Confessions d'une Banlieusarde - Lehya Saïdi

42 - PLUS RIEN

       

Un bruit assourdissant me tire de mon sommeil.

J'entends taper et hurler.

-« Ouvre ! Lehya Ouvre putain !»

J'ai l'impression que les murs de la chambre vont tomber, tout tremble.

L'horloge sur la table de chevet affiche 00h12

Je me rappelle que je suis dans son lit...

Mon coeur bat de plus en plus vite et de plus en plus fort.

Je l'entends crier :

-« Ouvre putain ! »

Je me lève presque en courant et vais ouvrir la porte.

Il fonce sur moi les sourcils froncés, colle son front au mien et me dit :

-« Tu joues à quoi putain !? »

Je ne baisse pas les yeux et tiens mon regard. Je ne lui réponds pas et lui tourne le dos pour retourner me coucher.

Au fond de moi, j'ai peur, je ne sais pas comment son humeur va changer et surtout s'il va se calmer. Je sens que tout peut basculer, il est fou...

Il ne me dit rien et me regarde m'allonger sur le lit. Il se rapproche, tire la couverture et me dit :

-« Ramasses les merdes que t'as mi par terre ! »

Je ne bouge pas, ne lui réponds pas, je suis mal réveillée et je n'ai pas la force de me lever pour ramasser ce que j'avais laissé tomber par terre.

Il cri encore plus fort :

-« La vie d'ma mère que tu vas te lever et ramasser c'qu'il y a par terre ! »

Il m'attrape par les cheveux et me tire pour me lever violemment du lit. Il put le shit et la clope.

J'essaie de me débattre en hurlant à mon tour :

-« Lâches moi ! T'es malade ! »

- « Ferme ta gueule ! Ferme ta gueule !»

Il n'a aucune pitié, ses yeux sont rouges et vitreux. Il regrettera surement ce qu'il est en train de faire mais en attendant il me fait mal, il me fait peur.

Je suis à genoux sur le sol et je ramasse ce qu'il y a devant moi : les feuilles à rouler, un briquet, une télécommande, des clés, des pochons, un portable, des enveloppes...

Il est debout, il me parait tellement grand.

Je me relève doucement, pose tout sur la commode et me dirige vers la porte de la chambre pour partir.

C'est décidé, je ne reste pas une minute de plus avec lui...

Il me saute dessus, il me retient me serre de plus en plus fort.

-« Tu vas où ? Tu crois qu'tu vas aller où là ?! »

Je ne comprends pas son comportement, rien ne s'est passé pour qu'il agisse ainsi. Il a perdu la tête, je veux m'échapper mais j'ai peur.

Je force le passage, il me retient de toutes ses forces, peu importe s'il me fait mal, je ne sens plus la douleur et je force aussi le plus que je peux pour arriver à la porte d'entrée de l'appartement.

Je sens que je n'y arriverais pas.

Je suis en pleure, j'essaie de le convaincre de me laisser partir.

-« Lâche-moi Yacine ! Lâche-moi ! T'es fou ! Laisse-moi partir ! »

Il ne m'entend pas. Je tente le tout pour le tout pour le faire réagir, je lui donne des coups comme je peux pour qu'il me lâche, et j'hurle comme une hystérique :