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Je n'ai qu'une heure pour déjeuner aujourd'hui. Ce n'est pas rentable pour moi de rentrer à l'appartement. Mais j'ai de la chance, la salle de pause est vide. Je sors une friandise de mon jean, ouvre l'emballage en plastique et fixe les nervures disséminées sur la couche de chocolat qui enrobe le biscuit. Quelqu'un arrive.

_ Salut ! S'écrie une voix féminine.

C'est Églantine. Je tourne ma tête vers elle. Elle tient un paquet de sandwichs dans l'une de ses mains et dans l'autre une petite bouteille d'eau. On dirait qu'elle boîte.

_ Salut ! Dis-je en me remettant à fixer les nervures de chocolat.

_ Qu'est-ce que tu regardes ?

_ Pardon ? Dis-je interrogé.

_ Qu'est-ce qu'il y a de si intéressant sur ton chocolat ?

_ Euh... rien.

_ Tu t'occupes de quoi déjà ? De la flotte, non ?

_ Oui.

_ Ça se passe bien ? Tu t'es bien intégré ?

_ Oui, je crois.

Elle se tait un moment et défait l'ouverture de son paquet puis saisie un sandwich.

_ Ils ne sont pas très bon ces sandwichs ! Lance-t-elle en grimaçant.

Alors pourquoi est-ce que tu les achètes ?

Elle prend une bouchée puis me fixe étrangement. Je fuis mon regard du sien en regardant par la fenêtre. Plusieurs secondes passent.

_ Tu n'es pas très causant ? S'interroge Églantine.

_ Je n'ai pas grand-chose à dire.

_ Ce n'est pas grave. Tient ! Est-ce que tu es d'ici ?

_ Oui et non.

_ C'est-à-dire ?

_ J'habite ici depuis plus de dix ans mais je ne suis pas né dans le coin si c'est ce que tu veux savoir.

_ Je ne me rappelle pas t'avoir croisé une seule fois. Tu as des origines un peu asiatiques ?

_ Oui, du côté de ma mère.

_ Moi, j'ai toujours vécu ici. Je suis un pur produit du terroir ! Dit-elle amusée.

_ ...

Elle me fait des sourires et regards rieurs depuis tout à l'heure. Est-ce que je dois en penser ce que je dois en penser ?

_ Tu faisais quoi avant d'arriver ici, enfin, dans le magasin ? Me demande Églantine.

_ J'étais au chômage.

Elle feint d'être gênée.

_ Je n'ai jamais connu le chômage. J'ai fait un CAP et puis j'ai atterri là. Ça fait déjà plus de six ans !

_ ...

_ Des fois, j'aimerai être au chômage ! Mais, on doit vite s'ennuyer, non ?

_ Ça dépend.

Une autre personne arrive dans la salle. C'est l'un des bouchers. Je remarque qu'Églantine lance à ce collègue un sourire beaucoup plus hypocrite que ceux qu'elle m'a fait jusqu'à présent. Je crois qu'elle n'ose plus parler. Cette nouvelle personne à briser notre intimité. C'est le silence complet. Ça m'amuse.

Jérôme arrive comme une furie dans la salle.

_ Oh putain vous devriez venir voir ! Y'a une meuf qui s'est éclatée la gueule par terre ! Sa tête est recouverte de sang, c'est dégueu ! Elle ne bouge plus du tout !

Tout le monde est consterné sauf Jérôme qui semble prendre plaisir de la situation. Curieux, Églantine et le boucher sorte de la salle et se dirige vers le hall du magasin.

_ Reste là ! Me chuchotte Jérôme.

_ Quoi ?

_ J'ai raconté des conneries, dit-t-il en étouffant son rire d'une main.

_ Tes con...

_ Les têtes que vous avez faites ! Pouffe-t-il.

_ ...


LucasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant