Chapitre 38

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-Tiphaine-

La mère de Anton arrive dans le salon à ce moment-là, suivie de sa fille, impatiente de goûter aux gâteaux de sa maman. Elle lui laisse en prendre un et Maya croque dedans à pleine dents dès qu'elle le tient entre ses petites mains.
- merchi maman, ch'est trop bon !
Sa mère l'embrasse doucement sur la tête puis vient vers moi et m'invite à prendre une des sucreries posées sur le plateau.
- Il y en a aux fruits rouges et d'autres au chocolat, j'espère que tu vas aimer.
J'en pioche un au chocolat et lui répond en souriant :
- je suis sûre que je vais les adorer. Merci madame Lynn.
Elle me sourit à son tour. Je n'hésite pas une seconde et croque dans ce magnifique muffin. Mais j'ai le malheur de croiser le regard d'Anton, qui me fixe, avachi dans son fauteuil, une main au dessus de sa tête, l'autre tenant la télécommande. Gênée, je cesse tout mouvement de ma bouche et détourne le regard. Déjà qu'il doit se douter que je suis une grosse gourmande, il va me prendre pour une goinfre là, c'est sûr...
Il ne lève pas les yeux lorsque sa mère lui propose un des muffins. Il dit simplement, ses yeux plongés dans les miens :
- Non, moi je fais attention à ma ligne...
Sa mère ne fait pas attention à la remarque et pose le plateau sur la table en haussant les épaules. Elle n'a pas dû comprendre le double sens de ses mots. Cependant, cette allusion à peine voilée qu'Anton vient de faire à propos de mon surpoids me fait perdre les pédales et je repose immédiatement le muffin sur l'assiette.
Comment ose-t-il me foutre la honte comme ça, pour son propre petit plaisir ? Je ne lui ai rien demandé moi ! Ce n'est pas moi qui me suis invitée chez lui. Je lui lance un regard noir ; lui, arbore un sourire narquois.
Sa mère remarque mon geste et me demande, déçue :
- Tu n'aimes pas mes gâteaux Tiphaine ?
- Si Madame Lynn, ils sont excellents. Je suis désolée mais je n'ai juste plus très faim.
Elle fronce les sourcils. Je sais que mon attitude est incorrecte mais je ne peux pas continuer à manger ce gâteau sachant qu'Anton m'observe et qu'il pense sûrement des choses que je préfère ne pas savoir.
Pourquoi je ne suis pas belle et mince ? Ma vie serait bien plus facile.
Je sens quelque chose de mouillé rouler sur ma joue et je prend quelques secondes à comprendre que ce sont des larmes. Je baisse la tête, espérant que personne n'ait rien remarqué.
- On y va Tiphaine
C'est la voix de Anton. Elle est ferme. Je me lève et essuie discrètement mes larmes. Je ne sais même pas pourquoi je pleure. Je regarde Babette et dit :
-  Merci de m'avoir accueilli chez vous madame. Vos gâteaux sont bons, continuez à cuisiner ! J'espère que vous ne m'en voulez pas si je n'ai pas fini le muffin....
Elle prend mes mains dans les siennes et me répond chaleureusement :
- Ce n'est pas grave ma chérie et appelle moi Babette, je préfère. Tu veux que je t'en donne quelques uns pour que tu puisses les manger chez toi ?
Ses yeux sont pleins d'espoir et je ne peux pas refuser après ce que j'ai fait.
- Très bien Babette. Donnez m'en un ou deux...merci.
Elle sourit et part dans la cuisine.
Je constate très vite que Anton n'est plus là. je suis seule dans le salon avec Maya qui se gave de gâteaux. Elle est mignonne, toute tachée.
Je regarde par la fenêtre pour m'assurer qu'Anton est juste sorti dans le jardin. En effet, je le vois près de sa moto. Bien évidemment, il fume. Babette doit sûrement être au courant s'il se permet d'allumer des cigarettes presque sous son nez. je secoue la tête et me concentre sur sa soeur.
Elle est en train de décortiquer un fruit dans son muffin. Je m'approche d'elle et me place à sa hauteur.
- qu'est ce que tu fais Maya ?
- j'enlève les fruits.
- Pourquoi tu enlèves les fruits ?
- Parce que c'est meilleur de manger les fruits avant le gâteau !
- Ah bon ?
Elle gobe un morceau de framboise.
- Oui !
Elle sourit. Ses petites dents sont imprégnées de bouts de fruits.
- t'es amoureuse de Tonntonn ?
tonntonn ? Quel surnom original !
Moi ? Amoureuse de lui ? Jamais.
- Non pourquoi tu dis ça ?
- Parce que il y a pleins de filles qui sont amoureuse de Tonntonn et toi aussi ?
- Non pas moi.
- oh non...je voulais moi. T'es gentille. Les autres filles qui sont amoureuses de Tonntonn et bah elles me parlent pas quand elle viennent. Ils vont dans la chambre de Tonntonn. Toi tu me parles et t'a vu maman et pas les autres.
On dirait qu'elle va pleurer. Je la regarde avec compassion et lui répond avec le plus de douceur possible :
- j'aime bien ton frère mais je ne suis pas amoureuse de lui...
- Il est amoureux de toi Tonntonn ?
Si tu savais comme j'en reverais.
- Non.
Je lui caresse gentiement la tête tandis que Babette revient.
- Tiens Tiphaine. Je t'en ai mis quatre, j'espère que tu vas te régaler.
Elle me tend une boite en plastique.
- Merci beaucoup. Je suis déjà une grande fan rien qu'en ayant pris une bouchée. Je ne pense pas que ça va changer.
Elle rit et je ris avec elle.
- Bon allez, Anton doit t'attendre dehors. Ne lui fais pas perdre de temps, tu sais comment il est...
Elle lève les yeux au ciel mais me fait un clin d'oeil.
- Vous avez raison, j'y vais. Ça a été un plaisir de vous rencontrer Babette.
- Moi aussi ma chérie. J'espère que tu reviendras vite.
Alors ça, ce n'est pas sûr du tout !
Mais je lui souris et me dirige vers la porte. Elle passe devant moi pour m'ouvrir la porte et secoue la tête lorsqu'elle remarque son fils qui fume près de sa moto.
- il n'arrêtera jamais...
Elle le regarde, une lueur de tristesse dans le regard.
- À son âge, je ne fumais pas comme ça. Je ne me bousillais pas la santé avec ça. Remarque, aujourd'hui je fume aussi mais ça fait à peine trois quatre ans. Lui, ça fait déjà deux ans.
Elle soupire.
Je comprend cette pauvre dame. Elle est tellement gentille. Elle m'a accueillie à bras ouverts alors que je ne suis pas une parfaite mannequin dessinée pour son fils. Je ne sais pas ce qu'elle a bien pu faire pour endurer tout ce que m'a raconté Anton. Elle a perdu des personnes très chères mais elle y a survécu et juste pour ça, je la respecte. Je trouve ça injuste qu'une personne, quelle qu'elle soit, puisse perdre tout son bonheur en si peu de temps.
- Ne vous inquiétez pas Babette, il arrêtera un jour. Il ne fumera pas toute sa vie, j'en suis sûre...
J'essaie de la réconforter du mieux que je peux mais je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine, alors c'est un peu raté...
- J'espère que tu as raison.
Elle m'adresse un sourire forcé. Je le lui rends et rejoins Anton.
- laisse moi deviner ! Ma daronne t'a fait un cours sur les méfaits de la clope, je me trompe ?
Je lui lance un regard noir.
- Elle n'a pas tort je te rappelle.
Son regard se durcit instantanément.
- Je ne t'ai pas demandé ce que tu en pensais lâche moi avec ça, je fais ce que je veux.
Il jette sa cigarette et met ses cheveux en arrière avant d'enfiler son casque. Je ne peux plus le supporter. Il me parle mal et ne me respecte pas. Comme pourrait-on devenir amis ?
- Pourquoi m'as-tu seulement invitée Anton ? Tu me blesses psychologiquement en permanence et tu fais tout pour que je te déteste et pour que toi tu me détestes !
je ne crie pas. A quoi ça servirait ?
- pourquoi tu as pleuré tout à l'heure ? Me demande-t-il, ignorant ma question.
Il m'énerve quand il fait ça. Il m'énerve tout le temps...enfin, presque tout le temps.
- Pourquoi tu ne réponds pas à ma question ?
Il répond sur le même ton :
- Pourquoi tu compliques toujours les choses ?
Moi je « complique toujours les choses » ? Il faudra qu'il m'explique là !
- Comment ça ?
- Tu mets toujours des virgules sur tout.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Que tu fais des histoires là où il ne devrait pas y en avoir.
Ma colère augmente. il ne semble pas le moins du monde en colère, au contraire ! La seule chose qu'il trouve à faire, c'est de sortir un paquet de je ne sais quoi dans sa poche et de bidouiller quelque chose dans ses mains.
Il enlève son casque et cale un espèce de truc blanc entre ses lèvres. Qu'est ce qu'il est entrain de faire ? 
- Je ne fais pas d'histoires. J'en ai juste assez de ton comportement !
- Tu ne peux pas décoincer un peu...arrête d'être tout le temps sur les nerfs.
- Tu me pousses à bout et tu dis que je suis sur les nerfs ?
- c'est par rapport à ce que j'ai dit devant ma mère tout à l'heure c'est ça ?
Il sort une sorte de feuille toute fine d'un petit paquet et place dedans une chose marron. Qu'est-ce que c'est ?
- non il n'y a pas que ça ! Et d'abord, qu'est-ce que tu fais, là ? c'est quoi ?
Il sourit, se moquant de moi.
- c'est une roulé bébé, une clope si tu préfères, sauf que je la fabrique moi-même.
Je reste choquée. Je ne sais pas si c'est le fait qu'il m'ait appelé « bébé », ou bien le fait qu'il m'ait appris qu'il était possible faire une cigarette soi-même.
- pourquoi tu fais ça alors que tu pourrais en avoir une toute prête ? 
- Et bien parce que là, je n'en ai plu des toutes faites et qu'il ne me reste que ça pour l'instant. Et parce que tu me saoules car on ne peut pas partir. Tu n'arrêtes pas de parler. Du coup, j'en profite.
Je l'assassine du regard.
- Très bien je ne parle plus et j'attends que tu finisses de fumer ta merde !
Il reste bouche bée devant mon vocabulaire. Il me regarde, la bouche entrouverte, comme si un éléphant rose venait d'apparaitre devant ses yeux. Puis il finit par allumer sa cigarette préparée. Lorsqu'il tire sa première latte, je m'écarte un peu. Il y a beaucoup plus de fumée qu'avec une clope normale. Il déclare, fixant un point au loin :
- Ça ne te va pas de dire des mots grossiers.
Je souris, moqueuse. Il me fait bien rire, il est le moins bien placé pour dire ça ! Mais je me tais, tenant mes paroles.

Aimer un bad boy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant