44 - ORLÉANS

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        Je roule sans vraiment savoir où je vais. Je m'engage sur l'avenue Daumesnil, passe par la porte dorée pour regagner le périphérique extérieur. Je roule jusqu'à l'autoroute A6. Je ne pense plus à rien. J'ai juste envie de fuir. De ne plus entendre parler, je veux m'échapper de tout ça.

Je veux tirer un trait sur Yacine, sur Hayat, sur Khaled...

Tout ce qui me retient, c'est mon père et mon frère.

Mon téléphone posé dans le vide poche n'arrête pas de sonner. Il affiche un numéro que je ne connais pas, qui doit être celui de Jonathan, et celui de Hayat. J'ai une quinzaine d'appels en absence quand je décide de l'éteindre. Plus je m'éloigne de Paris plus je me sens légère. Je ne réfléchis plus.

Il est 13h30 quand la jauge de ma voiture atteint la réserve. Je sors dans une ville qui s'appelle, Les Ulis, mets le plein et reprends mon chemin. Je n'ai rien avalé depuis le demi capuccino de toute à l'heure. Après plus d'une heure de route, je m'arrête à Orléans. Je ne connais pas du tout cette ville et je me rends compte que je suis déjà bien loin du quartier.

Je ne m'étais jamais aventurée seule comme ça aussi loin. Je roule dans les rues de la ville jusqu'à me retrouver sur les bords de la Loire. Je bifurque pour m'engager dans le parking d'un centre commercial, je me gare. J'entre dans le Monoprix, achète des gâteaux, un sandwich, des bonbons, des chips de la boisson et regagne ma voiture. Je démarre et longe les quais, sans réfléchir je me gare devant un hôtel : L'escale Océania. Je reste dans ma voiture quelques secondes.

Qu'est-ce que je suis en train de faire ?

J'ouvre la portière, prends le sac de course, mon sac de voyage dans le coffre, verrouille les portes et entre dans cet hôtel.

Une femme à l'accueil me sourit :

- « Bonjour Madame, bienvenue, que puis-je faire pour vous ? »

- « Bonjour, je voudrais réserver une chambre pour ce soir s'il vous plait. »

- « Oui, pour une personne ? »

- « Oui. »

- « Vous prendrez le petit déjeuner ? »

- « Oui »

Je paye, prends les clés de ma chambre et monte.

La chambre n'est pas très grand mais très mignonne. J'enlève mes chaussures, pose mes sacs sur le lit, allume la télé et rallume mon téléphone.

15h57.

7 Nouveaux messages vocaux.

2 Nouveaux SMS

J'écoute les messages :

13h15 Hayat : -« Pourquoi t'es partie Lehya ? Reviens, j'suis avec Jonathan on t'attend... »

13h17 Hayat :-« Lehya rappelle moi... »

13h34 +3362... : « Lehya c'est Jonathan, j'voulais pas qu'tu l'prennes comme ça. J'veux juste t'ouvrir les yeux. On est au même café que toute à l'heure, fais demi-tour et reviens. »

14h10 +3362... : « Écoute, si j'suis venu te chercher c'est que j'm'inquiète pour toi. Peu importe c'que t'as fait avec lui et ce qu'il t'a fait. On s'inquiète. Je m'inquiète. J't'ai dit que je serai là si t'as besoin. Si Hayat m'a raconté tout ça c'est par c'qu'elle s'inquiète pour toi. J'te rappellerai plus. Si tu veux m'joindre, appelles à ce numéro. »

14h42 Yacine : « C'est moi, pourquoi j'tombe sur ta messagerie ? Appelle-moi. »

15h00 Yacine : « Bébé, rappelle moi s'te plait »

Confessions d'une Banlieusarde - Lehya SaïdiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant