Forcing [Im Changkyun - Monsta X]

Jour 51.

Une semaine.

Onze jours.

Deux cent cinquante-six heures et trente six minutes.

Voilà le temps qui s'était écoulé depuis que Changkyun avait rejeté froidement Eunmi, devant le portail de l'établissement.

Est-ce qu'il comptait les minutes ? Oui, même s'il en avait honte.

Est-ce qu'il regrettait amèrement d'avoir agi comme le sombre idiot qu'il était ? Encore une fois, oui, et pas qu'un peu.

Et est-ce qu'il était trop fier pour essayer de se racheter ?

Oui, mille fois oui.

Alors il restait là à compter les minutes, les fesses vissées à sa chaise, le regard sombre porté sur son professeur de coréen, luttant pour ne pas poser ses yeux sur celle qui monopolisait ses pensées, et qui se trouvait à quelques malheureux centimètres à sa gauche.

Et la journée, comme toutes celles auparavant, passa atrocement lentement. Il fixait ses pupilles dénuées d'émotions sur le tableau et les professeurs qui se succédaient, essayant de se concentrer vainement sur le cours. Ses pensées divaguaient. La simple présence d'Eunmi à ses côtés, mais pourtant tellement loin lui rappelait à quel point il était con.

Il voyait la jeune femme joyeuse lors des pauses, riant aux éclats comme si de rien était. Comme elle le faisait avec lui, avant. Puis elle venait se rasseoir une fois que les cours reprenaient, le visage fermé et faisant comme s'il n'existait pas.

Quoique, c'était peut-être le cas pour elle, désormais.

Mais aujourd'hui, pendant que madame Bae terminait son cours, le châtain en eut marre.

Marre de voir la jeune femme se rembrunir dès qu'elle revenait près de lui. Marre de ruminer les mêmes pensées. Marre de la sentir s'éloigner un peu plus de lui chaque instant. Marre de voir l'autre lui parler sans qu'il ne puisse rien faire. Et marre de la voir joyeuse sans lui.

Alors, dès que l'adulte les libéra, il se dépêcha de ranger ses affaires, et la suivit de près dans les couloirs. Il se faufila dans la masse que créaient les élèves, ne perdant pas de vue cette chevelure prune ancrée dans sa rétine.

Et lorsqu'elle allait passer le portail, il accéléra le pas et la retourna d'une main sur son épaule. Comme elle l'avait fait une semaine auparavant.

- Eunmi.

Rien que prononcer son nom lui semblait étrange.

Elle se figea en tombant sur le visage déterminé du châtain, et il la vit déglutir avec difficulté. Elle fixa ensuite sa main toujours posée sur son épaule, puis reposa ses yeux sur lui. Il comprenait que le contact la gênait, mais il n'osait pas l'enlever, de peur qu'elle en profite pour s'échapper.

- Quoi ?

- ... Je... Il faut que... On peut parler ?

Il avait voulu avoir l'air sûr de lui. C'était raté.

Changkyun scruta attentivement les émotions défilant sur le visage de la violette, et vit clairement qu'elle en avait pas envie. Du coin de l'œil, il vit son ami sportif faire un pas en sa direction, mais alors qu'il allait s'interposer, Eunmi fut plus rapide.

- Hum.

C'était tout, mais pourtant le châtain sentit son cœur accélérer de stress, ansi que de soulagement, et d'un peu de joie. Beaucoup trop d'émotions simultanées pour le pauvre Changkyun, qui dut lutter pour ne pas être pris de vertiges.

- Eun-

- Ça va Hoseok, t'inquiète.

Le bleuté hocha la tête et le brun aux longues jambes le traina à jusqu'à leur arrêt de bus.

- Bougez de là vous gênez.

Le grand roux de leur classe, visiblement de mauvaise humeur, les bouscula, et il se rendit compte qu'en effet, ils étaient en plein milieu du passage.

Il fit donc signe à Eunmi de le suivre et ils se mirent plus sur le côté, dans l'herbe à côté de l'allée en béton qui menait à la sortie.

Il lui refit donc face, passa ses mains devenues moites sur son pantalon d'uniforme, et évita à tout prix le regard sombre de la lycéenne.

Seul objectif : se faire pardonner.

- T'as deux minutes. Après je me casse.

C'était pas gagné.