Notre visite au magasin de déco se passa plutôt bien.
Mon pére me donna l'occasion de choisir par moi même les meubles qui me convenaient.
Je pris deux doubles commodes, deux meubles de coin pour entasser mes effets et pour finir une bibliothéque qui faisait presque la taille de mon armoire pour ranger mes innombrables œuvres de tout genre.Enfin nous rentrâmes satisfaits à la maison et même mon pére avait oublié notre petite dispute enfin je le croyais puisqu'il s'adressait à moi de nouveau avec douceur.
Aprés cela, j'ai eu pour sûr l'occasion de lui raconter ce qui s'était passé à l'école mais comme la majeure partie du temps je me suis ravisée au dernier moment et ai préféré ne rien lui dire en dépit de sa question, à savoir comment ma journée scolaire s'était passée.
On déjeuna et passa du temps chacun de notre côté.
Lui dans le salon face à un match de football, moi dans ma chambre face à mon ordinateur.
En fait, avec mon pére c'était toujours pareil.
On avait beau être trés proche, aucun d'entre nous ne piétinait dans le territoire de l'autre.
On respectait nos intimités mutuelles et cela nous convenait tous deux.
Mon pére n'entrait pratiquement jamais dans ma chambre en dépit de mon bas âge et moi aussi idem.
On passait du temps ensemble partout ailleurs dans la maison mais quand il se fut agit des chambres ou matériels personnels, aucun d'entre nous n'empiétrait sur le terroir d'autrui.
Je me rappelle que même étant trés jeune, agée de sept ou huit ans,c'est à dire deux trois ans en arriére, lorsque je faisais des cauchemards horribles, je me levai avec un petit cri, toute en sueur et m'emparai d'un livre au hasard qui se trouvait à portée de main , je lisais jusqu'à très tard puis je me rendormai.
Il ne me venait, malgré tout, jamais à l'esprit d'aller réveiller mon pére pour qu'il me réconforte et je jure que je ne savais même pas pourquoi. De même qu'il ne lui venait jamais à l'esprit de venir me réconforter tard dans la nuit en dépit de mes cris cauchemardesques.J'ai été responsable en quelque sorte trés jeune car malgré l'appui de mon pére financièrement et matériellement et de son obsession à m'éloigner de toutes les personnes qui m'approchaient, j'étais toujours indépendante psychiquement et cela, malgré toute la pression qu'il me mettait pour tuer mon caractére sociable.
On était en même temps proches et trés éloignés.
Car si son amour indéniable pour moi nous liait, sa froideur et son manque d'attention la plupart du temps nous éloignait.
Moi j'étais chaleureuse avec tous, mais lui n'aimait pas cela.
Moi j'aimais la compagnie, mais lui la détestait presque.
Il voulait que je ressemble en tout point à ma mére, mais moi je n'étais pas ma mére.
Il voulait me perfectionner à l'image de ma mére, seulement ma mére n'était pas parfaite non plus.Je suis mariane et je voulais l'être aux yeux de tous mais mon pére n'était pas de cet avis.
Je me rappelle donc que cette nuit, alors que j'étais réveillée en sursaut par un autre de mes cauchemards qui ne m'étaient d'ailleurs jamais arrivés depuis bien longtemps, j'avais la gorge sèche et le corps tout en sueur.
J'avais besoin d'un verre d'eau glacée.Je me levai donc en pyjama et sortai de ma chambre sur la pointe des pieds.
Puisque je n'entendais plus le son de la télé, je me disais que papa avai fini de regarder son match.
Mais une fois sur la derniére marche des escaliers, je fus étonnée d'apercevoir la lumiére du salon toujours allumée.
Je m'avancai donc doucement et me mit derriére la porte.
Là, je vis papa toujours assis sur son fauteuil mais avec la télé éteinte.
Il y avait une grosse boite à ses côtés et il avait la tête baissée sur quelque chose qu'il observait.
Je ne sus dire sur le moment ce que c'était mais ça ressemblait à un papier.
En m'approchant encore un peu, j'entendis papa monologuer et de par sa voix qui tremblait, je me rendis compte qu'il pleurait.Pourquoi pleurait-il?
C'est bizzare mais moi je l'avais jamais vu pleuré auparavant.Je regardai du mieux que je pus et me rendis compte que ce qu'il tenait était une photo.
Je tendis une oreille toute affinée et l'entendis parler à la photo en ces termes:" fyfia, pourquoi tu m'as fait ça?
Moi je t'aimais même si au tout début je ne te voulais que par prétention. Au fil du temps j'ai appris à t'aimer comme un fou et j'en étais même arrivé à ne pas pouvoir envisager une vie sans toi. J'ai été heureux d'apprendre que tu portais mon héritière, heureux au point d'avoir envisagé une vie avec toi et ma fille seulement içi à los Angeles aprés que tu auras accouché. On pensait tous que ta maladie était dut à ta grossesse jusqu'à ce que tu accouches et que ce maudit cancer caché depuis longtemps dans ton corps n'apparaisse.
Je ne voulais pas y croire parceque tu étais la fille la plus forte que je connaissais mais tu as quand même succombé, brisant ainsi tous mes rêves.
N'empêche, je refuse que mariane te ressemble tant physiquement pour rien.
Je refuse que tu sois morte juste aprés sa naissance par hasard.
Tu as sans doute tenu à me la laisser avant ta mort pour qu'elle occupe la place que toi tu occupais.
Je crois en cela parceque je refuse le fait que tu sois partie pour de bon.
Mariane est toi ? N'est ce pas ma fyfia ?
Moi je dis que même si elle n'a pas ton caractére, elle est toi.
Je jure que moi daour, je veillerai à ce que mariane soit toi même si pour ça je dois l'éloigner de tout le monde comme je l'ai fait avec sa grand-mére, ta mére.
Je l'ai amené dans ce pays comme je tenais à le faire pour toi et je continuerai à accomplir avec elle tout les rêves que je n'ai pas put accomplir avec toi."Il continuait à monologuer mais moi j'en avais assez entendu.
Comment est ce qu'il pouvait parler ainsi?
Pour sûr, je savais qu'il voulait que je ressemble à ma mére mais à ce point c'était presque de l'obsession et tout ce qu'il venait de dire me faisait peur.
Dois je vraiment vivre un calvaire et à l'école et à la maison?
Il m'avait amené expréssément dans ce pays même si son travail y était aussi pour quelque chose.
J'ai pensé sur le moment qu'il était en train de perdre la tête.
Si c'était le cas j'étais fichue.
Je retournai doucement dans ma chambre sans même avoir bu.
Je m'étais tracassée tout le reste de la nuit sans me douter une seule seconde qu'en fait ceci n'était que le début et que le pire restait à venir.
VOUS LISEZ
Sombre Réalité (Terminé)
No FicciónMariane,jeune fille sénégalaise de seize ans,orpheline de mére a 1 mois,issue d'une famille riche (enfin c'est uniquement son pére qui l'est) voit sa vie virer au cauchemard lorsque ce dernier, dans une sorte de perte de mémoire inexplicable, s'év...