Sombre Réalité (Terminé)

chapitre 56

J'essayais tant bien que mal de comprendre ce qu'on m'expliquait mais il fallait avouer que j'y arrivais difficilement.

Mame astou me dit la chose qui me mit KO tellement je ne m'y attendais guére:
- il faut que tu partes d'içi le plus vite possible.
- quoi? Comment ça partir? Je ne veux pas partir moi.

Elle me prit par les deux épaules et me dit:
- tu dois savoir que depuis qu'il a épousé ta mére, ton pére prend en charge toute la famille même aprés le décès de fyfia. Il nous nourrit tous et envoie de l'argent mensuel à abdou faye, il nous a même acheté ce panneau solaire que tu vois là et que nous sommes les seuls à posséder dans ce village. Il a même payé l'intégralité des dépenses nécessaires pour que ta grand-mére aie des obséques digne de ce nom.

Donc ce minable savait pour la mort de grand-mére mariane et il ne m'avait rien dit. Encore une fois, il m'avait montré qu'il ne voulait pas que j'aie un quelconque lien grand-mére.
Il savait et pourtant ça ne l'avait pas dérangé outre mesure. Ça ne l'avait pas empêché de me faire du mal.
Et pourtant ça me ne surprenait pas tant que ça.
Venant de daour dorénavant je m'attendais à tout.

- Saches bien que j'ai essayé de persuader abdou de te comprendre, je lui ai même raconté ce que ton pére t'avait fait mais il ne m'a pas crut ou en tout cas il n'a pas voulu me croire. Mariane, ton grand-père n'abandonnera jamais tout ce que ton pére lui offre. Jamais il n'acceptera de mettre en péril sa relation avec daour pour te faire plaisir. Et en plus, il y a autre chose.

- quoi?
- depuis qu'il sait que tu es venue içi sans avertir ton pére, abdou faye s'est empréssé de le renseigner sur ta présence içi mais ce dernier lui a demandé de te garder quelques jours le temps qu'il clôture une affaire en Gambie et il viendra immédiatement te chercher. Je n'ai été mise au courant qu'hier nuit.

Je me débattais et me libérais des mains de mame astou pour me lever.

- mais je ne peux pas partir. Je n'ai nulle part où aller et en plus grand-mére mariane avait dit qu'il n'y a qu'içi que je serai en sécurité.

Mame astou me fixa un instant avant de secouer lentement la tête.

- le probléme avec ta grand-mére mariane c'était qu'elle prenait toujours les mauvaises décisions. Dans un premier temps elle a commis l'erreur de se donner à un inconnu puis elle est partie à Dakar, chose qu'elle ne devait pas faire et enfin, troisième erreur, elle t'a envoyé içi alors qu'elle ne devait pas.

- ou peut être voulait-elle rectifier son erreur en m'envoyant içi.

- alors si c'est le cas, elle n'a fait qu'empirer son erreur. En bonne fille du digne gardien des esprits, elle devait savoir que ce n'est pas toi que les esprits voulaient et qu'avec eux il n'y avait pas d'échange possible. C'était ta mére la fille sacrée, celle qui était indésirable. Toi tu es née dans les liens sacrés du mariage. Si tu ne pars pas, ton pére, pourrait venir te chercher à n'importe quel moment à partir de maintenant.

- de toute façon je suis maudite non? Donc où que je sois je souffrirai de toute maniére.

- si tu dois souffrir moi je préfère que ce soit dans un autre contexte que celui-ci. Si vraiment tu dois souffrir, souffre d'une autre maniére qu'en te faisant violer par ton propre pére et si tu attends qu'il vienne te chercher ça sera ce qui continuera d'arriver et tu le sais.

Je me jetais dans ses bras sans pleurer.
J'avais trop peur, j'étais trop perdue.

Qu'allais-je devenir mon dieu?
Où que j'aille je souffrirai?

- mais je n'ai nulle part où aller.
- si. Il y a la maison de cette vieille dame qui était l'amie de mariane. Celle qui t'avait demandé de venir içi.

- mame nogaye.
- oui. Je suis sûre que jamais ton pére ne pensera à aller te chercher là bas. Crois moi que j'ai pris un énorme risque en te disant ça. Je trahis mon époux parce que je te considère comme ma fille et je sais que tu n'es responsable de rien. Malheureusement les esprits ne pardonnent jamais. Tu dois partir au plus tard demain dès l'aube si ce ne peut être aujourd'hui.

Ma propre force en ce moment précis m'épata moi-même.

Je ne pleurais pas et pourtant Dieu savait que j'avais profondément mal.

Tellement mal que je n'arrivais pas à extérioriser cette douleur.
Elle restait bloquée à l'interieur.

Je me contentais juste de regarder mame astou sans émotions.

Je devais partir alors je partirai demain matin à la première heure.