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Parler avec Ophélie m'a redonné le courage de me remettre dans mes études. J'ai collecté tout un tas de références pendant la semaine. On est vendredi soir.Églantine m'a envoyé un texto dans la journée mais je ne l'ai pas consulté.  Elle est venue me voir deux fois pour me rappeler notre rendez-vous, trépignante d'impatience d'y être. Moi, je n'ai absolument pas envie de me rendre à cette soirée ! Églantine est une gentille fille, mais je sens que je vais profondément m'ennuyer. Cette simple pensée annihile chez moi toute envie de sortir. Si je n'y vais pas, elle va être très déçue. Mais au moins, je n'aurais pas cette fois-ci son visage en face de moi pour me rappeler ma culpabilité.

Mon téléphone vibre. Églantine tente de me joindre. Si je réponds, je sais pertinemment que je suis fichu. Je serai obligé d'y aller. Je mets mon portable en mode silencieux. Je suis un vrai connard.

Malgré moi, je persiste à travailler, mais le minois d'Églantine me revient sans cesse en tête. Je vérifie mon téléphone. Elle m'a laissé un message sur ma boîte vocale. Est-ce que je dois l'écouter ?

« Salut c'est Églantine ! On t'attend ! Qu'est-ce que tu fais ? Tu n'arrives pas à trouver ? J'espère que tu n'as pas eu d'ennuis ? Rappelle-moi ou viens directement. Bisous. »

Des bruits de verres, de discussions et de la musique couvrent la voix d'Églantine. Son message est à peine audible.

Je devrais au moins lui envoyer un texto pour lui dire que je ne viendrai pas. Je n'ai pas envie de me justifier...

Voilà maintenant qu'elle me texte un nouveau message :

« Hey beau gosse, qu'est-ce que tu fais ? On t'attend pour commencer la fête. Me laisse pas hein, je me suis mise sur mon 31 pour toi ! Réponds-moi ! :)»

Elle me saoule. Comment vais-je me dépêtrer de cette situation ? Oh, et puis je n'ai pas de compte à lui rendre !

Si si... à la réflexion je crois que j'en ai...

Je suis posé. Je n'ai pas l'intention de sortir ! Je ne suis pas si bête, je vais bien trouver une excuse !

« Salut Églantine. Je suis désolé, j'ai un empêchement. Un ami a besoin de mon aide de toute urgence. Je ne sais pas si je pourrais me rendre à temps à la fête. »

Voilà ! Ça me laisse un peu de temps pour trouver ce que pourrait bien être ce « besoin urgent » de mon ami imaginaire.

« J'espère que ce n'est pas trop grave ? »

Finalement, il faut que je la trouve tout de suite cette excuse !

Je lève les yeux. Hum... Je l'ai !

« Mon ami est tombé en panne sur la route. Je lui prête mainforte. Amuse-toi bien ! A plus. »

Je souffle. C'est une bonne excuse. Je me félicite.

« La fête va durer toute la nuit. Je t'attends. Bisous ;) »

Elle ne lâche pas l'affaire ! Désolé Églantine, je suis bien décidé à ne pas venir.

Je reprends mon carnet et saisi un stylo. Je commence à annoter des idées. Je ne me sens pas très bien. A cause d'elle, je ne peux plus me remettre au travail. Impossible. Bon sang, maintenant je ne sais plus si j'ai bien fermé la portière de ma voiture. Ça recommence... je crois que je l'ai bien fermé. J'ai un besoin irrépressible d'aller vérifier. Je mets ma veste et sors de chez moi pour aller vérifier.

Elle est bien fermée... Comme toujours, tout est bien fermé ! J'entre dans la voiture, m'assieds et bloque mon crâne contre l'appui-tête. Il fait nuit noire. Je m'en veux d'être comme ça. Je m'en veux d'être con. Une partie de moi a envie d'aller à cette fête, mais une autre partie, la plus puissante, celle qui tient les ficelles, ne le souhaite pas. Je ferme les yeux et les rouvre aussitôt. Je prends mon téléphone portable et commence à saisir un texto puis m'arrête après avoir tapé quelques lettres.

Non, je n'irai pas !

LucasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant