Chapitre 14 ♡ Soupir

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C'était. Quoi. Ça.

Je ne pouvais plus bouger. Je savais que j'étais censée respirer, mais je ne pouvais pas. Alors je me suis retournée parce que je ne voulais plus les voir, et j'ai essayé de pas avoir l'air affectée par tout ça.

Mais évidemment Ginny l'a remarqué.

Et évidemment elle a attendu que Josh se soit éloigné pour attraper mon bras, m'entraînant dans un coin de la salle. « Tu me dois une explication. »

« Moi ? » Je l'ai regardée avec incrédulité. « Oh, si quelqu'un a quelque chose à expliquer, c'est lui. »

Elle avait l'air perdue. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Je lui ai montré les messages de Colin. D'abord, elle m'a jeté un regard encore plus perdu, mais ensuite elle a ouvert la bouche et s'est tournée vers moi. « De quoi ça parle, tout ça ? »

« Il me frôlait la jambe sous la table », ai-je dit entre mes dents. « Et puis il m'a envoyé ça. Entre parenthèses, d'où elle sort cette fille ? Elle est arrivée de nulle part ! »

« Attends une seconde. » Elle tenait toujours mon téléphone et faisait défiler les textos une nouvelle fois en se cramponnant distraitement à mon bras. « Je ne comprends pas. »

« Moi non plus ! » Je criais à présent, mais je me sentais si frustrée qu'il ne m'est même pas venu à l'esprit de baisser la voix.

« Ok...il est un peu bizarre. Mais – Il n'y a rien entre vous, n'est-ce pas ?

« Non », ai-je dit tout bas.

« Il n'a donc pas vraiment à expliquer quoi que ce soit. » Elle m'a pris la main. « Ecoute, je sais que vous êtes de bon amis. Mais si ça te contrarie tant que ça, va le voir et demande-lui ce qu'il en est. Je suis sûre qu'il te dira la vérité. »

Je ne savais pas vraiment ce qui me gênait à ce point. Je veux dire, je ne l'avais jamais questionné au sujet de ses relations, et ce n'était pas comme s'il devait me tenir au courant quand il voyait quelqu'un.

Mais je me suis sentie comme une merde pour le reste de la soirée.

Et une fois de retour sur le chemin de l'hôtel avec le chauffeur de taxi pour seule compagnie, j'ai su que je venais de dresser un autre mur – celui-là même que Colin avait réussi à faire céder.

* * *

Je devais arriver sur le tournage tôt le lendemain matin, et j'ai compris que ça allait être une journée difficile quand j'ai commencé à insulter mon radio réveil en me levant. Je me suis trainée hors du lit,  je me suis habillée et rendue au studio dans un état second.

Le temps passait affreusement lentement. J'avais plusieurs scènes au Pays Imaginaire sans Colin, je ne l'ai donc croisé qu'aux alentours de midi, alors que j'étais pelotonnée sur ma chaise avec un livre.

« Hey, tu n'as pas pris ton café ce matin ? »

« Pas vraiment », ai-je soupiré en le regardant à peine, avant de faire semblant d'être complétement absorbée par mon bouquin.

Il n'a rien dit. Il a hésité un petit moment ; puis il a haussé les épaules et s'est éloigné.

Je l'ai suivi des yeux tandis qu'il tapotait joyeusement le crâne de Josh.

Il ne te doit rien, je me répétais, mais ses messages brûlaient au fond de mon cerveau. Pourquoi m'aurait-il envoyé ce genre de choses si cette fille est sa copine.

La petite copine que personne ne connaissait.

Soupir.

J'offrais vraiment un visage déprimé quand un rire hennissant a capté mon attention. Josh et Colin manigançaient clairement quelque chose ; j'ai regardé par-dessus mon livre alors qu'ils prenaient tous les deux une pose ridicule. Michael arrivait tout juste à rester droit pour prendre la photo.

Je souriais, mais je ne m'en suis aperçue que lorsque le regard de Colin a trouvé le mien et qu'il s'est relevé. J'ai vite détourné les yeux, mais quelques instants plus tard il se tenait à nouveau juste devant moi, m'ôtant le livre des mains.

« Hey, qu'est-ce tu fais ? »

« Allez, il faut qu'on parle » a-t-il dit en me tirant de ma chaise.

Et, parce que c'était Colin, je me suis laissée entraîner à l'extérieur.

« Ok, quelque chose cloche », a-t-il dit quand on s'est retrouvés seuls.

J'ai enroulé mes bras autour de moi. « Rien ne clo - »

« Jen, s'il te plaît. Je te connais. Et je vois bien que quelque chose ne va pas. »

Je mourrais d'envie de lui demander pour Helen. Je mourrais aussi d'envie de lui demander pour les textos, mais en fin de compte c'est le contraire qui est sorti de ma bouche. « Ecoute, je ne veux pas semer la zizanie. Juste...Laisse tomber, ok ? »

Il était blessé ; je le voyais sur son visage. « Qu'est-ce que tu veux dire ? D'où vient ce malaise ? »

Il ne savait vraiment pas ?

« Tu te souviens de ce que je t'ai dit, cette nuit-là dans le couloir ? »

« Oui, bien sûr. »

« Je veux pouvoir te parler. Et je ne veux pas que tu dises ou explique quoi que ce soit, parce que les choses pourraient changer si tu le faisais. S'il te plaît. » Je tremblais, mais ce n'était pas dû à la température extérieure.

« Jen – »

« C'est plus simple comme ça » ai-je soufflé. J'ai serré la mâchoire pour ne pas éclater en sanglots devant lui.

Il ne comprenait toujours pas. Ça me tuait de le voir comme ça.

« Je ne veux pas gâcher notre amitié », ai-je dit. Je me suis penchée vers lui et l'ai doucement embrassé sur la joue avant de tourner les talons et de rentrer.

Si ça ne s'arrangeait pas, ça pourrait être la fin de notre amitié, et je ne voulais pas de quelque chose que le reste du monde jugerait. Tout était si facile avec lui.

Je ne voulais pas changer ça. Je ne voulais pas nous partager avec le reste du monde, parce que ça n'aurait pas été pareil.

Mais je savais également qu'il était tout ce que je voulais, et que j'étais désespérément amoureuse de lui.

The Fifth Floor [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant