Soir 51.

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Eunmi continuait de fixer Changkyun, qui cherchait toujours les mots adéquats pour commencer sa tirade. Il ne savait pas comment démarrer, et toutes les amorces ou les tournures de phrases auxquelles il pensait semblaient profondément nulles.

Le châtain paniquait totalement. Il avait pourtant réfléchi à quoi lui dire, tout le long du cours de philosophie, au dépend de son cahier resté vierge de ses notes. Mais maintenant qu'il était devant la violette, il avait perdu tous ses mots.

Il fallait le comprendre. Tout reposait maintenant. Tout reposait sur ce qu'il lui dirait. S'il se plantait, s'il n'utilisait pas les bons mots, il pourrait dire adieu à son amitié -ou peu importe ce que c'était- avec la lycéenne.

"C'est trop tard pour faire demi-tour ?"

- Alors ?

Eunmi commençait à s'impatienter, et à raison. Cela devait bientôt faire une bonne minute que Changkyun était silencieux, droit comme un piquet en évitant son regard.

- C'est que... En fait... Je...

"Bravo Changkyun. Du grand art."

Même sans porter ses yeux sur le visage de celle aux cheveux prunes, le jeune homme savait parfaitement qu'elle avait arqué un sourcil en sa direction.

Il prit une grande inspiration. Il avait peut-être oublié absolument tout ce qu'il avait prévu de lui dire, mais tant pis. Il ne pouvait pas rester silencieux ou bégayer éternellement.

- Écoute Eunmi, à propos de la dernière fois, quand j'ai... enfin...

- Tu veux dire, quand tu m'as dit en gros que me parler était ta B.A de l'année et que je te faisais chier ?

- Non... enfin c'est ce que j'ai dit. Mais pas ce que je pensais.

Cette fois il la vit du coin de l'œil froncer les sourcils, puis elle laissa échapper un rire désabusé.

Elle avait pas l'air franchement convaincue.

- C'était pas ce que tu pensais hein ? Alors pourquoi l'avoir dit, dans ce cas ?

- Parce que... J'en sais rien moi même ! J'étais juste pas habitué à tout ça, j'ai paniqué, et j'ai fait ce que je fais toujours : je me renferme sur moi même, et je repousse les gens autour de moi. En l'occurrence là c'était toi, et j'en suis désolé.

Après une petite pause, Eunmi lui répondit, toujours sur ce même ton septique, mais d'où transpirait l'incompréhension.

- Pourquoi t'entêter a toujours vouloir me repousser ? T'avais l'air d'être super, j'ai vraiment passé du bon temps avec toi ! Sérieux de quoi t'avais peur ?!

- Mais j'en sais rien je te dis ! C'est ce que je fais, je suis comme ça. Destiné à la solitude.

- Dis pas de conneries. Personne n'est destiné à la solitude. L'humain est perdu sans relation sociale.

- Pourtant je vais toujours bien.

- Grand bien t'en fasse alors ! Mais laisse moi te poser une question. Si t'es si bien tout seul, en repoussant les gens, pourquoi venir me parler de nouveau ?

Changkyun ne rétorqua rien dans l'immédiat, pris de court. Il regardait la violette le toiser avec les bras croisés, son visage trahissant son attente désespérée à ce qu'il réponde à la question.

Il avait maintenant deux choix qui s'offraient à lui. Lui dire la vérité, ou lui mentir à demi-mots par pure fierté.

- Je sais que je t'ai blessé, en te disant tout ça. Alors je voulais m'excuser, parce que ce que j'ai dit ça se fait pas.

Sa fierté le perdra un jour.

Eunmi fut prise d'un ricanement amer, et il sut qu'en plus de ne pas lui avoir dit toutes les raisons qui l'avaient poussé à l'interpeller, il avait merdé. Encore.

- Im Changkyun s'inquiète pour moi ? Mais que je suis touchée ! J'en ai rien à faire de ta pitié Changkyun ! J'en veux pas, et tu sais pourquoi ? Parce que j'en ai rien à faire de ce que tu pense !

Il encaissa durement les paroles de la violette, crachées avec colère et ressentiment. Ces petits mots s'immiscèrent dans le crâne du châtain avant d'envahir ses pensées, puis traversèrent son corps à la recherche de son cœur, pour le piétiner ensuite.

La jeune femme renifla et tourna les talons, partant vers la sortie du lycée, sous le regard vide de Changkyun.

Mais au dernier moment, il se ressaisit. Il ne voulait pas la perdre. Il fit un pas, puis deux, avant de se stopper et de préférer la parole aux gestes.

"Et puis merde."

- Tu me manques Eunmi !!

Forcing [Im Changkyun - Monsta X]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant