Lucas

24

Mon petit rendez-vous imprévu avec Églantine s'est bien passé. Nous sommes restés au bar jusqu'à tard. J'aime bien sa personnalité exubérante et candide. Il y a beaucoup de fraîcheur dans son tempérament. Ce qui me gêne, par contre, c'est son embonpoint. Elle est un peu boulote... Mais bien proportionnée ! Et ses cheveux courts ne me plaisent pas. Je concède toutefois qu'ils s'harmonisent agréablement à son petit visage. Très doux.

Je suis devant l'écran de mon ordinateur à le fixer dans le vide. Je passe mon temps à penser à Églantine. Je ne suis pas en condition pour reprendre la rédaction de mes modèles mathématiques. Je suis distrait par la remémoration de tous les événements passés auprès d'elle. A l'analyse, je crois que j'ai été froid et antipathique. Je ne suis pas certain que cela soit agréable de passer du temps avec un bloc de glace. Je me rappelle de son regard, parfois gêné par mon apathie. Elle s'est donnée beaucoup de mal pour me stimuler. Après coup, je pense que c'est moi qui aurais dû la remercier. En fait, ça m'a fait plaisir.

Je dessine quelque chose sur mon carnet. Un petit labyrinthe dont j'épaissis les contours. Je n'aime pas faire de gribouillis sur mes carnets alors j'efface le dessin énergiquement. Mais les traits restent visibles. Je recommence à gommer. Mais ça ne s'efface toujours pas. Tant pis.

Je m'allonge sur le canapé. Ça ne sert à rien de rester planter à table à ne rien faire. Je mets mes mains derrière la tête et m'en sert de coussin. Je regarde la salle. Je me demande si j'ai mes chances avec Églantine. A priori, ça ne fait aucun doute. Elle m'envoie trop de signaux pour que ce ne soit pas le cas. J'ai peur. Je ne sais pas si je vais encore lui plaire lorsqu'elle saura qui je suis vraiment. Nous avons échangé nos numéros de téléphone mais je n'oserai jamais l'appeler. J'espère qu'elle le fera, elle.

J'ai un peu froid. Je sors du canapé et me dirige vers la chambre. J'ouvre le tiroir d'une commode et cherche un pull. J'en extirpe un et l'enfile. Je repars en direction de mon canapé mais ne m'y arrête pas. Je décide de faire des recherches sur la maladie d'Églantine, la fibromyalgie.

Il existe différentes causes à cette pathologie. J'ouvre plusieurs onglets sur mon navigateur. Je me prends soudainement l'envie de la guérir. Je m'arrête dans mon élan. Qu'est-ce qui me prend ? Il faut que je me recentre sur mes priorités !

Je commence à écrire quelques mots puis m'arrête. Une brume s'épaissie dans mon esprit et plus aucune idée ne m'est accessible. Un film me fera passer le temps...