Forcing [Im Changkyun - Monsta X]

Midi 44.

Assis à sa table tout au fond de la cafétéria, Changkyun regardait le dehors, une moue trahissant son déchirement interne.

Il faisait beau aujourd'hui, même très beau pour cette période de l'année, et ce serait du gâchis de repartir directement dans sa salle après manger. Oui mais voilà, le châtain n'avait aucune envie de traîner dehors.

Il avait envie que cette journée se finisse au plus vite, afin de pouvoir rentrer chez lui et essayer d'oublier à quel point il est qu'un pauvre type trop con pour ne pas réussir à garder la seule relation sociale qu'il avait.

Il soupira, et leva les yeux pour observer les nombreuses personnes qui s'entassaient dans la cantine. Des groupes plus ou moins grands, des gens par deux, et même quelques élèves tous seuls, bien que ce soit extrêmement rare.

Et lui, de sa place tout au fond, il semblait même pas appartenir au tableau. Avant, ça ne le dérangeait pas. Être invisible, que personne ne le remarque. Il aimait bien ça, il aimait sa vie.

Mais quelqu'un l'a remarqué. Et depuis, Changkyun n'appréciait plus autant qu'avant sa solitude. Elle avait un goût amère, et laissait une sensation de vide.

Son repas terminé, il finit par se lever et quitter la grande salle après avoir ramené son plateau. Une fois dehors, il hésita un instant, puis se dirigea vers la cour, où des tables de pique-nique se trouvaient pour ceux qui ne mangeaient pas à la cafétéria.

Il s'assit à une table vide, de dos à celle ci de manière à pouvoir s'appuyer contre la surface en bois, les jambes tendues devant lui et les mains dans les poches. Il rejeta sa tête en arrière, et ferma les yeux.

Certes, il n'appréciait plus autant être seul, mais ça ne l'empêchait pas de toujours aimer profondément le calme. Pour la première fois depuis vendredi dernier, il était serein, apaisé. Il avait oublié tous ses problèmes le temps d'un instant, avec les faibles rayons du soleil qui caressaient agréablement sa peau.

Mais comme chaque instant ne peut pas durer indéfiniment, et alors qu'il aurait presque pu s'endormir, une voix le sortit de son état d'apaisement.

Sursautant et un peu dans les vapes, il pensa d'abord à Eunmi. Puis il se rappela que c'était impossible qu'elle l'interpelle. Alors il fronça les sourcils et se retourna vers la voix, qui n'était qu'une fille entourée de ses amies, semblant être de première année.

- Excuse moi, je voulais pas te faire peur...

Elle avait une toute petite voix et paraissait vraiment timide de s'adresser à lui. Aucun doute, c'était bien une première année.

- C'est rien.

Il aperçut les joues de la lycéenne se colorer, et il se demanda un instant si c'était sa voix plus grave et traînante que la moyenne qui l'avait mise dans cet état.

- En fait, avec mes copines on veut s'asseoir, mais y'a plus de tables libres, alors...

Sans lui laisser le temps de finir, parce qu'elle semblait chercher ses mots et qu'elle parlait beaucoup trop pour une simple demande, il hocha la tête.

- Allez-y.

- Oh merci beaucoup c'est très gentil.

Il se retint de lever les yeux au ciel, et se remit dans sa position initiale. Mais alors qu'il allait de nouveau jeter sa tête en arrière et profiter du soleil -bien que les discussions des premières années juste à côté de lui allaient un peu gâcher ce moment- ses yeux tombèrent sur une chevelure prune, et il se figea.

Elle était à une table un peu en diagonale de lui, assise sur le dessus aux côtés du grand qui tirait tout le temps la tronche. Elle semblait lui raconter sa vie, et, si le brun donnait l'impression de ne pas l'écouter, il le faisait.

Il en était sûr, parce que c'était l'expression que lui même arborait la plupart du temps, et qu'aucune parole de la violette ne lui échappait dans ces moments là.

Alors qu'il se demandait où était le sportif, celui ci se ramena, accompagné d'un grand à la démarche nonchalante. Changkyun crut rêver un moment, mais oui, il s'agissait bien de la perche au nom nul.

Et, sous les yeux du châtain qui s'imaginait déjà mille scénarios, bouche pulpeuse se leva pour se mettre aux côtés du bleuté, et l'autre prit sa place, accueilli par un grand sourire d'Eunmi.

"Elle était pas sensé lui avoir mit un râteau ?"

Se faisant gagner par un sentiment qu'il refusait d'être de la jalousie, il regardait sa voisine discuter joyeusement avec l'autre, semblant heureuse.

Oui, elle semblait heureuse, et c'était bien ce qui faisait le plus de mal au châtain.