer et Kamel doit récupérer l'ordinateur portable de son frère pour gérer la boutique.

9h. Nous sommes tous les trois dans l'appartement de "l'horreur" je ne supporte plus cet endroit. Autant je le trouvais bien avant que tous ces drames s'y passent mais maintenant, je suis angoissée à l'intérieur. J'ai qu'une envie c'est de fuire en courant. Je prends beaucoup sur moi. 

Il nous faut plus de deux heures pour tout ranger , aérer et tout nettoyer. Avant de partir, Kamel me tend une enveloppe assez épaisse.

-"Tiens, c'est pour toi, tu l'ouvriras quand tu seras seule."

Je me demande ce que ça peut être, je la mets dans mon sac. Je pars avant Sanah et Kamel et dans la voiture, j'ouvre l'enveloppe en tremblant un peu.

Il y a une dizaine de billets de cinquante euros. Je ne sais pas quoi penser mais ça tombe bien. Je suis à sec d'essence et j'ai déjà pris vingt euros dans le porte feuille de Yacine. Je sais qu'il ne dira rien, il reste encore quelque billets dans son portefeuille que je garde dans mon sac.

Je passe mon après midi à l'hopital. Yacine ne montre pas d'amélioration. Je continue de parler avec lui. Le médecin vient me rassurer en m'indiquant que son activité cérébral était normal et qu'ils allaient diminuer les doses de cédatifs progressivement. Ils devraient être conscient d'ici quelques jours.

Confessions d'une Banlieusarde - Lehya SaïdiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant