Chapitre 15

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Le reste du trajet se passe dans un silence plus que pesant. Nous n'avons prononcé aucun mot. Pour ma part, je n'ose rien dire. Surtout, je ne sais pas quoi dire. Un moment, j'ai l'impression qu'il me déteste, un autre, j'ai l'impression qu'il m'apprécie 
Nous arrivons devant chez moi. Je finis par demander à Anton :
- est-ce que je peux avoir l'heure s'il te plaît ?
Il sort son iPhone que je devine être le dernier sorti sur le marché et me répond :
- Dans dix minutes il est vingt trois heures.
Espérons que ma mère ne soit pas encore rentrée. Ce matin, elle m'a dit qu'elle ne serait pas à la maison avant 23 heures, et le plus souvent, quand elle dit ça, ça signifie qu'elle rentre vers minuit une heure donc je ne suis pas très stressée.
Je me rends alors compte de ce qu'endure ma mère. Elle travaille sans cesse et a très peu de vacances. Elle a déjà eu tellement de problèmes mais elle est obligée de travailler autant pour réussir à tout payer. J'essaie de l'aider un maximum : je fait en sorte que la maison soit toujours propre, je lave le linge, je fais le repassage, les courses, je prépare à manger. Je ne peux pas faire plus.
Je suis curieuse de savoir le métier que fait la mère d'Anton.
- je peux te poser une question Anton ?
- Ouais bah grouille parce qu'il faut que j'y aille.
- Qu'est ce que fait ta mère dans la vie ?
Il ne semble pas comprendre pourquoi je lui pose cette question.
- pourquoi tu me demandes ça ?
- Euh...parce que je voulais savoir...enfin...
Je n'arrive pas à lui expliquer. J'ai l'air d'une vraie gourde.
- Avant, elle était mannequin. Maintenant, elle tient une agence immobilière.
- ah...
- Je peux y aller ou tu as encore des questions à poser ?
Je me sens rougir.
- non, non vas-y c'est bon. Merci de m'avoir ramené en tout cas.
- Ouais.
Nous retombons dans le silence. Un silence très gênant. Je fait en sorte de ne pas croiser son regard et lui dit :
- bon bah...salut.
- Ouais.
Il s'en va. Je rentre chez moi et comme je l'avais dit, ma mère n'est pas rentré.
Quand je pense que j'étais sortie de la maison pour acheter mon goûter. Je pensais que ça n'allait durer que dix minutes et, finalement, je rentre à vingt trois heures sans un seul paquet de gâteau dans les mains. Je tombe alors dans un immense fou rire.

-- avis de Anton --

J'arrive chez moi.
J'ai raccompagné une fille chez elle quand même. J'y crois pas. C'est la première fois que je fais ça. Et je peux vous jurer qu'il y en a eu des filles qui m'ont demandé de les ramener. Mais je n'ai jamais accepté. Et qui est la première à avoir cette opportunité ? Tiphaine.
Mais ce n'est pas le pire...
Récapitulons : cette fille, je la connais depuis ce matin. Je ne l'aimais pas dès qu'elle a posé ses fesses sur la chaise placée à côté de moi en classe. J'ai passé mon temps à me bagarrer avec elle le reste de la journée. On se détestait mutuellement. Je la ramène chez elle et je lui déballe ma vie.
Si ce n'est pas une putain de blague ! 
Mais qu'est-ce qui m'a pris de lui raconter tout ça ? Je fais que des conneries avec elle, c'est dingue.
J'étais tellement en colère contre
moi-même que je l'ai déversé sur elle et elle n'a pas apprécié.
Voilà, maintenant elle sait tout et c'est bien une de seules.
Comment vais-je faire si elle raconte tout à tout le monde ? Je serai dans une grosse merde. Je n'ai pas réussi à lui demander si elle serait capable de garder ce secret.
En plus, cette fille est super curieuse. Personne ne m'a jamais demandé le métier de mes parents. En fait, personne ne sait jamais intéressé à ma vie. Et elle, elle ne cesse de me poser des questions indiscrètes. Et moi, je n'arrive pas à ne pas lui répondre. Alors que c'est un de mes points forts !
- maman ? C'est moi maman !
Je suis dans la cuisine. Maya doit déjà couchée à cette heure là. Son père doit dormir comme un gros porc. Mais je sais que ma mère ne dort pas tant que je ne suis pas dans mon lit.
Elle arrive finalement dans la cuisine en nuisette. Elle me saute dans les bras.
- mon fils adoré, je t'aime tellement tu le sais hein ? Tu es tellement beau. Tu t'embellis de jour en jour. Tu ressembles tellement à ton père.
Elle va se mettre à pleurer si je ne l'arrête pas tout de suite.
Peut être trouverez-vous ça bizarre qu'elle me dise ces choses là à une heure pareille mais moi, j'ai l'habitude. J'ai le droit à des dizaines de "je t'aime" par jour, des câlins et des compliments par milliers.
- maman, stop ! Je suis fatigué. Je vais me coucher...
Elle prend mon visage dans ses mains et me demande :
- tu as passé une bonne soirée mon amour ? Tu t'es bien amusé ? Promet le moi s'il te plaît !
Ça aussi ça peut paraître bizarre mais ma mère veut que je "m'amuse". Ça ne lui dérange absolument pas que je rentre vers vingt heures ou trois heures du matin. Elle me dit que ça me permettrait d'oublier un peu mon traumatisme. Elle préfère que je sois avec des gens que tout seul. Elle me laisse donc aller à chaque soirée. Elle me laisse libre en fait.
- oui, j'ai passé une excellente soirée maman je te le promets.
- Toujours pas de petite amie ?
Elle me pose toujours cette question et comme à chaque fois, je lui réponds :
- non Maman. Je n'aime pas être en couple tu le sais bien.
- Ah d'accord...bonne nuit mon chou.
- Ouais bonne nuit.
- Je t'aime fort.
Elle m'embrasse sur la joue et me laisse partir.

Aimer un bad boy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant