Thomas
Juste nous deux et le silence dans ce hall froid. Dean est à côté de moi, il n'arrête pas de soupirer. Une heure déjà que nous sommes là, on a tout vu : les engueulades entre le shérif et l'agent Redfield, les sommes intermittents de Rich, les trois pots de glace enfilés par Ed. Puis d'un coup, tout le monde s'est activé, ils sont sortis un à un et nous ont laissés seuls avec Rich. Il est en train de somnoler.
Si j'avais su ce qui nous attendait, j'aurais réfléchi à deux fois avant d'essayer de m'introduire à la soirée de Gaby. Dean m'avait dit qu'on n'entrerait jamais, j'aurais dû l'écouter. Non seulement, on n'est pas rentré mais en plus on s'est fait ridiculiser. Je crains déjà le retour à l'école lundi prochain. Ça va jaser dans les couloirs !
Mais mine de rien, je suis assez fier de moi, puisque ce soir j'ai vécu ma première arrestation, comme dans les films. Et c'était plutôt cool ! Après ça, Terry Greenberg va peut-être enfin avoir peur de nous et nous respecter ! Bon, à mon avis, je suis bien le seul à me réjouir de cette arrestation. Si Eddie Morton s'est plutôt amusé de la situation, Shérif Foley, elle, était démontée de devoir se déplacer pour, je cite, deux gamins sans cervelles en proie à une poussée d'hormones. Quant à Dean, il s'est presque liquéfié en montant dans la voiture du Shérif. Je n'ose même pas imaginer ce que dira ma mère ou même Stanley en recevant le coup de fil de Foley disant que je les attends au poste.
Nouveau soupir à côté de moi, presqu'un gémissement :
- Je donnerais ma collection de figurines pour un creamy caramel latte ! commente Dean d'une voix monocorde.
Je souris d'envie en pensant à cette délicieuse boisson ultra sucrée divinement bien préparée par Monty. Ce n'est pas très recommandé de boire du café à treize ans, je le sais. Mais puisque personne, à part Dean, n'est au courant de mon addiction, je ne crains rien du tout !
- Oh oui, avec un muffin triple chocolat...
- Mais je ne vois pas l'ombre d'un café ici... grogne Dean en s'affalant sur le banc.
Et, comme pour nous contredire, Rich, à peine réveillé, se lève et rentre dans le bureau du shérif. Il en ressort deux minutes plus tard, un mug fumant à la main. D'une démarche nonchalante, il rejoint son bureau, laissant une odeur de caféine planer derrière lui.
- Vous voulez une grenadine, les enfants ? nous lance-t-il, soucieux de bien faire.
Une grenadine ? Il est sérieux ? J'ai presqu'envie de m'effondrer.
- Non, merci, répond Dean avec politesse.
Je me contente de hausser les épaules.
- Combien de temps on va encore rester ici ? me souffle Dean impatient.
Aucune idée... Jusqu'à ce que nos parents débarquent et les connaissant, s'ils ont eu vent de nos bêtises, ils vont certainement prendre plaisir à nous laisser mariner un peu plus longtemps que prévu.
Soudain un grésillement caractéristique de talkie-walkie brise le silence. J'échange un regard avec Dean, on avait pourtant convenu qu'on ne les prenait pas. Mon ami me montre ses poches en secouant la tête, me faisant comprendre qu'il n'a pas le sien. Je regarde dans la pièce, le talkie de Rich est juste devant lui. Ça doit être de celui-là que proviennent les interférences. Un deuxième crépitement se fait entendre, mais Rich ne réagit pas. Il doit devenir sourd.
- Rich, ton talkie ! je lui fais remarquer.
Il attrape un doughnut dans la boîte posée sur son bureau, sans lever les yeux du journal qu'il relit sans cesse :
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So Darkness We Became
ParanormalIl était une fois... Silver Hollow, une bourgade comme il y en existe des centaines dans le Maine ; une scierie, un pont couvert, un lac et une forêt. Une immense et mystérieuse forêt qui imprègne ce microcosme de son aura intemporelle. Idyllique en...