Chapitre 23

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-- Anton --

Nous avançons dans le magasin. Il doit être spécialisé pour les robes de soirée car il n'y a presque que ça. Je me suis mis juste derrière elles pour éviter qu'on me remarque.
C'est dingue comme dans les boutiques pour homme, il y a personne mais dans celles des femmes, une foule de monde impressionnante arpente les rayons. 
Ça explique tout !
Catherine observe attentivement les différents vêtements.
Son visage s'illumine quand elle remarque quelque chose qui lui plait.
- cette robe est magnifique ! S'exclame-t-elle. Tu aimes Tiphaine ? Dis moi que tu aimes parce qu'elle est vraiment belle..
Tiphaine rougit furieusement.
Qu'est-ce qu'elle a ?
- Oui, elle est jolie mais...je ne pense pas...enfin...ça m'étonnerait qu'il y ait...euh...ma taille.
Ah ! Voilà le problème.
C'est presque sûr qu'il n'y a pas de grandes tailles.
Heureusement ! Parce que je n'imagine pas une fille toute boudinée entrer dans cette robe faite pour des mannequins. Il ne faut pas rêver.
- quelle est ta taille ? Demande Cathy, qui commence déjà à chercher la bonne étiquette.
Elle ne semble pas se douter que Tiphaine est passé du rouge tomate au blanc coton là.
Comme elle voit que personne lui répond, elle se tourne.
- tiphaine, tu as entendu ce que j'ai dit ?
Elle ne se sent pas très bien. On dirait qu'elle a vu un fantôme.
Elle ose un regard vers moi. Et je comprends d'un coup ce qui la gêne.
Elle ne veut pas révéler sa taille devant moi. Parce qu'elle a honte.
C'est ça de manger trop de cochonneries ma vieille !
- Oui, j'ai entendu.
- Et bah alors réponds moi.
- Je fais du...
Elle hésite. Putain j'ai l'impression qu'elle va s'évanouir à tout moment.
- du ? Enfin Tiphaine, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Non rien. Je fais du 44. Enfin je crois. Ça fait longtemps que je n'ai pas acheté de vêtements. Alors peut être que...peut être que je fais du 46 maintenant.
Elle a dit ça dans un soupir. Contrairement à Catherine, elle n'aime vraiment pas son corps.
Je crois qu'elle souffre. En tout cas, à sa tête, j'ai cette impression. Non pas que j'en ai quelque chose à foutre. Je pense plutôt que j'ai pitié d'elle.
Tu n'es vraiment qu'un connard Anton, tu le sais hein ?
Ouais...je sais.
- Zut ! Il n'y a pas ta taille.
Zut. Sérieusement ? Est-ce que j'ai bien entendu Cathy dire zut ?
Je retiens mon éclat de rire avec difficulté.
Elle s'approche d'une vendeuse et lui demande :
- excusez-moi ! Les robes que vous avez sont trop petites pour nous. Vous ne faites pas les grandes tailles par hasard ?
Cath parle fermement. Je sais que ça l'énerve de constater qu'il est difficile de trouver des grandes tailles maintenant, étant donné qu'en France, la plupart des femmes font du 34.
La vendeuse, elle, est assez mince. Elle est jeune et plutôt mignonne. Je vois dans son regard une lueur de dégoût et, cette fois, ça m'énerve.
J'ai envie de lui jeter une méchanceté à la figure mais elle ne m'en laisse pas le temps.
- il y a un rayon près des cabines réservées aux grandes tailles.
Sur cette phrase, elle s'en va sans attendre de remerciements.
Connasse.
- Elle est bizarre celle là ! Remarque Catherine.
Elle n'a rien vu dans le comportement de la vendeuse.
Tant mieux.

-- Tiphaine --

Cette vendeuse est une grosse salope.
Excusez mon vocabulaire mais vraiment, elle m'a énervé.
Je sais qu'elle était dégoûtée de nous parler et ça m'a blessé.
Elle se croit au dessus de nous parce qu'elle est fine.
Et ça me fiche encore plus en rogne de savoir qu'elle a raison.
Elle, elle peut mettre tout ce qui lui plait. Ce qu'elle veut. Quand elle veut. Où elle veut. Elle peut se mettre en bikini à la plage sans en avoir honte. Elle peut mettre des robes de soirées digne du festival de Cannes sans se cacher. Elle peut mettre des jeans et des t-shirt super moulants parce que, elle, n'a ni cellulites, ni graisses.
Et ça, c'est ce qui fait que je n'ai pas confiance en moi car quand je vois une fille comme elle dans la rue, c'est ce que je me dit. Tout ça, je le pense fort. Et je m'imagine comme elle.
Je rêve. Tout simplement.
- celle là est jolie, n'est-ce pas Tiphaine ?
Catherine me sort de mes pensées en me montrant une robe longue bleu marine, aux manches trois quarts en dentelle, ouverts un tout petit peu, dans le dos.
La taille est marquée par une fine ceinture noire imprimée dans la robe.
J'acquiesce.
- je prends du 44 et du 46. Tu essaieras les deux, comme ça, on va voir lequel est le mieux d'accord ?
J'acquiesce une nouvelle fois. J'ai eu du mal à dire ma taille tout à l'heure, devant Anton. J'avais trop peur qu'il se moque de moi, qu'il fasse une réflexion.
J'ai hésité longuement puis je me suis dit qu'il ne pouvait rien faire devant Catherine et que de toute façon, je n'avais pas le choix. Je me suis alors résolu à le lui dire. Très mal à l'aise.
- je trouve que celle-ci t'irait bien. Elle est très élégante. Tu ne trouves pas ?
- C'est vrai.
- Je prends !
Je m'installe dans une cabine tandis que Catherine et Anton s'assoient sur le siège en face.
Il a toujours cet air mécontent. Et cette fois, ça me fait rire.
Pourquoi Catherine a t-elle insisté pour qu'il reste ?
Ca ne m'aurait pas dérangée qu'il parte. Il n'était pas du tout enthousiaste à l'idée de rester. Pourquoi l'obliger ?
A ma plus grande surprise, lorsque je passe la première robe taille 44, elle n'est pas trop petite. Je prends du temps à la fermer dans le dos et quand je sors, Anton n'est plus là.
Enfin elle l'a laissé partir.
Bien sûr, j'ai un pincement au cœur.
- il est parti chercher une boisson. Il avait soif.
Ah non, il n'est pas parti.
Normalement.
- d'accord. Tu me trouves comment alors ?
Je me regarde dans le miroir. La robe n'est pas moche. Elle est même jolie. Mon dos est un peu dénudé. Ce qui ne me dérange pas tant que ça cette fois. Le décolleté est fermée. Ce qui me va parfaitement aussi.
- elle est magnifique. Vraiment Tiphaine, s'il te plaît cette fois, ne te rabaisse pas. Je ne dis pas ça pour te faire plaisir, je dis ça parce que c'est la vérité. Ton corps mérite d'être vu. Regarde toi dans cette glace. Regarde comme tu es belle.
Ces mots me touchent, me touchent tellement que je suis à deux doigt de fondre en larmes. Mais surtout, ça fait mal. Parce que même si elle me dit tout ça, je n'arrive pas à imaginer qu'elle le pense vraiment.
Pourtant, le miroir reflète une image de moi différente de ce que j'ai l'habitude de voir. Même si je n'ai pas changé physiquement, cette robe me...met en valeur ?
Peut-être qu'elle a raison finalement ?
Je ne sais pas si c'est exactement les mots qu'il faut utiliser. Je sais juste qu'un morceau s'est ajouté au puzzle "confiance en soi".
Je sais qu'il y a encore un grand chemin à parcourir pour terminer ce puzzle mais je vais y arriver.
C'est la seule chose que je dois me dire.

Aimer un bad boy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant