Chapitre 1 ♡ Mauvais siège

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Point de vue de Jen

Le matin où je suis partie, la circulation était horrible.

Les rues de Los Angeles étaient remplies de voitures. Bien que mon chauffeur de taxi m'ait convaincue que nous arriverions à l'aéroport à temps, j'étais de plus en plus désespérée à mesure que les minutes passaient et que nous n'avancions toujours pas.

On avait l'impression que tout le monde était sur la route ce jour-là, ce qui donnait un gigantesque embouteillage. Probablement le pire qui n'ait jamais été.

Et bien sûr c'était aujourd'hui.

Toute la matinée j'avais couru dans l'appartement, tâchant de mettre toutes mes affaires dans la seule valise que j'apportais à Vancouver. Après avoir vidé les étagères de la salle de bain et reconsidéré chaque vêtement que j'avais déjà mis dans la valise, je suis arrivée à deux conclusions.

Première conclusion : j'aurais dû faire tout ça hier.

Deuxième conclusion : c'était vraiment une mauvaise idée de prendre un avion avec une gueule de bois. Vraiment mauvaise.

La nuit précédente, j'avais fait une fête avec quelques-uns de mes plus proches amis et ma famille, puisque je pars à Vancouver pour quelques mois. Ça avait été une soirée incroyable, mais après seulement quelques heures de sommeil, mon humeur avait radicalement changé.

Ce qui, en y réfléchissant, était à prévoir.

« Serait-il possible d'aller un peu plus vite ? », ai-je demandé au chauffeur en essayant de ne pas avoir l'air désespérée, alors que je regardais ma montre pour la millionième fois. « Si je manque le vol... »

J'ai capté le regard du conducteur dans le rétroviseur. Un de ses sourcils était levé, et il a fait un geste vers les bouchons sur la route. « Je suis désolé, Melle Morisson, mais je ne peux rien faire avec cette pagaille. »

J'ai soupiré et forcé un sourire. En partie parce que je savais que ce n'était pas la faute du chauffeur, mais aussi parce que je n'étais pas pressée de passer encore trois heures dans un avion, puis quarante minutes en voiture jusqu'à l'hôtel. Après toutes ces années, j'étais habituée à voyager, mais ça ne veut pas dire que j'aimais toujours ça.

Après dix autres minutes de frustration, la circulation s'est un peu fluidifiée et nous sommes enfin arrivés à l'aéroport de Los Angeles. J'ai chaussé une paire de lunettes de soleil très opaques et piqué un sprint vers l'entrée.

Dans un aéroport, on remarque toujours immédiatement les gens qui nous reconnaissent.

J'ai vu une fille regarder dans ma direction la bouche grande ouverte, et j'ai tout de suite su ce qui allait arriver. Elle a saisi le bras de son ami, qui s'est retourné pour me regarder et a poussé un cri.

Ils ont presque couru vers moi, alors j'ai pris une photo avec eux et signé quelques papiers. Quand je me suis excusée pour me dépêcher, ils semblaient sur le point de défaillir.

Ces choses-là rendent les voyages un peu délicats, mais c'est une façon de créer du lien avec les personnes qui regardent et qui aiment la série. Je n'échangerais ça pour rien au monde.

Il y a presque exactement un an de cela, j'étais dans l'avion pour Vancouver pour rencontrer Adam Horowitz et Edward Kitsis, deux des scénaristes de Once Upon a Time. Aujourd'hui je prends le même avion, mais cette fois pour faire un bout d'essai avec un nouveau membre du casting et pour tourner la saison deux.

La dernière année était passée comme un éclair, et le soutien des fans était incroyable.

Une voix très monotone a annonçé que les passagers pour le vol en direction de Vancouver pouvaient embarquer. J'ai donc pris mon billet en main. Dès que j'eus trouvé mon siège, je me suis assise avec un soupir de soulagement.

J'ai attrapé mon livre, prête à me couper du monde pour les prochaines heures, quand quelqu'un m'a tapoté l'épaule.

« Euh...excusez-moi, mademoiselle ? »

Si il voulait un autographe, il aurait pu me le demander quand nous étions encore à l'aéroport, ai-je pensé. Maintenant ce ne serait plus qu'une question de temps avant que les autres passagers me reconnaissent, et je passerai probablement les trois prochaines heures à signer des autographes.

Légèrement hésitante, je me suis tournée pour faire face à un type qui paraissait mal à l'aise. Il tenait la sangle de son sac et se grattait derrière l'oreille.

« Je suis vraiment désolé, mais je crois que vous occupez mon siège. »

Mes joues devinrent écarlates. Le type ne m'avait manifestement pas reconnue, et il ne voulait pas non plus d'autographe.

« J'ai dû me tromper », ai-je dit, en essayant de trouver ma carte d'embarquement. Je l'ai sortie de mon portefeuille et j'ai cherché le numéro du siège.

Siège 123.

Le siège dans lequel j'étais actuellement assise n'était clairement pas le siège 123. C'était le 132.

J'ai regardé le type, qui était toujours là avec son sac sur l'épaule, et j'ai forcé un petit sourire.     « Je me suis effectivement trompée. C'est ma faute. J'ai dû être distraite. »

Les coins de sa bouche se sont soulevés et il s'est mordu la lèvre, levant un de ses sourcils comme par inadvertance.

Je me suis levée de mon siège et n'ai pas pu m'empêcher de sourire pour de bon en le regardant à nouveau. « Bon vol ».

« A vous aussi ». Il a fait un pas en arrière pour me laisser passer, s'arrêtant juste devant une vieille dame qui essayait d'atteindre son siège.

« Regardez où vous marchez, mon garçon ! », a-t-elle presque crié. Avant qu'il n'ait eu une chance de s'excuser, elle l'a bousculé pour passer d'un air agité et stressé.

Les gens autour de nous souriaient avec amusement tandis que je sortais dans l'allée.

J'ai levé mes sourcils et échangé un dernier regard avec le type avant de rejoindre mon propre siège.

Dix minutes plus tard, quand l'avion a décollé, mes pensées étaient déjà à Vancouver, où je ferai un bout d'essai d'ici deux jours. Ce n'est qu'une fois Los Angeles déjà loin derrière nous que mes pensées m'ont ramenée au type avec le sac. Il y avait un truc avec lui...

Je me suis redressée, jetant un coup d'œil sur ses cheveux foncés, puis me suis laissée retomber sur mon siège. Un sourire s'est alors étiré sur mon visage.

Ce devait être son accent.

The Fifth Floor [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant