Chapitre 26

1.1K 44 5
                                    

-- Tiphaine --

Cette situation est très bizarre. Je ne sais pas du tout comment réagir lorsqu'il s'agit d'Anton. Maintenant que Catherine est partie en nous laissant les sacs, je ne sais pas comment il va se comporter avec moi.
En trois jours, j'ai appris beaucoup sur lui. Plus que je n'ai jamais su sur personne. Nous sommes censés nous détester, ne pas nous parler. Et pourtant, je passe le plus clair de mon temps avec lui depuis la rentrée. Je sais des choses sur lui que personne d'autres ne sait alors qu'il ne me considère pas comme une amie. Il ne me considère même pas en fait.
Nous avons-nous vécu des choses ensemble dont nous n'avons jamais reparlé, comme si elles n'avaient jamais existé.
Le problème, c'est qu'on ne peut rien effacer. Et si elles ont bien eu lieu, c'est qu'il y a une raison.
Que je ne saurais sûrement jamais. Mais surtout, qui n'ont jamais compté pour lui, et qu'il a dû déjà oublié.
Cette relation est étrange.
Il faut que je rompt ce silence car il devient pesant.
- je crois que je vais rentrer...merci pour...pour le café.
Je m'apprête à partir mon sac de cours et celui de courses en main. Heureusement, je sais à peu près la route pour rentrer chez moi. Mais je crois que j'aurais tout de même besoin de mon vieux téléphone un moment ou à un autre. Je ne suis pas prête d'arriver encore. Ma mère ne va pas être contente...
Une main encercle mon bras, stoppant ma route.
- attends.
Quoi ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
Je me retourne. Anton triture son t-shirt. Ses yeux se pose partout sauf sur moi. On dirait qu'il est gêné.
- je...il faut que je te ramène...c'est Catherine qui me l'a dit...enfin voilà.
Il range la carte bleue que lui a rendu Catherine.
Je suis confuse. J'aurais tellement aimé qu'il me dise qu'il veut me ramener chez moi parce que ça lui fait plaisir et non pas parce que Catherine le lui a demandé. Bien sûr, je rêve, je divague totalement et je suis sûr que ça l'énerve au plus au point de devoir me supporter encore quelques temps.
- non...merci mais je peux rentrer toute seule. Je connais la route maintenant.
Je lui souris gentiment pour "faire passer la pilule". Je mens à moitié. Je ne connais pas la route par coeur et surtout, je préférerais ne pas rentrer seule. Avec Anton serait le bonheur pour moi.
Est-ce normal ?
Non et là est l'énorme problème.

-- Anton --

Oui, je lui ai proposé de la ramener chez elle.
Non, ce n'est pas parce que Cathy me l'a demandé.
Ça devrait être pour cette raison, sauf que je lui ai fait cette proposition tout simplement parce que...et bien parce que...j'en avais envie je crois. Ca me faisait plaisir, on va dire.
Bon, je la déteste toujours autant. Non ?
Mais je peux bien faire ça pour elle. Je ne vais pas la laisser toute seule dans la rue, qui plus est, le soir tandis que moi, je rentre penard en moto.
Depuis quand tu as un comportement aussi...euh...respectueux Anton ?
Bon, je n'ai toujours pas osé la regarder. J'ai peur de ce que je pourrais voir sur son visage, dans ses yeux.
Je suis entrain de déchiqueter mon sac de vêtements et mon t-shirt à force de tirer dessus mais, ça diminue un petit peu mon stress.
Mais pourquoi je suis stressé putain ?
Je n'ai jamais été stressé avec une fille. Jamais.
Merdeee.
Elle ne veut pas que je la raccompagne. Il faut que je trouve un moyen afin qu'elle accepte. Il est hors de question qu'elle soit seule.
Je croise enfin son regard. Il est plein de confusion. Cependant, j'y vois une lueur de reconnaissance ? 
Je lis si facilement en elle que ça en devient perturbant. 
- si, je te ramène.
Elle fronce les sourcils. Pourquoi ne peut-elle pas arrêter d'être têtue comme ça ? Ca nous éviterait de discuter pendant trois heures.
- Je suis une grande fille je crois. Je peux rentrer sans avoir besoin d'être accompagnée.
Elle porte son sac de cours à son épaule. Il doit sûrement être lourd. J'hésite à lui proposer de le porter moi-même mais elle trouverait ça louche, alors, je m'abstiens.
Maintenant, essayons de trouver les meilleurs arguments qui la feront changer d'avis.
- Ouais mais ça ira plus vite en moto qu'à pieds. Je dis ça pour toi...
Soudain, elle écarquille les yeux.
- en moto ?
- Tout à fait.
- Mais je...je n'aime pas trop la...moto de toute façon.
Elle a toujours du mal à parler. Sûrement, elle est mal à l'aise. Je ne sais pas si c'est juste quand je suis là où elle fait ça avec tout le monde.
Je crois que j'ai ma petite idée.
- J'irai très doucement. Tu n'auras pas peur normalement. Et tu l'as déjà prise avec moi.
Je détourne les yeux. Je suis sérieusement entrain de la rassurer ?
- je sais mais je t'assure que ce n'est pas la peine. Je...je sais comment rentrer.
- J'ai promis à Cathy. Et je tiens toujours mes promesses en général.
Un argument de plus !
Cette fois, elle pose ses sacs par terre avec force.
- Euh...je te remercie pour ta proposition, vraiment c'est...c'est gentil mais je préfère rentrer...seule.
Elle ment. Ca se voit à sa façon de détourner le regard, de se mordre la lèvre inférieure, de se gratter l'avant bras...
- C'est con ! Ca ira beaucoup plus vite en moto, à peine dix minutes. A pied, tu en as pour une demie heure voire plus.
Elle se pince l'arrête du nez. Je crois qu'elle en a marre. Moi aussi en fait.
- Je ne comprends pas pourquoi tu insistes autant ? Je te dis que ce n'est vraiment pas la peine de...de perdre ton temps avec...moi.
Quelle tête de mule ! Elle commence à vraiment m'énerver putain !
Bon, très bien. Si elle ne veut pas, on va y aller par la force.
J' attrape d'un coup les sacs posés par terre, qu'elle s'apprête à reprendre, la prenant complètement par surprise.
- Tu viens avec moi et tu arrêtes de discuter putain. Tu crois que ça me fait plaisir de te ramener ? Non mais je suis obligé. Alors économise moi du temps et dépêche toi.
Ok, j'ai vraiment le comportement type du connard. Mais je ne supporte pas qu'on me dise non. Ça m'énerve.
Et puis, il faut que je lui fasse comprendre que je ne fais pas ça par "plaisir" même si c'est ce que je ressens.
Je commence à partir avec ses sacs en direction de ma moto.
Je sais qu'elle va me suivre.
- mais...Anton ? Mais pourquoi ?
Elle parle derrière moi pendant que je marche. Sa voix tremble.
Oh non ! Elle ne va pas recommencer avec ses "pourquoi".
Je me retourne pour lui faire face. Elle s'arrête net.
- pourquoi quoi ?
Je parle un peu trop fort je crois.
Elle recule un petit peu. Merde, elle a peur de moi ?
- Pourquoi veux-tu me ramener chez moi si tu n'en as pas envie ?
Sa vois est partie dans les aigus. Elle s'en fout que je lui ai pris ses sacs apparement.
- Je te l'ai dit ! Parce que je suis obligé. Alors arrête de poser des questions et suis moi bordel ! Tu me saoules là !
Ses yeux commencent à briller. Et voilà, elle va se mettre à chialer alors que je ne lui ai rien dit de spécialement horribles.
A peine...
Elle est trop sensible putain !
Je la vois serrer les dents pour retenir ses larmes débiles.
Je lève les yeux au ciel et je continue mon chemin, ses sacs toujours en main.

Aimer un bad boy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant