10 octobre

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Je me réveille. J'ai mal à la tête, c'est horrible. Je referme un peu les yeux avant de me lever. Je regarde autour de moi. Je suis dans une salle de classe, couchée sur un banc avec une simple couverture pour me tenir chaud. J'ai encore mes vêtements d'hier. Qu'est-ce que je fais ici ?

La porte s'ouvre. Un scaphandrier entre, ou plutôt, un homme avec une de ces nouvelles combinaisons NBC. J'en ai entendu parler, je n'en avais jamais vu. Voilà qui est fait !

– Camille... Faoucheytte ? me demande-t-il avec cet accent néerlandais que je reconnais tout de suite. 

– Faussette ! l'ai-je corrigé.

– Don't care ! gueule-t-il.

Ok, ok, j'ai compris. Je ferme ma bouche et je te suis, c'est ça ? Il m'emmène dans une douche de sécurité juste à côté, où je dois me laver avec des produits désinfectants puis enfiler des vêtements propres. Ensuite, il m'emmène dans une nouvelle salle de classe. On est rejoint par un autre type en combinaison. Ils me font asseoir sur une chaise, avant de prendre place devant moi.

– Pourquoi étiez-vous dans le laboratoire, cette nuit ? me demande le premier en anglais.

Cette nuit ? Je ne me souviens de rien. Je dormais, je suppose. Je suis restée tard sur mes recherches, mais pas toute la nuit quand même ! Devant mon silence, l'autre s'énerve.

– Cette nuit ! Dans le laboratoire ! Qu'est-ce que vous avez fait ? se met-il à crier.

– J'ai travaillé toute la soirée ! Je fais partie du programme de recherche sur les filovirus à l'université d'Utrecht ! C'est un crime de travailler maintenant ?

Mon accent anglais est pitoyable aujourd'hui. Je m'en fous, j'ai mal à la tête, je suis fatiguée et ils ne peuvent rien me reprocher. Je n'ai rien fait de mal, j'essaye même d'aider le monde à lutter contre des maladies.

– Arrêtez de mentir ! vocifère le deuxième scaphandrier. Vous êtes une terroriste, c'est ça ?

Alors là, c'est la meilleure ! Je me demande si c'est une caméra cachée. Mais j'ai l'impression que, derrière leurs étranges tenues, ils n'ont pas l'air de plaisanter.

– Vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ? Je ne comprends rien !

– Vous avez créé une véritable arme chimique ! Toute l'université est en quarantaine, à cause de vous !

Quoi ? L'université est en quarantaine ? Alors là, c'est sûr, les deux scaphandriers sont des élèves qui veulent me faire une blague. Johan et Maarten peut-être. Ces deux-là sont toujours fourrés ensemble pour les coups foireux.

– Arrêtez, les mecs, je vous ai reconnu ! Retournez bosser au lieu de faire des conneries !

Ils se regardent, muets tout d'un coup. Je crois qu'ils sont déçus que leur blague n'ait pas duré plus longtemps.

– Vous êtes sourde ou quoi ?! crie encore le premier. Vous avez créé une arme de destruction massive !

– Je n'ai rien créé du tout ! Arrêtez maintenant ! C'était marrant trente secondes mais ça suffit maintenant ! J'ai du travail et vous aussi ! Et puis, rendez ces combinaisons ! Je ne sais pas où vous les avez piquées, mais celui à qui elles appartiennent doit en avoir besoin.

Je me lève, mais ils me retiennent.

– Vous restez là ! Vous croyez qu'on va vous laisser filer ?

Je ne sais pas s'ils veulent aller au bout de leur blague, mais je commence à me poser des questions. Ils ont l'air vraiment sérieux. Ma tête me lance à nouveau. Je passe ma main derrière ma tête. J'ai une énorme bosse. J'ai dû me cogner quelque part.

– Vous auriez de la glace ? ai-je osé demandé.

Je regrette tout de suite d'avoir posé une question.

– Vous voulez faire quoi avec de la glace, au juste ?

Je soupire devant cette agressivité.

– On se calme ! Je voulais juste mettre un peu de glace sur la bosse que j'ai derrière le crâne !

J'ai l'impression qu'ils me regardent méchamment derrière leur scaphandre. Là, j'en suis sûre, ce n'est pas une blague. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?


U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant