La disparition

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Rafe

Je suis seule dans mon bureau, je profite du calme. J'entends juste le bourdonnement de la radio dans la pièce d'à côté. Richard est incapable de travailler dans le calme, il lui faut toujours un fond sonore ! En réalité, je suis sûre qu'il roupille.

Mes yeux se posent sur la tasse vide, posée sur la table. Elle me rappelle à quel point j'ai envie d'une tasse de café bien chaude. Je me lève, ouvre brutalement la porte, dans l'espoir de surprendre Rich. Il ne dormait pas :

- Rafe, ça va ?

- Très bien.

Je me dirige vers la machine à café en baîllant. On a déjà connu ici des soirées plus agitées !

- Eddie est rentré chez lui ? je demande en volant un doughnut sur le bureau de Rich.

Il secoue la tête :

- Non, il a été appelé au cinéma. Pour une histoire de tags...

- Des tags ?

- Je pense. Mais il est parti vite et je n'ai pas compris tout ce qu'il m'a dit.

J'étouffe un rire, ce n'est pas la première fois que j'entends cette réplique sortir de sa bouche. Je le soupçonne même d'avoir des petits problèmes d'audition notre Richard. Ou alors, deuxième hypothèse, sa retraite approchant, il n'en a plus rien à fiche de son travail ! Les deux me semblent tout à fait possibles, mais j'opterais quand même pour la seconde. Je n'ai aucun doute sur le fait que Richard ait adoré son travail, mais après trente-six ans de loyaux services, on ne peut pas lui en vouloir d'attendre impatiemment sa retraite.

Je récupère ma tasse de café. Une voiture se gare devant la station de police. Je reconnais celle d'Eddie. Je m'approche de la fenêtre ; il ouvre sa portière, furieux, il fait descendre trois jeunes hommes de la banquette arrière. Je les reconnais immédiatement : Luke Hart et ses sbires, Troye Andres et Daniel Brasey.

- Non mais dis-moi, il a un laissez-passer pour le poste ce gaillard, commente Richard en envoyant sa cannette de coca dans la poubelle.

C'est Hart et ses amis qui entrent les premiers. L'air faussement penaud, leurs habits sont déchirés par endroit. Eddie les suit de près, le dépassant d'une bonne tête, je remarque que son arcade sourcilière saigne. Que s'est-il encore passé cette fois ? Je les connais ces gamins, ils font semblant de regretter, d'avoir compris nos avertissements, ils nous jurent qu'ils se tiendront à carreau et au final leurs pauvres parents viennent quand même les rechercher au poste une fois par mois avec un extra à l'occasion des fêtes locales!

- Rafe, tu tombes bien ! s'exclame mon adjoint, hors de lui. Hart ici présent, a jugé bon de taguer la façade du cinéma, pour la troisième fois.

- Sérieusement Hart ? Tu n'as rien trouvé de mieux à faire pour occuper ta soirée ?

- Attends, ce n'est pas le meilleur. Je l'interpelle calmement, il prend la fuite dans Winter Street. Je le suis et qui vois-je qui me barre la route ?

- Troye et Daniel ! répond Richard en avalant son quatrième doughnut de la soirée.

- Évidemment ! Et tu ne devineras jamais ce qu'ils ont fait ? Ils se sont rués sur moi et m'ont attaqué. À trois contre un, tu te rends compte ?! Bien entendu, je les ai maîtrisés et tu connais la suite, nous voilà ! Je suppose que je ne dois pas préciser qu'ils étaient pétés comme des coins... De mémoire de Morton, je n'ai jamais vu de tels imbéciles courir cette ville !

- Coups et blessures à agents, encore mieux les gars ! Dis donc, Hart, on va pouvoir rajouter quelques pages à ton dossier !

Eddie jette son bonnet sur son bureau, ses cheveux châtains ébouriffés se dressent sur sa tête, le cadet de ses soucis ! Je le rejoins et tamponne son front avec un mouchoir pour examiner sa blessure. Une coupure entaille son sourcil.

So Darkness We BecameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant