So Darkness We Became

Jour de rentrée

Thomas

Enroulé dans une couverture bien chaude, encore à moitié endormi, je profite de cet instant de calme. Le soleil pointe déjà son nez dans ma chambre et je peux apercevoir les dizaines de super-héros qui, accrochés aux murs, m'observent. Je sais ce qui est sur le point de se produire, mais la sonnerie stridente de mon réveil me fait quand même sursauter. Par réflexe, j'abats ma main sur cet engin de malheur qui met immédiatement fin à ses vocalises matinales. En grognant, je me retourne, me pelotonne un peu plus dans la couverture. Je veux juste gagner quelques minutes avant que la maison ne s'anime pour de bon. C'est sans compter sur Stanley qui est toujours pour mettre de mauvais poil dès le matin. Mon beau-père ouvre la porte brusquement, inondant ma chambre de sa bonne humeur exaspérante. Je tourne le dos à la porte

- N'y pense même pas mon garçon, c'est ta rentrée scolaire aujourd'hui et pas question d'arriver en retard ! claironne-t-il.

Je me redresse pour mieux jeter un regard noir à mon beau père, qui vêtu uniquement d'un peignoir presque violet, s'apprête à ouvrir les rideaux. Toutes mes chances de grasse matinée s'envolent aussitôt, ne laissant plus derrière elles que la dure réalité de la journée que je m'apprête à entamer. Ma rentrée scolaire... La simple idée de revoir les couloirs poussiéreux de Lutworth me donne la nausée. J'ai juste envie de prendre mes jambes à mon cou pour quitter pour de bon cette maison de fou. Que dis-je ?! Cette ville de fou. Mais, jamais je n'aurais le cran d'aller au bout de ce projet. J'ai cette fâcheuse tendance à subir ma vie.

La preuve... Dans un soupir, je me lève. Stanley parait ravi de ne pas avoir à batailler plus longtemps. Il quitte ma chambre tout sourire. D'un coup de pied, je claque la porte derrière lui.

Aujourd'hui, j'entame ma septième année à la Lutworth School de Silver Hollow. Ce qui ne m'enchante vraiment pas. Me retrouver à nouveau cloîtré dans une salle de classe avec des professeurs assommants et des élèves détestables ? Il n'y a pas plus horrible sur terre, croyez-moi ! Je hais l'école. Ou peut-être est-ce l'enseignement qui me hait ? Je n'en sais rien mais le résultat est le même.

Sans aucune motivation, je choisis un pantalon dans la pile de vêtements qui trainent sur mon bureau depuis plus d'une semaine. Je tente une incursion dans la salle-de-bain, histoire de mettre un peu d'ordre dans ma tignasse. La place est déjà prise, je suis accueilli par les protestations de ma sœur. Pour une fois, Rose a été plus rapide que moi. Elle me referme la porte au nez. Tant pis, j'utilise mes doigts en guise de peigne. Peine perdue, impossible de discipliner mes cheveux.

Il n'est encore que sept heures, je retourne dans ma chambre et me recouche tout habillé. Qu'est-ce que j'adore faire ça. Ces minutes sacrées sont mes petites méditations quotidiennes. Bien qu'il n'y ait rien de méditatif dans cette sieste très matinale, je laisse juste mon esprit vagabonder ; penser aux dernières bandes-dessinées que j'ai lues ou aux sucreries que j'avalerai en masse après l'école.

Lorsqu'une délicieuse odeur de pancakes arrive jusqu'à moi. Je me relève d'un bond, mon estomac criant famine. Je suis ces effluves sucrés jusque dans la cuisine où ma mère s'affaire déjà derrière les fourneaux.

- Bonjour Thomas chéri, s'exclame-t-elle en s'approchant pour me coller un baiser sur le front. Assieds-toi et mange, tu dois prendre des forces pour cette première journée.

Je dois être le seul à être aussi peu enthousiaste... Même Harper, le chien, qui à cette heure devrait encore ronfler dans le divan, fait preuve d'une joie de vivre qui m'écœure. Ma mère dépose quatre pancakes dans mon assiette et les arrose timidement de sirop d'érable, avant de me subtiliser la bouteille. Un instant, j'observe ma pitance avant de me diriger vers l'armoire à provisions, à la recherche de ces délicieux granulés en chocolat multicolores. Mon trésor à la main, je rejoins ma place, comblé. Dans mon dos, un soupir d'incompréhension.