34 - BIZARRE

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On roule, j'ouvre ma fenêtre.

- « J'aime pas quand tu fumes, ouvre ta fenêtre... »

Je sais qu'il ne fume pas tout le temps mais quand il prend une cigarette c'est qu'il est énervé ou contrarié.

Il ouvre sa fenêtre et jette la cigarette.

- « Franchement ta mère elle exagère, elle est blessante ! »

- « Tu veux que j'fasse quoi ? C'est ma mère. »

- « J'croyais que tu lui avais parlé, pourquoi elle réagit comme ça ? Elle est humiliante.»

- « Elle veut une marocaine pour moi ça peut s'comprendre, elle aurait préféré que j'lui ramène une marocaine même de France »

- « J'espère que ça va lui passer, par c'que j'vais péter un plomb ! »

Il ne dit rien, s'arrête en plein milieu de la route, se tourne vers moi et me dit:

- « Tu parles de ma mère là ! Tu vas péter un plomb de quoi ? Qu'est c'que tu vas faire ?! »

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je l'ai pas insulté ...

Il redémarre et vingt minutes de route plus tard on arrive à proximité de la place Jemaa el Fna. Il s'arrête devant un hôtel, laisse la voiture à un voiturier et on entre.

C'est beau, mais je n'ai pas la tête à m'émerveiller. Il est devant moi, je le suis sans dire un mot.

Son téléphone sonne, j'entends qu'il dit à la personne qu'il est à tel hôtel et qu'il l'attend.

On s'installe dans une sorte de bar restaurant à l'entrée de l'hôtel.

- « Tu veux boire quoi ? »

Je ne veux rien, je suis absente et pense à autre chose. Est-ce que j'ai vraiment envie d'entrer dans une famille comme la sienne ?

Je lui dis sans réfléchir :

- « Euh... Un jus d'pomme »

L'hôtel grouille d'étrangers, de français et de filles légèrement vêtues. Je suis choquée par le comportement de certaines qui matent TOUS les mecs sans exception.

Je me dis qu'en fait, ça ne nous change pas trop de chez nous. Tous les lascars sont là et les mouches leur tournent autours.

Quelques minutes plus tard, un mec et une meuf s'approchent de nous.

Le mec a une vraie tête de marocain, il est très mat de peau, un peu plus petit que Yacine. La fille est perchée sur des hauts talons et porte une robe ultra courte et ultra moulante.

Yacine se lève et serre la main au type.

- « Ca va ou quoi frère ? »

- « Bien ou quoi la famille ? »

Yacine regarde la fille, elle n'est pas belle mais elle a un corps de malade.

La fille s'approche de lui et lui fait la bise, mais faut voir quelle bise c'était presque sur la bouche !

Je pète un câble, j'ai envie de la balayer ! Je me lève à mon tour, Yacine fait les présentations:

- « Lehya je te présente Anouar, Anouar Lehya ma femme »

Il se tourne vers la nana et ne dit rien.

Anouar me serre la main, la fille s'approche de moi, me fait la bise et me dit:

- « Asma, enchantée »

On s'installe à une autre table, puis Yacine et Anouar se mettent à parler.

Confessions d'une Banlieusarde - Lehya SaïdiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant