Kids in America

3 1 0
                                    

Thomas

La délivrance enfin ! Le cours de math n'était pas encore terminé que déjà mes affaires étaient rangées dans mon sac. L'avantage d'être assis au dernier rang. Je suis le premier à me précipiter vers la sortie, mon professeur me fait une réflexion mais je m'en fiche, il est 16h46 et techniquement je n'ai plus à subir l'autorité de cet établissement ! Parfois, je me demande comment j'arrive à survivre à l'horreur du système éducatif. Il faut des nerfs d'acier pour ne pas se laisser broyer par ses rouages infernaux.

- Je déteste la trigonométrie, gémit Dean en me rejoignant. Tu te rends compte qu'il a commencé son cours sans même prendre connaissance. Si j'avais su que la septième serait aussi déprimante, je serais resté chez moi. Quitte à rester idiot toute ma vie autant être heureux à jouer à Warcraft à longueur de journée plutôt que de m'emmerder à l'école.

La tendance s'est renversée par rapport à ce matin. Mon meilleur ami serait-il en train de succomber à l'appel de la dépression ? Pas étonnant après ce que notre prof de math vient de lui sortir. Schnap, tu es vraiment bête à manger du foin ! Il serait peut-être temps que tu penses à éradiquer les maths de ta vie. Un jour de rentrée, c'est dur. Je me rends compte que je possède un atout majeur par rapport à Dean. Je déteste l'école, c'est vrai, mais je réussis avec une facilité déconcertante, sans même perdre mon temps à travailler. Je ne connais même pas ce mot. Stanley dit que ça ne durera pas et qu'un jour où l'autre je devrais me mettre à bûcher pour réussir. Si ce jour arrive, je préfèrerai aller vendre des frites en Alaska plutôt que d'ouvrir un cours de trigonométrie !

Je cogne amicalement mon poing contre son épaule, à moi de lui remonter le moral maintenant :

- Allez c'est fini, à nous la liberté maintenant !

- Pff... Tu rigoles, ça ne fait que commencer.

Nous passons le porche et marchons jusqu'à l'abri à vélo.

- Tu as ton argent de poche ? je demande.

- Bien sûr ! Tu crois vraiment que je pourrais oublier notre rituel du premier lundi du mois !

Nous nous dépêchons de laisser derrière nous l'école et ses mauvais souvenirs. Le soleil brille, la chaleur se fait toujours sentir, un petit vent frais souffle ; le temps idéal pour faire du vélo. Nous quittons la route principale pour une plus petite et surtout moins fréquentée. J'accélère et me met à zigzaguer sur le tarmac. Dean me rattrape, son regard croise le mien. Tiens tiens, il n'a plus l'air déprimé ce garçon ! Je le connais trop bien, je sais déjà ce qu'il va me demander.

- Le dernier arrivé au supermarché paye un comics à l'autre.

Je suis toujours partant pour une course, surtout pour un tel enjeu. Je heurte mon poing fermé au sien, c'est parti. Je pédale de toutes mes forces dans la ligne droite, Dean a un vélo beaucoup plus performant que le mien, il faut que je puisse compenser. Je commence à transpirer, je ne tiendrai pas longtemps comme ça. Heureusement, le supermarché n'est plus très loin et ma roue est toujours accrochée à celle de mon meilleur ami. Tout espoir n'est pas perdu !

J'aperçois le parking de l'Eldorado droit devant moi. J'appuie sur mes pédales avec encore plus de force, je veux prouver que malgré mon vieux vélo pourri je peux gagner. À côté de moi, Dean a l'air à l'aise sur sa selle, il prend même le temps de me jeter un coup d'œil avant d'accélérer à nouveau, sans difficulté. Lorsqu'il atteint l'entrée du parking, il rit et moi je suis essoufflé, dix mètres derrière lui. On dirait bien qu'il a gagné.

C'est donc en râlant que je pose les pieds à terre. Dean parade autour de moi, en danseuse, fier sur son vélo de compétition. Je ne le regarde pas, je fixe juste le bout de mes chaussures. Je ne suis pas en colère, je suis super en colère, comme tout mauvais perdant qui se respecte !

So Darkness We BecameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant