chapitre 13

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En cours de route,  l'image de mamy ne me quitta point. 
J'étais tellement triste que j'en suis restée silencieuse tout le long du trajet et papa aussi ne fit rien pour mettre fin au pesant silence qui régnait.

Arrivée chez nous,  je partis directement m'enfermer dans ma chambre et le laissa sur le seuil du salon et le chauffeur aidé par le gardien descendre mes affaires.
Je me couchai à plat ventre sur mon lit tout en observant fixement un objet que papa m'avait offert lorsque j'ai eu mes six ans. C'était une boite à bijoux couleur or parsemée de petites perles roses qui ressemblaient de loin à des rubis mais sans aucun bijoux. 
Je me rappelle que grand-mére lui avait demandé alors:
        - mais que fera t-elle avec ça? Elle est encore trop petite,  elle n'en a pas besoin.

Papa avait simplement répondu:
          - elle en aura besoin.

C'est sûr que je n'exagérais pas en disant qu'il m'achetais même ce dont j'étais supposé avoir besoin à l'avenir.
Je fus tirée de mes reflexions par la voix du gardien:
           - mademoiselle,  puis je entrer? J'ai vos affaires à déposer.

Je soupirai et me leva pour aller ouvrir. 
         - je vous en prie.  Lui dis je.

Il entra,  déposa les valises et me fit un petit signe de tête avant de ressortir.

Je pris la plus petite valise, en sortis mon ordinateur et ma tablette puis me rassis sur mon lit.

J'avais une télévision dans ma chambre, télévision trop géante même à mon goût mais je ne l'utilisais que trés rarement car mon passe- temps favoris restait mon ordinateur.

J'ouvris mon ordinateur et commencai à me connecter lorsque quelqu'un ouvrit la porte de ma chambre.
Je levai les yeux et tombais nez à nez sur papa.
Je le fixai et lui s'assit à mes côtés.

        - tout va bien?  Tu n'as pas encore rangé tes affaires?  Me demanda t-il.
        - oui tout va bien.  Je les rangerai plus tard.
         - en fait je voulais te demander de ne pas les ranger.

Je le regardai incrédule.

        - et pourquoi?
       - parce que nous partons pour los Angeles en fin de semaine. J'ai été affecté là bas pour trois ans.

Quoi?
Il est sérieux lui de me dire ça comme ça?
Je ne peux pas.
Je ne l'ai pas prévu.

Et en plus je dois aller à l'école non?
Toujours est-il que je n'eus pas la force de prononcer le seul plus petit mot.

Mon pére reprit:
       - je l'ai déja annoncé à ta grand-mére.

Serait- ce donc pour ça que grand-mére pleurait?  Je n'en sais absolument rien du tout.

Puis tout d'un coup,  ma langue décida de se délier.

       - mais papa je ne peux pas y aller avec toi.  La rentrée est dans trois jours.

Il soupira.
         - oui mais cela ne te concerne pas vu que cette année scolaire-ci tu la feras à los Angeles.

Quoi?
Non,  il ne peut pas être serieux.
   
        - mais papa je n'ai rien prévu.  Je n'ai pas dit au revoir à grand-mére et à fatou aussi.  Comment veux tu que j'y aille dans ces conditions?
        - écoute jeune fille,  tu n'as rien à prévoir,  j'ai déja tout réglé. J'ai déja transféré tes dossiers scolaires à los Angeles aprés discussion avec ton directeur et tu es déja inscrite là bas.  Quant à ta grand-mére,  je viens de te dire qu'elle est déja au courant. Tu vois que tu n'as absolument plus rien à faire.
Je n'en croyais pas mes oreilles.
Il prévoyait tout et ne m'avisait que maintenant?
Bon sang, me dis je, mais il croit que ma vie est une partie de bowling ou quoi?
Pourquoi dispose t-il de la vie des gens comme ça lui chante et sans se soucier de leur opinion.  C'est exactement ce qu'il avait fait à maman.
Je suis peut être une enfant de dix ans, trop jeune même mais cela signifie t-il que je ne doive point ressentir d'émotions ?
        - mais papa sais tu seulement ce que c'est que de devoir partir sans avoir dit un "au revoir" correct aux personnes qui te sont chères?

Il me regarda surpris puis me répondit:
      - et toi jeune fille qui n'est née qu'hier,  sais tu toi ce que ça fait?        
      - je commence à le savoir. Répondis je.

Il sourit et me regarda amusé tandis que mon sang à moi bouillonnait de rage.

       - quels sont les gens qui te sont chers jeune fille?  La seule personne qui devrait compter dans ta vie c'est bien moi et uniquement moi.  Voila la raison pour laquelle je ne voulais pas te voir dans des relations amicales.
       - et grand-mére dans tout ça papa?
       - elle c'est uniquement ta grand-mére.  Me répondit-il comme si la réponse était évidente.

Seulement pour moi elle n'est pas du tout évidente.  Et dire que mamy l'avait aidé avec maman et passait son temps à dire qu'il est quelqu'un de bien. Moi,  ça ne m'étonnerait pas aprés ce qu'il vient de dire qu'il ait juste utilisé grand-mére pour se rapprocher de maman. 
Pauvre mamy! 
Elle a été naïve et moi je ne voyais plus papa de la même maniére.
Il n'a pas le droit de ne pas considérer mamy alors que cette derniére avait fait le sacrifice de se séparer de sa fille quitte à la blesser juste pour qu'elle se marie avec lui.
Donc tout ce que grand-mére me racontait à propos de sa politesse et de sa considération envers les gens n'était que pure simulation de sa part.
C'est vraiment écœurant!

        - papa,  grand-mére m'aime.  Elle me considére comme sa fille,  la seule être qu'elle ait en ce bas monde.  Elle ne supportera jamais que je sois loin d'elle.

         - eh bien elle devra s'y faire car tu es MA fille et pas SA fille. Et toi, cette intelligence qui te remplit le cerveau est trop supérieure à tes dix ans. Tu réfléchis trop mais bon qu'y puis-je? Tu es la fille de ta mére aprés tout.
Contente toi de faire ce que je te dis et tais toi.
Si les affaires qui sont dans tes valises ne te conviennent pas, choisis en d'autres seulement, dépéche toi de les préparer.
Tu devrais me remercier pour ce voyage au lieu de te plaindre.  Ça te permettra de te remettre d'aplomb car tu as drolement maigri de chez ta grand-mére.

Il était à ce moment même impassible et je sus que plus rien ne pouvait lui faire changer d'avis. Néanmoins je tentai la carte de la provocation afin de le blesser un peu:
      - non,  je n'ai pas maigri.  Laisse moi même te dire que je préfére la maison de grand-mére à ton palace.  Je ne sais pas pourquoi tu veux toujours penser que si ce n'est prés de toi je ne peux être à l'aise autre part.

  Je lui avais répondu d'une maniére dégoutée.

Il secoua la tête et se dirigea vers la porte.  Sur le seuil il se retourna et me contempla.
         - tu acquiers peu à peu le caractére de ta mére à ce que je vois. C'est trés bien.

Et pourquoi dit-il ça lui?

Il sortit enfin et je m'éffondrai sur mon lit en pleurs.

Sombre Réalité (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant