🌻Un🌻

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Des bruits provenant du salon me réveillent. Je sais ce qui se passe. Mais jusqu'à quand ça continuera? Je n'en peux plus là! J'ai la sensation qu'on va mourir si on reste toujours là. Pourquoi ne peut-elle pas prendre son courage à deux mains et faire nos bagages pour qu'on disparaisse? Elle veut se faire tuer et moi par la même occasion.




Les coups se font plus forts. Ses cris et supplications me compriment le cœur. Je suis sur le point de fondre en larmes, comme à chaque fois que ça se produit. Elle m'a demandée de ne pas sortir de ma chambre, et de vérifier si elle est fermée à clef. Le bruit des assiettes qui se brisent me fait sursauter, et je sors de mon lit en tremblant. Je m'approche lentement de la porte de ma chambre et place une main hésitante sur la poignée.



Je suis sur le point de l'ouvrir mais je me retiens. Elle m'a ordonnée de ne jamais intervenir, sauf que je n'en peux plus là. C'est trop dur de rester enfermée ici en sachant peut-être qu'elle frôle la mort à tout instant. Elle n'imagine pas à quel point c'est douloureux de l'entendre se faire battre chaque soir de la semaine. Je ne peux plus rester sans rien faire. Je vais craquer sinon...je renifle et constate que mes joues sont inondées par de larmes chaudes. Bon sang pourquoi je pleure? Je m'étais promis de ne plus jamais verser une larme à cause de ce misérable, cet être abject et de chercher un moyen pour le faire payer. Il faut qu'il comprenne qu'on ne s'attaque pas impunément à une femme, il faut qu'il sache qu'on ne bat pas une femme chaque soir juste parce qu'on a les nerfs. Je dois faire quelque chose, pour son bien, pour le mien. Je dois nous sortir de cette situation tordue. Elle est assez faible, elle ne voudrait pas lever le petit doigt pour essayer de nous sortir de ce calvaire, alors c'est à moi d'assurer notre défense. Même si je n'ai que seize ans, je suis tout de même capable de nous protéger, j'ai cette volonté qui lui manque. Et j'arriverai à nous trouver un moyen d'échappatoire sans qu'il ne parvienne à nous retrouver. J'en fais le serment.



Je renifle avant de prendre une inspiration profonde. Je me dois de le faire. J'enclenche la poignée et me retrouve en moins d'une seconde dans le salon où une pagaille sans nom s'est installée. Ce que je redoutais de voir malaxe mon estomac dans tous les sens, et la nausée me monte à la gorge. Je ne dois pas craquer, je ne dois pas craquer. Je ne dois pas craquer.



__ Lâche la tout de suite, ordonné-je d'une voix que j'espère assez froide.



J'émerge du sommeil à cause d'un bruit strident qui martyrise mes tympans. J'ai la respiration saccadée et mes yeux sont rivés en grand sur le plafond. Encore un autre cauchemar. Pas n'importe lequel. Le même. Je n'arrête pas de rêvasser de cette nuit chaque fois que j'ai les yeux fermés et cette voix au fond de moi ne cesse de crier monstre, monstre, monstre. Je clos brièvement les paupières, inspire profondément, avant de me pencher sur le côté pour éteindre ce foutu réveil qui chantonne «Il est 7 heures. L'heure de se réveiller». Je déglutis et me redresse en position tailleur dans le lit. Je me frotte énergiquement le visage, et jette un coup d'œil circulaire dans cette chambre dans laquelle je me suis installée il y'a à peine trois jours.

__ Bonjour.

La voix de Victoria résonne. Je lève la tête et la découvre sur le seuil de ma chambre, un sourire radieux illumine son visage. Malgré moi je souris à mon tour.

__ Holà, je réponds en usant le même ton qu'elle.

__ Mi azúcar bien dormi?

__ J'ai connu pire.

Elle s'esclaffe en secouant la tête de gauche à droite. Qu'y a-t-il de drôle?

Je déteste t'aimer. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant