28 - TESTONS-LE

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Il roule sans me regarder, il a du sang sur lui. Je ne sais pas quoi lui dire. Sa main droite est rouge et gonflée.

Je tremble encore.

Il roule jusqu'au quartier, se gare en bas de chez lui. On sort de la voiture, il prend les sacs qu'il avait posé sur les sièges arrières et on monte en silence.

L'appartement est vide, je m'assoie sur le canapé et essaie de me calmer en prenant de grandes inspirations. Yacine va dans sa chambre puis dans la salle de bain.

Je me lève et me rends à la cuisine pour boire un peu d'eau.

Je le rejoins dans sa chambre, il me regarde, ne dit rien. Je m'approche et enroule mes bras autour de sa taille, je pose ma tête contre son torse. Son cœur bat encore très vite. Il se laisse faire et fini par me prendre dans ses bras.

- « J'sais pas c'qui m'a pris...J'les ai vu autour de toi, j'ai vu qu'ils insistaient, j'ai pété un plomb... »

- « Yacine, tu peux pas faire des trucs comme ça, on est des adultes. Il faut que t'apprennes à avoir confiance en moi. Je t'aime, j'veux être ta femme. Ce comportement c'est c'qui va tout gâcher... Tu vas passer ta vie à frapper les hommes qui tourneront autour de moi ? Tu veux finir en prison ? »

Il ne me répond pas. Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête. Il venait de faire un boucan dans ce centre commercial.

Je le relâche et le regarde dans les yeux un moment. Il évite mon regard.

- « J'vais rentrer chez moi, repose toi un peu... »

- « J'te raccompagne »

Il prend ses clés, j'attrape mon sac et on redescend. On entre dans la voiture et il me dépose en bas de mon immeuble. Il attend que je sois rentrée dans mon hall pour partir.

Je regarde ma boîte à lettres et je vois une enveloppe marron dépasser. Je prends la clé et l'ouvre. Il y a une grande enveloppe marron et une petite enveloppe SFR.

Je monte les escaliers et ouvre l'enveloppe. C'est la réponse à ma demande de visite pour aller voir Khaled.

J'ouvre la porte et finis de lire le courrier. J'ai le droit d'y aller trois fois par semaine : Lundi, mercredi et Samedi en matinée.

Je plis l'enveloppe et la glisse dans un tiroir de mon bureau sous des papiers.

Je suis toute seule chez moi et je me sens seule. Tellement seule...

Je vais dans le salon m'allonge sur le canapé et allume la télé.

Mon portable affiche 15h.

Je veux appeler Hayat pour lui raconter ce qu'il venait de se passer mais je me ravise, encore une ombre au tableau, je ne veux pas de ses critiques.

Je fais tourner une machine pour commencer à préparer ma valise. Je ne suis plus sûre de vouloir partir mais c'est trop tard. Il a pris les billets et si je lui dis que je ne viens pas je ne sais pas comment il va réagir.

Je prends ma grande valise au-dessus de mon armoire et commence à composer des tenues pour le Maroc.

Je prends des trucs simples et des valeurs sures :

Sous-vêtements, maillots une pièce, foulards, gilets, jeans, chemisiers...

Ma valise se remplie. Je laisse de la place pour mes deux paires de chaussures et les vêtements que Yacine m'a acheté toute à l'heure.

Quand je finis tout ça il est 18h passé, Yacine ne m'a pas appelé. Je prends mon portable et l'appelle. Il ne répond pas. Je retente et là une fille répond. Je comprends que c'est Sanah (en arabe):

Confessions d'une Banlieusarde - Lehya SaïdiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant