Confessions d'une Banlieusarde - Lehya Saïdi

41 - LE RETOUR

6h le réveil sonne.

Je n'ai pratiquement pas dormi de la nuit, j'étais tellement pressée d'être le lendemain que la nuit est passée très lentement.

Je suis fatiguée, épuisée, mes yeux me piquent mais je suis trop contente de rentrer.

Je me lève du lit et fonce dans la salle de bain. Je me prépare en cinq minutes. Ma valise est bouclée.

Yacine a du mal à émerger, il est encore au lit alors que je suis prête.

J'allume la télé pour faire un peu de bruit, il finit par se lever sans trop d'enthousiasme.

Nous n'échangeons aucun mot. J'ai l'impression qu'il n'a pas du tout envie de rentrer.

Il est ailleurs et évite de croiser mon regard. Je le sens tendu.

Je ne pose pas de question, l'important était pour moi d'arriver à l'heure à l'aéroport et d'être dans cet avion !

6h43. On tape à la porte. Je vais ouvrir, c'est Rabah. Il nous a apporté le petit déjeuner.

-« Bonjour Lehya, ça va ? Tiens le thé et les crêpes. Je vous attends dans la voiture. »

Il me tend un thermos et une assiette de crêpe. Qu'il est gentil cet homme.

- « Bonjour Rabah, viens, rentre prendre un thé avec moi, Yacine n'est pas prêt ... »

Il me sourit et entre.

Le temps que Yacine se prépare, Rabah et moi avons bu notre thé et nous sommes dit combien nous étions contents de s'être rencontré.

Rabah se lève en voyant Yacine arriver et dit :

- « Il faut y aller, sinon vous allez être en retard. »

Je sers du thé à Yacine dans mon verre, il le boit presque d'une traite, Rabah prend ma valise, Yacine la sienne et on se dirige vers la voiture.

Je fais un petit bisou rapide à Yacine pour le détendre.

Je suis soulagée, je regarde l'heure toutes les 5 minutes. Je ne veux pas rater l'avion.

Dans la voiture, personne ne parle, je regarde par la fenêtre comme pour dire au revoir à ce pays. Ce pays magnifique mais qui me laissera des souvenirs amers.

Nous arrivons à l'aéroport après plus d'une demi-heure de route.

Yacine sert la main à Rabah et le remercie. Je fais la même chose et nous nous enfonçons dans l'aéroport. Plus je m'approche de l'avion plus je sens mon cœur s'alléger.

Mais plus nous avançons et plus je sens Yacine se fermer...

Nous passons les contrôles et montons dans l'avion. On est maintenant assis sur nos sièges. Yacine me fixe, il a l'aire de réfléchir.

- « Qu'est c'que t'as ? »

- « Rien »

- « Pourquoi tu m'regardes comme ça ? Tu penses à quoi ? »

-« A rien »

Il n'est pas net ce type. Plus j'apprends à le connaître, plus je me dis qu'il doit avoir un problème psychologique ?

Il me regarde avec insistance, j'ai l'impression d'avoir un inconnu à côté de moi.

Je suis tellement fatiguée que je n'ai même pas envie de chercher à comprendre ce qu'il a, je pose ma tête sur son épaule, il passe son bras autour de moi et je m'endors juste après le décollage.

Je me réveille au moment où j'entends :

« Nous débutons notre descente, veuillez regagner votre siège, attacher vos ceintures, rabattre vos tablettes et éteindre vos appareils électroniques... »