Batcave

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Thomas

Mon réveil sonne. Je suis tellement fatigué que je me surprends à vouloir essayer d'éteindre cette machine infernale par la pensée. Je visualise le bouton du radio-réveil s'enfoncer pour mettre fin à cette sonnerie. Rien ne se passe. En soupirant, j'envoie mon oreiller à l'autre bout de la pièce. Il retombe à quelques mètres de ma commode où est posé ce réveil de malheur. Je sais, un réveil se pose normalement sur une table de nuit mais ma mère prend plaisir à le cacher tous les soirs, dans l'espoir que je sorte plus vite de mon lit le matin. On dirait bien que ça marche. Je me lève pour aller écraser mon poing sur le bouton arrêt. Et enfin, le silence revient.

Je retournerais bien dormir si je n'avais pas donné rendez-vous à Noah ce matin. Une affaire de la plus haute importance dont je dois lui parler. J'attrape des vêtements plus ou moins propres abandonnés dans un coin de ma chambre et fonce dans la salle-de-bain. Une bonne douche, voilà ce qui me réveillera. Je passe devant la porte de Rose, aucun bruit, elle doit encore dormir. Quelle veinarde ! Étant donné qu'elle fait partie des raisons qui m'ont empêché de fermer l'œil, je ne peux que lui en vouloir. Sérieusement, qu'est-ce qu'elle a été faire dans la forêt au beau milieu de la nuit en pyjama ? Je n'ai pas voulu la suivre, si à dix-sept ans, elle ne sait pas ce qu'elle fait ! Enfin, peut-être que j'avais un petit peu peur de remettre les pieds dans les bois après ce qu'il s'est passé hier mais juste un petit peu !

En tout cas, c'est une des questions qui m'a turlupinée toute la nuit ! Avec tout un tas d'autres comme ; où est-donc passée Louisa ? Ou encore ; y a-t-il réellement un monstre à Silver Hollow ? Et même ; va-t-on un jour la retrouver ? Je vous laisse choisir celle qui vous intrigue le plus.

Je prends la douche la plus rapide de l'histoire sanitaire et m'habille tout aussi vite. Il est six heures et il faut que je file. Avec un peu de chance, je pourrai sortir avant que la maisonnée ne se réveille. En silence, je me glisse hors de la salle-de-bain. J'ouvre la porte de ma chambre, jette mon pyjama sur mon lit. Je rate mon coup, tant pis. Mon sac de cours dans mes bras, je descends au rez-de-chaussée.

Harper est toujours couchée dans le canapé. Elle me regarde, remue la queue avant de sombrer de nouveau. Dans la cuisine, j'engouffre en vitesse un bol de Froot Loops. Je le dépose dans l'évier une fois terminé et m'apprête à prendre la fuite. Mais, mon blouson enfilé, mon sac sur le dos, dans le hall d'entrée, une main s'abat sur mon épaule.

- Tu es bien matinal !

Stanley ! Je me retourne pour faire face à mon beau-père dans son indémodable peignoir violet. Je lui adresse mon plus beau sourire, à contre cœur. Maintenant, il va falloir mentir pour le convaincre de me laisser partir.

- Je vais petit-déjeuner avec Dean chez Monty's. On a un exposé d'espagnol à présenter ce matin, on voudrait bien répéter une dernière fois avant les cours.

Les sourcils de Stanley se froncent. Mon mensonge devrait passer. En tout cas, si j'étais lui, je me croirais sans hésiter. En plus, on pourrait faire croire n'importe quoi à Stanley Milman tant qu'il n'a pas eu sa dose de caféine, même que les États-Unis ont subi une attaque de zombies pendant la nuit. J'ai déjà essayé et si ma mère n'avait pas mis son grain de sel, ça aurait fonctionné.

- Bon, vas-y mais tu fais attention et surtout tu ne passes pas par les bois !

- Ne t'inquiète pas, Stan !

Je l'embrasse sur la joue, il paraît étonné, puis je file. Dehors, l'air est frais et un épais brouillard entoure la maison, si dense qu'on ne voit même pas le lac derrière. Je récupère mon vélo dans le garage et je suis parti. Je roule à toute allure dans l'aube et, comme à chaque fois que je monte sur ce vieux vélo, mon vélo, je me sens libre. Mes questions s'envolent pour quelques minutes, mes peurs aussi et j'apprécie d'autant plus ce moment où la vitesse est ma meilleure amie.

So Darkness We BecameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant