chapitre 51

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         retour pdv mariane

Tout comme le premier, ce voyage aussi dura des heures.
Le car m'avait ensuite laissé sur la station diourbeloise où j'ai voulu prendre une charrette mais il était pratiquement minuit.
Il était vrai qu'en voyageant, je n'avais pas vraiment pris en compte l'heure de mon arrivée, du coup, je me retrouvais coincée en pleine nuit dans cette station qui m'était inconnue.
Le charretier m'avait longuement regardé puis m'avait demandé si j'étais originaire de la région.
Je lui ai répondu que ma grand-mére était originaire du village mais que c'était la première fois que moi j'y mettais les pieds.

Il me demanda si j'étais une "toubab" ( blanche).
Je souris et lui répondis que non j'étais africaine-sénégalaise tout comme lui.
Il me dit qu'il serait vraiment dangereux pour moi et pour n'importe quel charretier de s'aventurer dans la brousse à cette heure.
Ne voyant aucune solution car je ne connaissais personne là bas, je regardais partout perdue jusqu'à ce que le charretier me demanda de dormir sur sa charrette jusqu'à l'aube.
J'hésitais car il faisait vraiment froid mais je n'avais, non plus, pas le choix.

Il m'offrit la seule couverture un tant soit peu lourde qu'il trouva et me dit que lui, il, passera la nuit juste à côté sur une autre charrette et qu'en fait, il était aussi gardien des montures de ses congénéres .

C'était un jeune homme trapu et noir.

Je me mefiais un peu mais je n'avais pas le choix.
M'aventurer à cette heure à l'intérieur de cette brousse que je ne connaissais pas aurait été une pure folie.

Je montais sur la charrette, pris la couverture et m'en couvris jusqu'au cou puis sortis mon cahier de secrets et y mis ce qu'il s'était passé ces derniers temps.

Après avoir fini je mis mon sachet sous ma tête, fermais les yeux et me couchais sur le dos en priant pour que le matin arrive vite.

Je ne sus même pas quand est ce que je me suis endormie mais lorsque je rouvris les yeux, des oiseaux voltigeaient autour de moi.
Le soleil n'était pas complétement Levé mais ce devait être l'aube car il y avait une certaine clarté.

Bon sang!
Je me levais de suite.

Seul le charretier de la veille me regardait en souriant.

                      - bien dormi?
Je lui rendis son sourire.
                      - plus ou moins.
                      - les autres seront bientôt là. Puisque tu es réveillée, je crois pouvoir t'amener à l'interieur du village maintenant. J'aurais voulu t'offrir un petit déjeuner mais comme tu peux le voir moi même je n'en ai pas.

                       -non ça va aller. Je n'ai pas vraiment faim en fait. Et oui je suis prête à aller au village.

Ce charretier m'était vraiment sympathique en fin de compte.
Ah moi et ma manie de toujours être sociable!
C'est bien ça qui tracassait daour.

Mais je suis comme ça et point barre.
Pourtant ma grand-mére m'aimait bien comme j'étais.
Bon sang!
Pourquoi est ce qu'il fallait que je pense à elle.
J'en étais redevenue carrément triste.
Elle n'était vraiment plus là et j'en prenais réellement conscience en regardant autour de moi.
J'étais là bas pour accomplir sa derniére volonté mais aussi pour fuir daour.

Qui aurait put me faire croire que moi mariane je finirai au village.

C'était presque hilarant.
De bourgeoise à villageoise.
Décidément!

Avec le charretier, on traversa une forêt vraiment effrayante.
Les arbres étaient sérrés et en plus depuis qu'on avait quitté la station, je n'avais plus revu une seule petite case.

Il n'y avait que des arbres autour de nous.
Que des arbres.
Et pourtant ces arbres ne semblaient nullement perturber le charretier et notre monture.
Ils devaient être habitués mais ce n'était pas mon cas.
Et en plus, comble de désespoir, c'était la première fois que je montais sur une charrette.

La route étant assez cahoteuse, je fixais obstinément le sol jonché de paille et m'accrochais désespérément au bras du charretier qui souriait discrètement mais ne disait rien.
À chaque secousse, je poussais un petit cri qui me faisait honte.

Le soleil s'était alors Levé.

Enfin, j'aperçus une maison.
La charrette s'arrêta et je descendis.

Il y avait des cimetières à ma gauche.
Des cimetieres assez ouverts d'ailleurs.
Jamais je n'en avais vu d'aussi visibles. Presque sans clôture. Ouverts au grand air.

Je remerciais le charretier et lui demanda s'il connaissait la maison d'un certain mame abdou faye.
Il me répondit que non et que lui habitait de l'autre côté du village.

Du coup, aprés nous être séparés, je fus obligée d'entrer dans la demeure que j'apercevais pour demander ma route.

Une concession comme je n'en avais jamais vu auparavant, avec plusieurs cases adjacentes presque essentiellement de paille faites.

Pour moi, c'était magnifique comme tout.

Je trouvais une femme qui pilait le mil, son pagne soigneusement attaché au niveau du bas ventre et un enfant d'environ cinq ans qui jouait avec des batônnets assis par terre.
Il ne portait qu'une petite culotte et un t-shirt assez usé.

                     - assalamou aleikoum ( salutations) fis-je.

La femme cessa de piler, la main toujours accrochée au pilon et me repondit:

                     - moualeikoum salam ( reponse).

Aussitôt l'enfant se mit à crier et à sauter partout en battant des mains.

                    - wouy yaye toubab! (Maman une blanche!)

Je fus surprise par sa réaction mais à la seconde suivante je pouffais de rire.

L'enfant vint s'accrocher à ma main en sautillant et en me regardant comme si j'étais vraiment la première des merveilles.

                    - Mamadou! Bayil liguay def yow! ( mamadou arrête ce que tu fais!) Le reprimanda sa mére.

Moi, j'étais toujours amusée.

                      - grawoul. Xallé leuh. ( ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un enfant) . Mais keur mame abdou faye lay ladjté.( Mais je demande la maison de grand-pére abdou faye).

La dame me sourit.

                    - ah! Çe n'est pas trés loin d'içi. Mamadou va t'y conduire.

Elle regarda son fils.

                       - allez petit garnement. Conduis ta "toubab" chez mame abdou.

L'enfant ne se fit pas prier et me tira presque vers la porte.
J'eus à peine le temps de remercier sa mére que je me retrouvais déja hors de la maison.

Tout le long du chemin je discutais avec Mamadou qui me posait sans cesse des questions enfantines.
Il m'a même demandé s'il pouvait toucher mes cheveux.
Je baissais la tête et il s'en donna à coeur joie.

Il me caressa longuement les cheveux.

Lorsqu'on fut devant une maison immense, il tendit le doigt et me dit:

                    - c'est içi.

Je lui caressais la tête pour le remercier puis il s'est enfui en criant:

                      - j'ai touché une blanche! Je l'ai touché!

Il se retournait pour me regarder comme s'il n'y croyait pas et me souriait de toutes ses dents avant de continuer sa route en se touchant sans cesse la tête.

J'étais vraiment attendrie.

Mais la réalité, elle était là devant moi.

J'étais enfin arrivée à sambé.

Chez mame abdou faye.











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