La séance

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Noah

Sur la table de nuit, mon téléphone vibre. J'ouvre les yeux. Je râle, j'étais prêt à m'endormir. J'ouvre un message de Rose ; elle me demande où je suis. Ramène-toi tout de suite, tout le monde t'attend, précise-t-elle. Je bondis sur mes pieds !

- Merde Noah, comment t'as pu oublier ?

C'est ce soir, cette séance avec Lorraine Rainier. Rose a tenté de m'expliquer, Jenny aussi, Matt et même Thomas qui est passé me voir ce matin, mais je n'ai toujours rien compris à ce qu'on allait faire dans les bois cette nuit. Si tous m'ont donné une explication différente, ils se sont quand même accordés sur un point, jusqu'à me répéter la même phrase : apparemment, Louisa est morte. À cette idée, un frisson me parcourt l'échine. On verra bien, n'est-ce pas...

Je me change en vitesse. Il est vingt-trois heures dix, je suis en retard et je vais encore me faire engueuler, c'est certain. J'attrape mon sac à dos, je vérifie ce qu'il y a à l'intérieur : ma lampe torche, deux caméras, une GoPro. Tout y est ! C'est bien la première fois que mon matériel est préparé à l'avance.

Je descends à la hâte, je ne cherche pas à être discret. Dans tous les cas, ma mère me tombera dessus et si j'essaye d'être discret, elle se posera des questions. Ma mère me barre la route dans le couloir de l'entrée. Qu'est-ce que je disais ?

- Noah, je peux savoir où tu vas ? demande-t-elle. Ne me dis pas que tu vas encore tourner une vidéo.

- Je ne te le dis pas...

Elle soupire :

- Non, non, non, non, non mon garçon ! Tu ne vas nulle part, tu viens à peine de quitter l'hôpital, tu restes à la maison...

- Maman je vais bien, les docteurs ont dit que ma cicatrice était bien refermée que je pouvais recommencer à conduire et à marcher sans problème. Enfin tu étais là !

- Oui mais...

- Non, il n'y a pas de « oui mais », j'y vais, mes amis m'attendent !

Ma mère secoue la tête, les sourcils haussés jusqu'à la racine de ses cheveux, comme elle seule peut le faire.

- Et tu vas où ?

- Je vais juste chez Rose. On va se faire une nuit horrifique avec Jenny.

Ses traits se décrispent, ses sourcils descendent sur son front, sa bouche se tord mais elle ne veut pas laisser apparaître un sourire. Trop tard, il est déjà là, elle est en train de craquer.

- Promis ? Pas d'exploration nocturne ?

- Juré ! Ce sera même ma seule et dernière sortie de la semaine !

- Heureusement, qu'on est vendredi alors

- Estime-toi heureuse, je pourrais être de sortie demain et dimanche encore.

Ma mère fait la moue, elle n'aime pas ce que je fais. Mes vidéos lui font peur, dit-elle. Intérieurement, je ne peux que répondre : heureusement qu'elle ne les voit pas !

- Maman s'il te plaît, laisse-moi y aller maintenant, je suis très en retard !

En réponse, elle s'écarte, me laissant l'accès libre jusqu'à la porte et la délivrance. Mais sitôt mon vieux tacot atteint, je l'entends courir derrière moi. Je retiens un soupir d'une profonde exaspération. Je me retourne, elle agite une écharpe tricotée bleu ciel sous mon nez. Par réflexe, mon sourcil droit se hausse. Dites-moi que je rêve.

So Darkness We BecameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant