11 - JE L'AI SUIVI

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Je sors du commissariat, vers 9h00. Je suis retournée, dans tous les sens du terme. Mes yeux me brûlent.

Je me sens sale, je suis épuisée et je n'sais même pas comment rentrer chez moi. On est dimanche et je ne sais pas quel bus je dois prendre.

Je prends mon portable, il ne me reste pas beaucoup de batterie. J'envoie un texto à Yacine :

9h13 « TU PEUX VENIR ME CHERCHER AU COMMISSARIAT DE BONDY STP ? »

Il m'appelle tout de suite et au moment où je décroche mon téléphone s'éteint.

Je m'assoie sur un muret devant le commissariat et j'attends. Une chose est sûre c'est qu'il est réveillé et j'espère qu'il va venir me chercher. Mes yeux se ferment tout seuls.

Trente minutes plus tard, j'aperçois la voiture de Yacine dévaler la rue à fond. Le moteur hurle et je me dis : soit il est pressé de me voir soit il est énervé. Je sais que c'est la deuxième option vue la tête qu'il fait.

Il freine devant moi et sort de la voiture sans couper le contact. Il s'avance vers moi, inquiet et rouge de colère. Je me lève au ralenti.

- « Qu'est c'que tu fous ici ? Pourquoi t'es là ?! »

Je lui ai demandé de venir sans réfléchir à ce que j'allais lui dire. Je décide de lui dire la vérité.

Il a pris mon sac et m'a dit de monter dans la voiture.

Je tente de lui expliquer que j'étais chez Hayat et que son frère a proposé de me raccompagner.

Je mens un peu...oui je sais.

-« T'es conne ou quoi sérieux ? Putain ! Mais j'tai dis tu m'appelles quand c'est comme ça. Tu montes avec ce fils de pute ! Tu mouilles devant ses caisses c'est ça ?!!! Tu crois qu'j'le connais pas ce p'tit batard ! »

Il me hurle dessus, donne des coups de points sur le plafond de la voiture et frappe sur son volant comme un hystérique.

- « Mais t'es une putain en fait ! »

Je m'effondre en larme. Il roule vite et tourne la tête vers moi.

« Ahh tu pleures maintenant !? Tu vas faire la pute dans son quartier, tu t'retrouves au comico et tu pleures en plus !? »

Il s'arrête à un feu rouge, me regarde avec de gros yeux et m'attrape par les cheveux pour mettre ma tête en arrière et il cri :

-« C'est quoi ça !!??? »

Il regarde mon cou, il manque de s'étouffer. Je me demande de quoi il parle et je me rappelle du suçon qu'il m'a fait hier.

J'essaie de réunir les dernières forces qu'il me reste pour hurler avec ma voix cassée.

- « Mais c'est toi qui m'a fait ça hier !!! »

Ses yeux sont rouges et brillants. Ses tempes bougent et ses mains se serrent.

- « Tu t'fous d'ma gueule en plus ? C'est c'batard qui t'as fait ça ?!! Putain mais j'suis un fils de pute si j'lui baise pas sa mère !! REGARDE-MOI !! J'vais pas t'le redire, ta pute de copine tu vas la zapper, j'veux plus t'voir là-bas et j'veux plus t'voir avec elle ! T'as compris ?! Il t'a emmené en garde à vue putain !»

J'ai envie de crier : STOP ! Fais ta vie déposes moi ici je vais me démerder pour rentre chez moi et fais ta vie ! Je suis une pute alors ne me calcule pas ! Pourquoi tu me prends la tête si j'suis une putain ?

Mais je n'ai rien dit. Mes larmes ne sortent même plus.

- « Je te jure que c'est toi qui m'a fait ce suçon et tu l'sais alors arrête ! »

Il ne me répond pas et se concentre sur la route. Il respire fort et rapidement en continuant a serré le volant avec ses deux mains.

En arrivant au quartier, je pensais qu'il allait me dire : Écoutes, toi et moi c'est fini rentre chez toi on se calcule plus. Salut !

Mais nan, il s'est garé en bas de chez lui.

- « Yacine, j'suis fatiguée j'vais rentrer chez moi, j'veux m'laver, j'ai envie d'vomir et mon père ... »

Il sort de la voiture et me coupe la parole.

- « Montes ! »

A ce moment-là, pour la première fois, j'ai eu peur de lui. Sa voix, son regard, il est enragé.

Je ne veux pas qu'il cri devant tout le monde alors je le suis en silence.

Les femmes se rendent au marché et il y a du monde autour de nous. On nous regarde nous diriger vers l'immeuble. J'en ai marre de ces commères, je veux leur hurler : J'VOUS EMMERDE !

J'ai fermé ma gueule et je l'ai suivi les yeux piquants surement rouges et gonflés.

Confessions d'une Banlieusarde - Lehya SaïdiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant