Chapitre 27

1.2K 45 16
                                    

-- Anton --

Lorsque j'arrive devant ma moto, Tiphaine n'a toujours pas prononcé un mot. Son visage reste impassible. Elle ne pleure pas, elle ne crie pas, elle ne sourit pas, elle ne me lance pas de regards noirs. Elle est totalement...vide. 
Et ça me perturbe.
Ca me perturbe parce que quand elle affiche une expression comme celle-ci, c'est comme ci elle n'en avait rien à foutre de moi, de la façon dont je me comporte.
Et bizarrement, cette impassibilité me fait mal. Ca me blesse putain, à un point que je n'imaginais même pas. Je préférerais qu'elle me crie dessus, qu'elle me jette les mots les plus ignobles à la figure plutôt que de rester aussi neutre.
Ca ne devrait pas merde ! Je ne devrais pas être en pleine confusion.
Je ne sais pas gérer ces...sentiments. Je ne sais même pas ce que ça veut dire, ce que ça représente.
Elle est là, en face de moi. Elle ne me regarde pas. Elle ne parle pas. Elle attend. Juste.
Je soupire doucement. Je ne peux même pas savoir si elle m'a entendue.
Tu ne l'aimes pas Anton bordel ! Tu ne l'aimes pas.
Il faut que je me répète ces putains de mots en boucle dans ma tête. 
Je lui tend le deuxième casque que j'ai toujours sur moi, lorsque je prends ma moto.
Elle le prend et le place sur sa tête.
Au moment de clipser la fermeture, je la vois batailler avec.
Comme la fois où je l'avais cherchée quatre heures dans toute la ville et où je l'avais trouvée, allongée sur ce banc ; elle dormait paisiblement.
Nous étions rentrés en scooter et au moment de fermer son casque comme il le faut, je l'avais aidé.
Je me rappelle de sa peau douce qui m'avait donné des frissons partout.
J'ai envie de ressentir cette sensation à nouveau. J'en ai envie, tellement envie !
Alors, je m'approche d'elle. Je veux l'aider.
Mais, quand je tends les bras, et qu'elle comprend ce que je souhaite faire, elle tourne la tête et se décale, empêchant tout contact.
Elle ne veut pas ?
Elle ne veut pas que je la touche bordel de merde !
Encore une fois, je ne peux pas lire en elle, comme je le fais si bien, pour savoir pourquoi ! Elle ne veut toujours pas me regarder.
Je ravale l'énorme bile dans ma gorge.
C'est pas grave Anton, on s'en fout...
Je passe ma main dans mes cheveux nerveusement, avant de mettre mon sweat-shirt puis mon casque à la va-vite.
Je me suis fait rejeter ! Par cette fille en plus.
C'est dur.
C'est violent.
Ça fait mal.
Tu t'en fout d'elle Anton...
J'aimerais dire quelque chose, lui hurler dessus ou lui rire au nez. Mais je ne fais rien.
A la place, je m'installe sur la moto, la met en route avant de m'avancer au maximum pour qu'elle monte derrière moi.
Avec sa foutu robe longue, elle prend un temps fou à monter correctement. Elle lève sa jupe et ses jambes, vêtues d'un collant noir opaque, frôlent les miennes. Instantanément, j'ai la chair de poule.
Elle est obligée de se coller à moi car il n'y a pas beaucoup de place sur la moto.
Ses mains ne me touche pas mais  ses jambes oui.
Elle essaye de s'éloigner le plus de moi. Et moi, je m'arrange pour qu'elle reste collée à moi.
Une fois qu'on est installé, je démarre la moto en trombe et ses mains viennent directement se poser autour de ma taille.
Je vais le plus vite possible.
Et elle s'accroche à moi ! Elle me serre fort et elle pose sa tête sur mon dos. Ses mains agrippe mon sweat au niveau de mon ventre et ne le lâche plus.
Maintenant, tout son corps est collé à moi.
Putain de bordel de merde...
C'est tellement...agréable.
Alors, je garde la même vitesse, sachant que si je ralentis, elle se détachera de moi.

                    ************

Je connais la route qui mène à son immeuble puisque je sais où elle habite maintenant.
Quand je me gare devant chez elle, elle descend à toute vitesse et la chaleur de son corps n'est plus présente.
Elle ne m'adresse toujours pas la parole. Elle ne me regarde toujours pas.
J'essaie d'attirer son attention. Je fais tomber les sacs. Je fais du bruit avec mon casque. Je cherche quelque chose dans mon eastpak. Mais elle n'en a rien à cirer. Rien.
Elle me tends le casque et je le prends.
Je lui tends à mon tour ses sacs. Elle essaie de les prendre mais je les maintiens dans ma main.
Elle tire un peu dessus et, voyant que je ne veux pas les lui passer, me regarde, enfin.
Enfin putain !
Ses yeux marron...magnifiques croisent les miens.
Mais qu'est-ce que j'ai à faire des compliments tout le temps moi ?
Elle fronce les sourcils.
- tu peux lâcher mes sacs s'il te plait ?
Elle a dit ça avec une voix assez rauque sans me quitter des yeux. Ce qui m'étonne étant donné que, presque à chaque fois qu'elle me parle, elle est mal à l'aise et elle détourne les yeux.
Pas cette fois.
Son regard m'envoûte et je suis déstabilisé.
J'essaie de me reprendre parce que ça ne va pas du tout et je réponds de la seule façon que je connaisse, presque. En parfait connard :
- non.
Elle hausse les sourcils. Elle n'a pas l'air si étonné que ça quant à mon comportement.
Nos mains ne lâchent pas les sacs. On a l'air de vrais idiots !
- comment ça non ?
Putain ! Elle est chiante sérieux.
C'est plutôt toi Anton là...
- tu ne m'as pas remercié je crois ?
- pardon ?
Là, elle semble surprise par contre.
- j'ai dit que tu ne m'a pas dit le mot merci, pour tout ce que j'ai fait pour toi. C'est vrai quoi ! Rien que d'accepter de trainer avec toi et tu devrais m'embrasser les pieds.
Elle inspire brusquement. Je vois de la colère éclairer ses yeux. Elle serre les dents et essaie de se retenir de gueuler.
J'ai comme l'impression que, cette fois, elle ne va pas se retenir.
- Arrête de me dire des choses aussi...méchantes ! Je ne t'ai rien fait.
Elle parle plus fort que d'habitude. Ca ne présage rien de bon.
Je décide d'enfoncer le clou :
- Bien sûr que si. Je dois te voir et te supporter tous les jours. Si tu appelles ça "ne rien faire", c'est que tu as un problème. Regarde toi bien dans un miroir et tu comprendras.
En parfait connard je vous dis !
Son poing s'est resserré autour des anses des sacs.
- Pourquoi es-tu comme ça ? Un moment, tu es sympa avec moi et un autre, tu es horrible.
- Je n'ai jamais été sympa avec toi. Je ne t'aime pas.
- Ah oui ! Ce que tu as fait dans les toilettes l'autre jour, c'était quoi alors ?
Elle pose brusquement sa main sur sa bouche. Je crois qu'elle n'a jamais voulu évoqué cet épisode. Elle est complètement paniqué. Elle lâche le sac et commence à partir en direction de l'entrée de l'immeuble.
Mais je suis plus rapide. Je l'attrape par le bras et la tourne fort vers moi. 
- lâche moi ! Crie-t-elle.
Merde ! Elle pleure. Elle se débat de toutes ses forces.
Je suis plus fort et je resserre ma prise.
- arrête ! Hurle-t-elle.
La rue n'est pas très animée et si elle continue de hurler comme ça, elle va réveiller tout le quartier.
Je n'enlève pas ma main. Je pose la deuxième sur l'autre bras.
- tu me fais mal ! Lâche-moi !
A ces mots, je recule, lui laissant assez d'espace. Je ne veux pas lui faire de mal. Je ne veux surtout pas qu'elle pense que je suis violent. Je ne le suis pas. En tout cas, pas avec les filles.
Elle se frotte le bras et continue son chemin en reniflant.
- ne pars pas ! Je crie.
Elle s'arrête net. Elle se retourne. Elle est à quelques mètres de moi mais je vois ses yeux pleins de confusion.
- qu'est-ce que tu veux ? laisse moi tranquille ! Ce n'est pas ce que tu voulais ?
Elle crie toujours. C'est la première fois qu'elle exprime ses vrais sentiments, devant moi.
Comme je l'avais prédit, elle ne s'est pas retenue.
- Mais ce que j'ai fait dans les toilettes ne signifiait rien. On s'est mis d'accord pour oublier et pour s'ignorer alors pourquoi tu remets ça sur le tapis putain !
Je suis en colère aussi et je crie. J'ai complètement ignoré ses questions.
Elle essuie ses larmes qui ne cessent de couler depuis deux minutes.
- je veux juste comprendre !
- Mais comprendre quoi bordel ! Arrête de vouloir tout comprendre. Je ne t'aime pas. Tu ne m'aimes pas. On ne peut pas plus clair putain !
Je crie. On n'arrête pas de crier.
Ses lèvres tremblent.
- mais moi, je t'aime bien...
Et merdeeee ! Il ne manquait plus qu'elle me dise ça, d'une voix incroyablement douce en plus. Ses yeux me supplient. Mais je ne sais même pas...
Mon coeur se fend. Et il se passe quelque chose.
Un truc que je ne comprends pas.
Mais un truc qui me pousse à m'approcher d'elle.
Elle lève les yeux vers moi quand je suis presque collé à elle.
Je passe mes doigts sous ses yeux pour essuyer ses larmes. J'essaie d'être le plus tendre possible. C'est la deuxième fois que je fais ça !
Je murmure :
- non, tu ne m'aimes pas...
- Si...je crois bien que si...répond-elle d'une voix presque inaudible.
Et mes lèvres se posent sur les siennes.

          —————————————

Voilà !
Bon, il y eu un rapprochement !

Dites moi ce que vous en pensez svp 💖
Merciii ❤️

Aimer un bad boy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant